Médias et publicité

Course au sensationnel : l ère de la désinformation ?

Par la simple recherche de l’image choc, les médias virent dans l’émotionnel et la mise en scène, quitte à parfois laisser de côté l’information...

Par la simple recherche de l’image choc, les médias virent dans l’émotionnel et la mise en scène, quitte à parfois laisser de côté l’information…

La recherche de sensationnel est omniprésente. Par la simple recherche de l’image choc, les médias virent dans l’émotionnel et la mise en scène, quitte à parfois laisser de côté l’information.

Dès le XVIe ème siècle sont apparus les premiers gros titres à sensation. Les gazettes mondaines regorgeaient déjà de faits divers croustillants qui informaient sur ce qui se passait dans la noblesse parisienne. Bien souvent inventées de toutes pièces, ces histoires avaient pour but ultime d’attirer les lecteurs. Le sensationnel, le sexe, le scandale, sont des sujets qui plaisent depuis la nuit des temps. Une fois la télévision apparue après guerre, cette recherche de sensationnel s’est développée au fil des années. En 1969, la télévision vit son premier grand tournant. Dans le monde entier, plus de 600 millions de téléspectateurs se rassemblent pour regarder, les yeux rivés sur leurs petits écrans, le premier homme posant son pied sur la lune ! Deuxième grand tournant dans l’avènement du sensationnel à l’écran : l’apparition des premiers talk shows dans les années 90, comme « Ca se discute » ou encore « L’amour en danger ». Ce sont les prémisses de la téléréalité qui starifie des anonymes et joue sur le sensationnel par le biais de thématiques trashs. Ces émissions ont longtemps été décriées de par leurs sujets « racoleurs et gluants » (Libération, 2000).

Entertainment et les chaînes d’informations gratuites en continu

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Avec cette rapide évolution, deux vecteurs de sensationnel sont apparus à la télévision : l’Entertainment et les chaînes d’informations gratuites en continu.

En effet, l’Entertainment s’illustre par les émissions de télévision mettant en scène des personnes lambda dans des situations qui attisent la curiosité du téléspectateur. En 2001, « Loft Story » faisait son apparition sur M6. Dès son premier numéro, l’émission a attiré plus de 5 millions de téléspectateurs, soit près de 26,1% de parts d’audience. Depuis ce jour, c’est l’escalade du « toujours plus ». Toujours plus d’images et de confidences dévoilant la vie intime de tout un chacun. Aujourd’hui, plus aucune retenue n’est observée. Sur fond de concurrence, c’est à qui ira le plus loin, à qui sera le premier. Les chaînes se défendent en se donnant comme alibi qu’elles ne répondent qu’à la forte demande de la population. Les chaînes d’information sont quant à elles obligées de se renouveler, notamment en raison de la concurrence d’internet, qui permet une immédiateté de l’information que la télévision ne permettait pas jusqu’alors. Internet a tué la « grand-messe » du JT de 20h. Le contenu de l’information s’est effacé pour laisser place à la forme qu’on lui donne. Les chaînes d’informations gratuites en continu sont alors apparues.

Alimenter l’attention de médiaconsommateurs volatiles

Cependant, cette nouvelle tendance a un effet pervers et néfaste sur la population. En effet, il faut alimenter l’antenne de ces chaînes d’informations qui tournent en boucle. Pour capter l’attention des téléspectateurs, très volatiles, les médias font appel au sensationnel, et aux images chocs. Les tragiques attentats de Charlie Hebdo et ceux de novembre 2015 à Paris en sont la preuve. Les chaînes d’informations constituent une addiction pour le téléspectateur lors d’événements tragiques.

L’avènement des chaînes d’informations en continu est à cette image. Les informations sont délivrées à la suite, sans approfondissement, ni véritables explications, et pourtant elles comptabilisent des audiences records. La télévision doit s’adapter pour faire face à internet, nouveau média de l’information. Cependant, jusqu’où peut-on aller dans cette recherche constante du sensationnel ? Comment réguler ces émissions, alors que l’audience ne faiblit pas et puisque c’est ce que recherche le grand public ?

Le choix pour la télé d’aller dans le même sens qu’internet est-il pertinent ? Ces questions ne datent pas d’aujourd’hui, même si les médias ont largement évolué. Emile Zola se les posait déjà en 1888 : « Mon inquiétude unique devant le journalisme actuel, c’est l’état de surexcitation nerveuse dans lequel il tient la Nation. Aujourd’hui, remarquez quelle importance démesurée prend le moindre fait. Quand une affaire est finie, une autre commence. Les journaux ne cessent de vivre dans cette existence casse-cou. Si les sujets d’émotion manquent, ils en inventent… »

Auteure : Paloma Théfo

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(c) ill. Shutterstock

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