Bibliographie

L’effet sablier, de Jean-Marc Vittori, chez Grasset

Critique bibliographique de « L’effet sablier », de Jean-Marc Vittori, chez Grasset.
L’auteur postule la disparition de la classe moyenne.
Marketeurs, vous reprendrez bien une petite peur ?

L effet sablier, de Jean-Marc Vittori, chez Grasset

L'effet sablier, de Jean-Marc Vittori, chez Grasset

Selon l’auteur du Dictionnaire d’économie à l’usage des non-économistes, « ce qui fait vraiment les classes moyennes, c’est non seulement leur position entre des couches ‘populaires’ et l’élite, mais aussi (…) un imaginaire commun de progrès et d’émancipation, le sentiment d’appartenance à une même société » dans laquelle chacun peut progresser (13).

1111 Citations de Stratégie, Marketing, Communication, par Serge-Henri Saint-Michel

Ne vous attendez pas à une définition plus précise de la classe moyenne, il n’y en aura pas.

Pyramide et sablier

Jean-Marc Vittori se place en visionnaire : « les classes moyennes vont disparaître, en tant que groupe social dominant », ses membres étant « condamnés au déclassement ».

« Si le pincement pousse les uns vers le bas, il pousse aussi les autres vers le haut », changeant la pyramide des revenus en un sablier. « Les parcours deviennent de plus en plus individuels, différenciés, éclatés » (19). Et la crise accélère les mutations, tandis que « l’économie n’agit plus comme un mixer qui mélange mais comme un filtre qui sépare » (48), même si l’histoire a toujours enchaîné des périodes de compression de la classe moyenne, puis des temps de ré-enrichissement (78, 109).

Histoire, justement. « L’idée de la disparition des classes moyennes remonte à … 1837 » (11) avec Edouard Alletz, puis Marx, Jaurès (« abaissement continu du prolétariat, écrasement continu de la classe moyenne par ma classe capitaliste », 14), Trotski (expliquant « le déclin des classes moyennes » par le concept marxiste de « la prépondérance croissante de la machine sur la force de travail », 15)…

Les causes du déclin de la classe moyenne : « l’informatique m’a tuer »

Aujourd’hui, avec la « société post-industrielle (…), le capitalisme informationnel (…), l’économie de la connaissance », nous produisons autrement (16). « La révolution de l’information débouche sur une organisation radicalement différente à la fois du travail et de la société. Au cœur, il n’y a plus l’usine mais le projet » (16), menant au « passage d’une logique de hiérarchie à une logique de réseau » (17). « C’est ici que meurent les classes moyennes« .

L’autoroute de la classe moyenne à contresens (ça aussi, c’est moyen !)

Accrocheur ce sujet des classes moyennes ! Mais qu’est-ce que la classe moyenne ? Et le milieu de gamme (61) ? Pourquoi chercher à lier gamme moyenne et classe moyenne ? N’est-ce pas oublier, justement, qu’en matière de consommation, les classes sociales « regardent » vers celle de la classe du dessus ?

Adoptez un livre

Au manque de définitions succède la faiblesse des démonstrations (je n’ai pas dit des constats, pertinents, tout comme les exemples) et le rase-mottes du raisonnement. Et si  les revenus n’étaient pas l’élément le plus pertinent pour expliquer la situation des classes moyennes ? Ce travers s’observe dès la page 14 : « la plupart d’entre eux ont fini par accéder à toute une série de produits et de services réservés du temps de leurs parents aux nantis, comme la voiture ou les vacances » (14). Quid de l’éducation ? Et de la culture ? L’analyse se concentre trop sur les revenus et la consommation.

Mais le pire réside dans…

  • Des développements abrupts, sans nuances. Ainsi, la polarisation des achats : « Mc Do ou restaurant de luxe, mais plus l’auberge à la bonne franquette » (70). Mais aussi « par ses choix, le consommateur tue les produits moyens » (71).
  • Des imprécisions, comme « le bas de gamme n’est plus ce qu’il était » (53)… mais est-il alors remonté en gamme ?
  • Des contresens : l’auteur confond petite taille et petit prix. Ainsi, la Fiat 500 ne doit pas être assimilée à un produit bas de gamme (72). Bien au contraire !
  • De très nombreuses répétitions, franchement agaçantes à la longue… émaillent un plan très perfectible, qui effectue même un retour en arrière (cf. le chapitre 5 qui revient sur l’historique).

Cela explique que le dernier chapitre soulève des questions… à la fin d’un ouvrage ne proposant aucune solution.

Ouvrages sur le même sujet conseillés par Marketing-Professionnel.fr

Ces livres sont extraits de la bibliographie de JM Vittori, dont nous louons l’actualité et la pertinence.

A lire sur Marketing-Professionnel.fr :

Note aux marketeurs (donc à tous nos lecteurs !) : l’ouvrage permettra à « ceux qui ont manqué début » de se familiariser avec les MDD (52 sq.) et les produits de masstige (58), de découvrir, avec l’auteur, les typologies (69).

Cliquez pour commenter

Commenter

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Marketing PME aide les PME PMI et TPE à développer leur business en 2021
1111 Citations de stratégie, marketing et communication, par Serge-Henri Saint-Michel
Vers le haut