Marchés et cibles

Le black Friday, paradis artificiel et postmoderne

Le phénomène « Black Friday : un paradis artificiel plongeant le consommateur postmoderne dans une spirale infernale, mêlant raison et passion

Le phénomène « Black Friday : un paradis artificiel plongeant le consommateur postmoderne dans une spirale infernale, mêlant raison et passion

Qu’est-ce que le black Friday sinon un surgissement, un jaillissement imprévisible, une déflagration déstabilisante qui bouleverse notre rapport au temps ordinaire ? Si pour certains, il est le reflet d’une société malade en proie à une frénésie acheteuse, il est pour d’autres une manière de rompre avec son quotidien et avec la banalité de son existence. L’attrait pour ces fêtes venues des Etats-Unis comme Halloween, sont le reflet d’une société sans espoir dans laquelle la réalité ne suffit plus. Elles sont aussi, parfois l’illustration de la sauvagerie de certains consommateurs qui n’hésitent pas à piétiner ce qu’il leur reste d’humanité et de fraternité pour assouvir leur désir d’achat compulsif et fuir, de fait la banalité de leur existence.

Quand le capitalisme devient fou et révèle le côté obscur de l’individu

L’individu consomme sa vie dans une temporalité urgentiste où le toujours plus est l’impératif fondamental qui dérégule les comportements à tel point d’en perdre le sens même de son existence.

1111 Citations de Stratégie, Marketing, Communication, par Serge-Henri Saint-Michel

En vouloir toujours plus, une forme d’addiction décrite par Emile Durkheim : « Plus on aura et plus on voudrait avoir, les satisfactions revues ne faisant que stimuler les besoins au lieu de les apaiser. Moins on se sent limité, plus toute limitation paraît insupportable ». Une addiction dont il serait difficile de sortir puisque les marques jouent le jeu d’un « dealer » et fournissent toujours plus de substances addictives par le biais de promotions, de « ruptures de stock », de prix cassés et de ce fameux « black Friday ».

Les outsiders de la société d’hyper consommation

Parmi la population baignée dans l’hyper consommation subsistent des individus et des marques qu’on pourrait qualifier d’outsiders. Conscients de baigner dans un système capitaliste qui perd les pédales, ils dénoncent la menace que sont nos habitudes de consommation pour notre planète. Phénomène bien plus implanté en France qu’aux Etats-Unis, certaines marques n’hésitent pas à boycotter le « black Friday » en refusant, pour les marques, à l’instar de la Camif, de vendre le moindre produit ce jour-là et, pour les consommateurs dits « responsables », de participer à cette fièvre acheteuse. La révolution est en marche et nos outsiders redoublent d’ingéniosité pour contrer le phénomène « Black Friday » : Green Friday, Climate Friday, Solidarité Friday : les alternatives ne manquent pas pour essayer de transformer l’essai !

Cohabitation entre consommation de masse et consommation frugale

Si le virus « black Friday » semble s’être répandu et s’être imposé en France et notamment depuis 2017, une réticence grandit auprès de consommateurs inquiets de voir le gavage de la société en produits superflus au détriment des ressources de notre planète. Les préoccupations des uns ne font donc pas le bonheur des autres et le phénomène divise.

Mais si l’appel à la sur consommation à toute heure et en tout lieu semble fonctionner sur la population américaine, cela ne semble pas s’appliquer aux français plus soucieux de répondre à une éthique. A titre d’exemple, le mode de vie américain ne s’est pas trouvé impacté dans ses habitudes de consommation par les attentats du 11 septembre incité par le président Georges W. Bush appelant les citoyens américains à ne surtout pas s’arrêter de consommer pour palier la dureté de l’existence. En France, le schéma est tout autre au lendemain des attentats du 13 novembre mettant un frein aux habitudes de consommation de la population française endeuillée par cet évènement tragique qui ramène le consommateur français à des préoccupations essentielles, voir vitales…le superflu n’a plus sa place et les besoins primaires prennent le pas sur les besoins secondaires.

Dans une société perfusée à la consommation de masse on pourrait penser que le phénomène « black Friday » tendrait à s’agrandir mais le consommateur français, de plus en plus soucieux des enjeux écologiques et souvent concerné par la consommation éthique,  pourrait dévier de la tendance à l’hyper consommation… Les enjeux éthiques seraient-ils une forme de sevrage à l’hyper consommation ?

Auteure : Emily Negre

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Un article de notre dossier Black Friday, un événement ?

Sources

  • http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-d-europe-soir/pourquoi-le-black-friday-sappelle-t-il-ainsi-3502292
  • https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-de-la-philo/le-black-friday-cote-obscur-de-lhomme
  • https://www.terraeco.net/Black-Friday-en-France-une,57538.html
  • https://www.linkedin.com/in/emily-negre-b97ba7115/

(c) Ill. Bluespix

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