Dans Coopétition, « les réflexions portent autant sur la définition du cadre théorique de la coopétition que sur son instrumentation managériale » (14).
Que retenir de la lecture de Coopétition ?
« La coopétition représente un nouveau cadre d’analyse de la concurrence (…).
La coopétition est un comportement qui conduit à l’hypercoopétition (…).
D’un point de vue managérial, les firmes peuvent réduire les tensions liées à la coopétition en mettant en place des pratiques organisationnelles adaptées à leur contexte » (226).
Il coule alors de source que « la coopétition offre des perspectives de recherche multiples et prometteuses dans des domaines variés : marketing, vente, gestion de la supply chain, etc. » (227).
Les ERP, au coeur de Coopétition
Les PME trouveront quelques développements spécifiques (96 sq. et 216 sq.) avec, entre autres, de belles lignes sur les pôles de compétitivité.
Malgré tout, Coopétition donne l’impression d’être le résumé de la thèse de l’auteure. Très centré sur les ERP sans que cela soit précisé en 4 de couverture, il ne permet pas pour autant au lecteur d’extrapoler aisément à d’autres secteurs et marchés les théories présentées, malgré de bons exemples sectoriels (TIC 126 sq., banque, pharmacie…) qui touchent du doigt la mise en place opérationnelle de la coopétition.
Un ouvrage universitaire
L’ouvrage, très universitaire donc, en comporte les bons côtés : sources et bibliographie (notons cependant l’absence de webographie), définitions (concurralliance, complémenteur…), structure du développement, annonce et enchaînement des parties…
Il pêche cependant par des démonstrations pesantes voire trop théoriques (62) ainsi que par quelques imprécisions ou absences de clarté : 33, 46, 47, 60.
Enfin, malgré son ambition, de se focaliser sur « les implications de ces stratégies sur les firmes, notamment en termes de performances » (225), le livre conclut sur l’ouverture suivante : « comment mesurer la performance de la coopétition » (227), tandis que p. 113 un paragraphe est titré : « la performance de la coopétition reste très difficile à évaluer » (213). Alors, concrètement, l’impact de la coopétition sur la performance des entreprises a-t-il été traité ou le sera-t-il par d’autres chercheurs ?
Le temps des regrets
Marketing Professionnel attire l’attention de l’auteure sur la disparition du laboratoire Ciba Geigy (112) qui, après avoir fusionné avec Sandoz, se nomme Novartis depuis quelques années maintenant !
Nous regrettons de plus…
- L’avalanche de matrices (conséquence du passage d’Estelle Pellegrin-Boucher chez PWC ?)
- Le manque de contre argumentation (via une approche opérationnelle ?) des apports des théoriciens (71 sq. entre autres) malgré la recension des limites de la coopétition.. malheureusement non appuyées par des exemples (72)
- La coopétition concerne la chaîne de valeur, comme le rappelle souvent l’auteure… mais n’est pas illustrée d’exemples de coopétition pour chaque maillon.
Marketing Professionnel aurait aimé…
- Plus d’exemples d’application du rôle des alliances (60) : réaliser des économies d’échelle, limiter les risques d’investissement, créer une masse critique…
- Un approfondissement de la coopétition intra organisations (52), de la coopétition dans le secteur bancaire (115 sq.), et du lien coopétition / lobbying (126)
- Une définition précisée du directeur des partenariats, fortement polysémique et non réduite au champ exploré dans cet ouvrage (101 sq.).
Le coin du mesquin
Le principal reproche assigné à Coopétition concerne ses incessantes répétitions de concepts et de thématiques. Nous en avons compté quatorze, de la p. 43 à la p. 169 !
Enfin, une chasse aux coquilles plus fine (53, 88, 123), surtout en cette période estivale, reste à envisager.
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