Marchés et cibles

Le don : démarche spontanée ou réfléchie ?

« On se donne en donnant » affirmait Marcel Mauss. Le don peut être monétaire, physique, humain, matériel. Il prend pléthore de formes telles que le don du corps, le partage de la connaissance, le don de biens et d’argent.

« On se donne en donnant » affirmait Marcel Mauss. Le don peut être monétaire, physique, humain, matériel. Il prend pléthore de formes telles que le don du corps, le partage de la connaissance, le don de biens et d’argent.

« On se donne en donnant » affirmait Marcel Mauss. Le don peut être monétaire, physique, humain, matériel. Il prend pléthore de formes telles que le don du corps, le partage de la connaissance, le don de biens et d’argent.

Marcel Mauss, dans Essai sur le don, décrit des tribus anciennes au sein desquelles le fait de faire un don était associé à une obligation, tel un traité de paix régissant la société. La base du don étant de faire preuve de générosité de manière totalement naturelle, sans attendre un retour quelconque et sans avoir calculé son acte auparavant.

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Cependant, de nos jours, l’importance de l’image est omniprésente ; il est donc possible que celle que l’on donne de sa personne soit parfois manipulée et tombe même dans l’hypocrisie. Ce phénomène pousse l’humain à donner non pas par désir mais plutôt sous l’effet de la pression sociale.

Cette dimension détache l’acte de don de toute humanité, générosité et spontanéité, éléments qui sont, de base, LES raisons pour lesquelles un donateur agit.

Le don est alors associé à un acte calculé lié à l’image, la réputation et l’intérêt. Il est dénaturé et perd son authenticité.

Le don-gentillesse, aujourd’hui à la limite du ridicule

Selon Adam Philips (psychanalyste britannique) et Barbara Taylor (journaliste) ; « la gentillesse est aujourd’hui notre plaisir interdit ». C’est ainsi qu’à l’heure actuelle, être gentil et généreux devient anormal.

S’il y a bien longtemps la gentillesse était perçue comme naturelle, elle est aujourd’hui vue comme douteuse plutôt qu’une vertu à part entière. Chaque individu est convaincu que les motivations des autres sont égoïstes, que l’affection portée ne serait qu’une protection contre le monde. Comme si chaque humain était dépourvu de générosité naturelle et dénué de sentiments. Cette pensée nous ramenant ainsi à l’égal de l’animal uniquement prêt à se défendre.

Il en est donc de même concernant le don. Donner devient un acte totalement anormal à la limite de la moquerie ou de la suspicion d’autrui. Le geste perd alors toute sa légitimité aux yeux des autres alors qu’il peut entièrement être réalisé en toute honnêteté et générosité.

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Plus je donne, plus j’ai de valeurs ?

Mauss, dans son ouvrage déjà cité, nous donne l’exemple de la tribu Samoa, chez les Maori, en Nouvelle-Zélande, au sein de laquelle plus on donne, plus on a de pouvoir aux yeux de la société.

Il existerait alors, parmi les donateurs, une certaine rivalité du don. Ils luttent pour être le plus follement généreux, comme si plus on donnait, plus on avait de valeur. Ceci prend donc une allure de compétition.

Ce qui nous conduit à un paradoxe : le don se fait dans une logique pacifiste, dévouée, mais il devient finalement une « bataille » à qui sera le plus généreux, à qui rendra le plus.

Le « contre-don », ou l’obligation de rendre ce que l’on reçoit

« Dans les choses échangées […] il y a une vertu qui force les dons à circuler, à être donnés, à être rendus », écrivait Mauss. Il l’explique lorsqu’il définit 3 « étapes » moralement obligatoires : donner, rendre et recevoir. C’est l’échange archaïque. Au sein de la tribu Samoa, les habitants avaient pour obligation de recevoir et de rendre.

Celui qui reçoit le don se sent obligé de rendre la pareille à celui qui lui a donné : c’est ce que Mauss nomme le « contre-don ». Ce principe est considéré comme un échange tout à fait logique de services rendus car, en effet, tout s’échange.

Lorsque l’on reçoit un don, qu’il soit matériel ou humain, on se sent forcément redevable. Ceci dans le but d’affirmer notre « supériorité », pour, quelque part, ne pas se sentir dévalorisé. De même que ce geste s’inscrit, à nouveau, dans la logique de l’échange. J’accepte de recevoir donc je donne à mon tour. L’échange peut donc être vu comme un cycle tout à fait logique.

La loi du « give to get » (donner pour recevoir) explique qu’il faut réussir à trouver un équilibre entre le fait de savoir donner mais également recevoir. Ces deux actes étant complémentaires.

Le don est-il réellement libérateur ?

« En toute chose, l’on ne reçoit qu’en raison de ce que l’on donne » précisait Honoré de Balzac dans Physiologie du mariage. Ceci signifierait que si l’on donne, on recevra. C’est ainsi que le fait de recevoir nous renvoie vers l’obligation de donner. Et vice versa. La réalité étant tout de même qu’il arrive de donner sans ne jamais recevoir tout comme il arrive de recevoir sans ne jamais donner.

Une sorte « d’obligation morale » nous pousse également à savoir faire preuve de gratitude face à ce que la vie et autrui pourraient nous avoir offert. Nous retrouvons également cette dimension au sein des religions. Savoir remercier Dieu pour ce que l’on a, sans se plaindre.

S’il y a don, il y a réception. Recevoir un don est finalement difficile à accepter alors que c’est également le moyen de permettre à autrui de donner en toute liberté.

Le don devrait être libérateur. Donner et recevoir devraient être des choix, des volontés et non des obligations. Cependant, puisque l’humain en vient à être moralement forcé à donner puis à rendre, le geste perd toute sa nature.

Auteure : Déborah Convindassamy

***

Un article de notre dossier Consommation, aliénation, libération

Sources de cet article :

  • Essai sur le don, Marcel Mauss
  • Dictionnaire Le Larousse
  • http://www.lexpress.fr/actualite/politique/80-ans-de-jacques-chirac-laurence-cette-inconnue_1193437.html
  • http://www.revuedumauss.com.fr/Pages/MMAUSS.html
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