La 4 de couv’ De l’idée à la création d’entreprise promet « une méthodologie simple, efficace s’adressant à tout porteur de projet ». Je ne l’ai pas trouvée.
Dès l’introduction, Jacques Delavault nous enjoint à nous lancer et nous distille des impératifs parfois futiles (« matérialisez toutes vos réponses par écrit », 10) guidés par des « croyez-en mon expérience » (11) pas si rassurants que cela nous invitant à suivre l’auteur dont l’humour n’est plus à démontrer : « êtes-vous prêts à grimper sur le premier barreau ? Ne vous inquiétez pas, je tiens l’échelle » (26), pour pénétrer dans le saint des saints de la création d’entreprise : « soyez les bienvenus dans le monde des bâtisseurs » (13) qui va ensuite s’appuyer sur des méthodes vendues en mode vintage, comme RIACAV (à ne pas découvrir p. 20 sq. et 56), des remarques dignes de cours basiques des années 80 : « on n’a jamais une deuxième occasion de faire une première bonne impression » (70) et des typologies laissant pantois tout chef d’entreprise (122).
La nausée monte…
L’auteur semble confondre business model et création de valeur (15 sq.), invite à réaliser ses études de marché sur Internet grâce à http://www.etudesonligne.fr/ qui n’existe pas (40), assigne une signification erronée au P de l’INPI (72), suggère d’investir en visibilité dans les annuaires web (76) mais oublie les réseaux sociaux et le brand content, présente un plan de trésorerie à zéro (94 sq.) alors que nous aurions aimé un modèle-type, par exemple pour un restaurant évoqué quelques pages plus haut, qualifie la recherche de financement de « grenier aux affaires » dans lequel « la lumière s’allumera toute seule sur l’ensemble des aides dont vous allez pouvoir bénéficier » (112) tandis qu’elles ne sont pas détaillées au chapitre 10 (le capital investissement est expédié en 7 lignes), introduit chaque chapitre par des citations non sourcées (l’écrivain québécois Gilbert Choquette en fait en autres les frais… et est cité en intro des chapitres 2 et 4 – pataquès !). Le top du top est atteint quand l’auteur se cite lui-même (69) !
Le mal s’installe…
« Ne trichez pas, je compte sur vous » conclut J. Delavault au chapitre 5, consacré à la stratégie marketing.
Promis, je ne triche pas, j’affirme que cet ouvrage est sans valeur ajoutée pour les 20 euros qu’il coûte, peut-être parce que l’auteur n’a pas résolu la question qu’il nous pose : « comment trouver sa place dans une telle jungle ? » ; « la solution = le plus ajouté » (28 et 29).
Acheter malgré tout De l’idée à la création d’entreprise, de Jacques Delavault, chez Bréal
Jacques Delavault
20 mars 2013 à 18:06
Cher Monsieur,
Peut-être n’avez-vous pas compris que ce livre s’adresse en priorité à des créateurs de toutes petites entreprises, qui souhaitent démarrer seuls, (92% des créations actuelles), et qui n’ont pas forcément votre culture, qui apparemment, au vu de votre analyse, s’arrête au marketing…
Vous êtes libre de ne pas avoir aimer le contenu de ce livre, mais je trouve étonnant qu’une personne comme vous, qui se dit expert en marketing, critique de cette manière, un livre édité par la même société d’édition que vous. C’est quelque part desservir son image, et donc faire le contraire que devrait faire un professionnel du marketing. Cela ne donne pas envie de vous consulter.
A moins que le vôtre ne se vende moins bien… Ce qui m’importe, c’est que mon livre satisfasse ma cible, pour preuve, vous êtes le seul à l’avoir critiqué.
Si je puis me permettre ce conseil, évitez de vous prendre pour un critique littéraire, et surtout, de desservir votre propre société d’édition. Lorsque vous n’aimez pas un livre, faites comme tout homme qui se respecte, restez humble, et dites vous que votre opinion personnelle peut ne pas être partagée, surtout, qui plus est, quand preuve est faite qu’elle n’empêche pas son succès…
Jacques Delavault
Serge-Henri Saint-Michel
21 mars 2013 à 18:52
Bonjour,
Nous n’appartenons à aucune école, essayons d’être le moins soumis aux pressions (même de mon propre éditeur, comme vous le rappelez, c’est dire) et espérons garder notre libre-arbitre.
Nous savons de plus que nos lecteurs ont l’intelligence de procéder à une lecture distanciée de nos critiques et conseils car nous avons à cœur d’animer une communauté, pas d’en affirmer les dogmes ou de publier des oukases.
A titre personnel, suite à votre pique « ad hominem », je pourrais éventuellement me prendre pour un critique littéraire si le livre que j’avais lu avait été de la littérature 😉