Activer l’économie circulaire vient de paraître chez Eyrolles. Ses auteurs, Nicolas Buttin et Brieuc Saffré, nous ont fait part, en exclusivité, des bonnes feuilles de l’ouvrage à travers lequel ils ont « voulu illustrer que l’économie circulaire était bien plus qu’un signal faible entendu ici ou là… De nombreuses initiatives ont été mise en place et ont ouvert de nouvelles opportunités économiques bien évidemment mais aussi sociales et environnementales. Dès que l’on considère les déchets comme des ressources, comme le fait la nature depuis des milliards d’années, on transforme les impacts négatifs en impacts positifs, voilà pourquoi il est temps d’activer ce nouveau paradigme et faire en sorte que ces quelques exemples soient de plus en plus nombreux. »
Hermès, 2PR, Umicore, Polypop et Novamont, voici cinq cas d’économie circulaire dans laquelle la gestion des déchets a été traitée en toute opportunité sociale et sociétale.
Novamont
En Sardaigne, l’une des entreprises les plus prometteuses dans la fabrication de bio plastiques s’est associée au géant de l’énergie italien ENI pour mettre en place le plus grand pôle intégré de chimie verte au monde. C’est plus précisément à Porto Torres que les deux sociétés ont créé Matrica, destinée à devenir la première bio raffinerie de troisième génération intégrée dans le territoire. Elle sera principalement dédiée à la fabrication de produits chimiques en employant des technologies Novamont et des matières premières renouvelables destinées à produire des monomères, lubrifiants, intermédiaires et additifs bios pour les élastomères et les bio plastiques. C’est en utilisant notamment l’huile de tournesol et plus récemment l’huile des graines de chardon que la bio raffinerie a déjà commencé à voir le jour. Elle fabrique du plastique biodégradable pour les couverts, sacs plastique et gobelets grâce à l’huile de chardon ; le reste de la plante (tiges et feuilles) est utilisé pour alimenter une chaufferie qui procure l’énergie de tout le complexe. Mais l’huile de chardon permet aussi de produire des protéines pour l’élevage des brebis très nombreuses en Sardaigne. Le but de l’entreprise est de trouver le bon équilibre entre culture du chardon et agriculture pour que la méthode de fabrication de son bio plastique ne se substitue pas aux cultures alimentaires de l’île.
Polypop
Cette start-up française utilise les champignons pour dépolluer les sols, en particulier ceux souillés aux hydrocarbures. En utilisant le mycélium, ces racines ultra-fines du champignon (certaines n’étant pas plus épaisses que deux cellules), l’entreprise arrive à pomper les polluants de manière très efficace. Les champignons chargés en polluants peuvent ensuite être traités séparément. L’extrême ramification du mycélium qui peut se faufiler partout permet une performance sans égale et peu coûteuse. Certains champignons peuvent même être utilisés pour se fixer sur des roches et les forer pour récolter des minéraux comme le magnésium. C’est ce qui se passe dans les écosystèmes : les champignons fournissent aux végétaux les minéraux qu’ils ont puisés dans le sol et les roches, les autres règnes du Vivant (insectes et animaux) peuvent ensuite bénéficier de ces minéraux en se nourrissant des végétaux. Polypop utilise cette « technologie » extrêmement efficace du champignon pour dépolluer mais les applications sont nombreuses, notamment dans l’industrie minière.
Umicore
Il y a un demi-siècle, en 1961, l’urbaniste Jane Cobb disait déjà : « les villes sont les mines du futur ». C’est le défi qu’a choisi de relever cette entreprise belge bicentenaire, Umicore, spécialisée autrefois dans les mines du nord de la France. C’était une société très polluante et peu regardante sur ses importations en provenance de pays aux conditions de travail douteuses. Depuis, elle a opéré un virage à 360° vers des technologies propres (panneaux solaires et batteries au lithium) et extrait maintenant de l’or, de l’argent et du platine à partir de déchets électroniques (téléphones portables et ordinateurs principalement) à Hoboken, en Belgique. Elle a réduit ses impacts sur l’air et l’eau de respectivement 37 % et 44 %. Elle s’est positionnée dans une vision à long terme, dont la réalisation n’est pas toujours facile mais qui, dans une perspective de raréfaction des métaux précieux, sera probablement très profitable. Les clients d’Umicore eux-mêmes cherchent de plus en plus des solutions durables et à boucler la boucle en termes de recyclage et d’approvisionnement de matières premières.
2PR
Basé du côté de Saint-Martin-de-Crau, près d’Avignon, un entrepreneur a mis en place une solution de valorisation des palettes assez unique en son genre. En repartant des coûts de traitement des palettes d’importants centres logistiques, il propose, à un coût bien moindre, un service de récupération quotidien des palettes.
Autrement dit, son entreprise est payée pour récupérer plusieurs dizaines de tonnes de bois chaque jour. Ensuite, au lieu de broyer ou de brûler ses palettes, elle répare ou démantèle l’ensemble des palettes aux tailles et aux composants variables.
Au final, elle propose des palettes reconditionnées sur mesure, aux performances comparables aux neuves et à un prix inférieur. En effet, dans une palette, 70 % de la valeur correspond aux matières premières qui la composent. Les impacts positifs ne s’arrêtent pas uniquement à l’aspect
économiques puisque cela correspond à une meilleure utilisation de la ressource par rapport à ce qui est fait habituellement par les entreprises de traitement des déchets qui privilégient principalement la valorisation énergétique, soit le 4ème et avant-dernier stade de la hiérarchisation du traitement des déchets, donc les ressources naturelles sont bien mieux optimisées d’un point de vue global. Enfin, l’entreprise a créé en moins de deux ans une dizaine d’emplois. Les opportunités sont également nombreuses puisque l’entreprise imagine déjà de nouveaux débouchés pour ce bois récupéré et retraité.
Hermès
En 2006, le grand maroquinier français a créé un atelier dédié à la récupération et à la valorisation de ses matières : cuir, perles, boutons, etc. Ce qui avait débuté comme un espace d’archivage et de stockage s’est progressivement transformé en laboratoire dénommé « petit h ». En fabriquant des objets à base de chutes, la marque a transformé en une véritable fierté ce qui constituait le crève-cœur des salariés amenés à jeter ou délaisser ces matières nobles. Ces expérimentations, qui sont souvent très proches du processus de création, ont conduit la marque à proposer des produits utiles et originaux vendus dans ses boutiques. Les déclinaisons de ces expérimentations vont plus loin en s’illustrant autour d’aménagments des boutique de la marque. Des objets insolites fonctionnels sont fabriqués en mini-séries ou pièces d’exceptions avec les matériaux récupérés de l’enseigne. Des objets fonctionnels comme des luminaires sont ainsi vendues par Hermès lors de ventes éphémères exceptionnelles ce qui permet de soutenir l’image de marque tout en proposant une gamme de produits plus larges essentiellement aux fans de la marque.
Acheter Activer l’économie circulaire : Comment réconcilier l’économie et la nature de Nicolas Buttin et Brieuc Saffré, publié chez Eyrolles