E-marketing

Digital detox : obligation de l emarketeur ?

Savoir fixer ses limites d'hyperconnexion et résister au stress des mails. Pendant les vacances... et à la rentrée !

Savoir fixer ses limites d’hyperconnexion et résister au stress des mails. Pendant les vacances… et à la rentrée !

Les métiers du marketing, de la communication, de l’innovation sont les premiers impactés par l’hyperconnexion. Le besoin d’être au courant des dernières campagnes, des dernières tendances, des dernières opérations, nous amène souvent malgré nous à être connectés sans cesse et sollicité par emails, notifications, SMS, et autres systèmes d’alertes parasitant notre journée du réveil au coucher. Cette sollicitation active et ce besoin, souvent viscéral, d’être au courant des tendances et des nouveautés du marché en plus de son travail quotidien, incite 78% des travailleurs français à consulter leurs emails professionnels en dehors des heures de travail. Elle pousse 64% d’entre eux à le faire en vacances, 62% devant la TV et 42% au lit (étude Adobe 2016). Rassurez-vous nous n’irons pas jusqu’aux WC !

L’email, palme d’or du générateur de stress

Nous sommes dans une course effrénée à la circulation de l’information et cela amène 82% des cadres français à percevoir l’hyperconnexion comme anxiogène et source de stress pour 48% d’entre eux, selon une étude IFOP pour Securex 2016. C’est à l’email que revient la palme d’or du générateur de stress et de perturbation numéro 1 au bureau selon le Professeur Gloria Mark, dont les recherches en psychologie s’intéressent principalement aux interactions entre les humains et les ordinateurs. Elle nous précise qu’un cadre est dérangé en moyenne toutes les 7 minutes par le numérique quel qu’il soit et, sachant qu’il nous faut en moyenne 25 minutes pour nous reconcentrer pleinement, notre capacité de travail à 100% est tout simplement réduite à zéro.

1111 Citations de Stratégie, Marketing, Communication, par Serge-Henri Saint-Michel

Les chiffres clés sur le sujet sont si nombreux que nous pourrions en éditer un livre entier. Il n’en demeure pas moins que, c’est un fait, la pénétration des outils numériques dans notre quotidien, soutenu par le célèbre « bring your home device » (BYOD) nous amène à devoir repenser la façon dont notre écosystème professionnel impacte notre sphère privée. Comme tout professionnel responsable et investi, la déconnexion est souvent perçue comme impossible, voir anxiogène, en totale contradiction avec les chiffres clés présentés ci-dessus. Nous restons donc connectés, répondons rapidement aux diverses sollicitations, classons encore et encore les dizaines d’emails qui arrivent dans notre boite de réception souvent saturée, archivons dans notre pocket® (célèbre application de curation) des dizaines d’articles que nous lirons plus tard. Nous ne savons pas quand, mais plus tard ! Sans méthodologie de travail, d’organisation personnelle, d’outils efficaces, nous subissons ces sollicitations et devenons une cocotte minute d’où la vapeur d’eau va s’échapper, si bien qu’une « digital détox » devient l’incontournable de la période estivale. Est-ce une obligation ? Pas nécessairement !

Matthieu Deboeuf-Rouchon – Directeur Pédagogique du Département Ebusiness et Communication Digitale de l’Institut de l’Internet et du Multimédia – IIM Paris La Défense.

Matthieu Deboeuf-Rouchon – Directeur Pédagogique du Département Ebusiness et Communication Digitale de l’Institut de l’Internet et du Multimédia – IIM Paris La Défense.

Durant la préparation de cette tribune, un ami m’a rapporté ces propos. « Je suis parti 18 jours en congés. À mon retour 3801 emails : des emails directs, des copies conformes dont je ne sais pourquoi elles m’étaient adressées, des newsletters internes et externes, des présentations de livres blancs, des spams, des invitations à déjeuner… peu de personnes ont dû lire mon out of the office ! A 09h10 j’ai commencé à consulter ma boite. À 09h30 j’en étais à mon 10ème email en traitement soit 125h environ de traitement à venir, pas loin de 3,5 semaines de travail à 35h. J’ai fait ctrl+A et Suppr. Prétextant une erreur, j’ai envoyé un email à l’ensemble de mes collaborateurs leur demandant de revenir vers moi si besoin. J’ai eu 6 demandes. »

Fixer ses limites d’hyperconnexion

La nécessité d’une digital détox est donc une affaire personnelle qui va de pair avec votre perception et utilisation de la technologie au quotidien et la capacité d’une entreprise à considérer le digital comme un fluide et non comme un outil. En résumé, c’est à vous de fixer vos limites quant à l’hyperconnexion. Le digital est à la fois perçu comme un progrès pour 59% des actifs, mais aussi comme une opportunité d’évolution professionnelle pour 38%. Il n’en demeure pas moins que l’hyperconnexion à laquelle nous faisons face aujourd’hui nous faire perdre en productivité et gagner en stress comme le pensent 59% des français interrogés dans le cadre de l’étude Donétic pour le CNRS, il y a à peine 2 ans.

Les séjours « Digital Detox » qui fleurissent ici et là sous forme de week-end déconnecté avec massages, sauna, jacuzzi et la promesse d’une nuit sans onde, ne sont que des opportunités business face à l’incapacité de nombre d’entre nous à nous déconnecter de façon volontaire. Pour éviter la nécessité d’une déconnexion detox, apprenez à vous déconnecter régulièrement. N’attendez pas des autres qu’ils ne vous sollicitent pas, vous le ne feriez pas vous même !

Sachez donc vous mettre en mode avion quelques heures le temps de travailler ; sachez vous déconnecter de temps à autre et ne pas répondre aux sollicitations. C’est en apprenant à travailler différemment que le digital ne sera pas « toxique » à notre quotidien professionnel et que les cures de détox au digital ne seront pas une nécessité.

Adoptez un livre

Bonne rentrée !

PS : Après cette déconnexion le temps de l’écriture de cette tribune, j’ai donc maintenant 38 mails à lire / répondre, 17 notifications Facebook, 4 messages dans mon inbox, 8 notifications Linkedin, 57 Tweets non lus, 8 Snapp à voir. Et dire que ce n’est que la rentrée !

Auteur : Matthieu Deboeuf-Rouchon, Directeur Pédagogique du Département Ebusiness et Communication Digitale de l’Institut de l’Internet et du Multimédia – IIM Paris La Défense.

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Un article de notre dossier : L’été du marketeur

(c) ill. DepositPhotos

4 commentaires

4 Comments

  1. Tiana

    29 août 2017 à 12:39

    Je trouve qu’il n’y a pas assez d’articles comme le vôtre qui mettent en garde contre les conséquences de l’hyperconnexion. Il faut arriver à dire stop aux constantes et multiples sollicitations…. pour être plus concentré et moins stressé au quotidien. Même si ce n’est pas chose facile dans ce monde digitalisé !

    • Matthieu

      30 août 2017 à 10:49

      Bonjour Tiana,
      Merci pour votre commentaire !
      Matthieu

  2. Appelez-moi Fred

    11 septembre 2017 à 11:10

    Bonjour Matthieu,
    Merci pour cet article. Tellement vrai, tellement compliqué de s’extirper du flot. Quoique ? Je vous invite à lire dans le prolongement mon dernier article sur le sujet : https://medium.com/@appelezmoifred/petit-moment-%C3%A0-moi-5c3c8ade0cac

    • Matthieu

      23 septembre 2017 à 11:48

      Merci pour le lien Fred je vais le lire avec attention !
      Matthieu

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