Comment marchent les idées qui marchent ? Qu’est-ce qui différencie une bonne idée d’une » idée qui tue » ? Cet ouvrage nous éclaire sur les conditions du succès des idées (moment, formulation, outils de lancement…). Pour cela, Nicolas Bordas propose de lutter contre les préjugés (42), maîtriser le contexte de l’idée (30) en vue de « changer la perception de l’environnement » (44) en digne héritier des approches de J-F Variot (jamais cité) et de détruire les idées concurrentes (46), tout en mettant chacun en position de co-producteur de l’idée (50) afin de faire adhérer les cibles (52) et, ultime étape, de transformer les idées en mèmes (oui, là, il faut savoir ce que c’est ! Dans le même genre, et pour ne pas achopper sur les répétitions, maîtrisez le terme noosphère !).
Ca, c’est une idée (publicitaire)
Mais le titre est inductif. Le sous-titre aussi.
Car L’idée qui tue ! de Nicolas Bordas porte essentiellement sur l’idée publicitaire, l’idée de communication (soyons encore mesquins, cf. 39, 43, 48, 55, 72, 83, 91sq, 104, 110…) et s’appuie logiquement sur la dissonance cognitive (25, 46). Dans ce contexte, « comment saint Paul a-t-il marketé » le christianisme ? » mis en avant en der de couv est noyé sous des tonnes d’exemples de marques, de process publicitaires (le « what if » francisé, 42, mais surtout la disruption), de « marque personne », de concepts séguéliens (cf. les stars, 61), et émaillé de citations de Philippe Michel.
Ce n’est pas déplaisant, mais ces références peinent à créer une posture personnelle qui souvent semble forcer le trait et pêcher par un long développement sur l’histoire de la communication inter-individuelle (7-17) et la surcapacité à diffuser des idées, mais aussi par de nombreuses répétitions : « tout excès appelle son contraire », « une idée se substitue à une autre » (45 / 53), des développements hors-sujet sur l’insight (103) et les médias (121 sq.)… une fois que l’on a compris que les médias sont une « rampe de lancement » aux idées (et vu que cela nous a été dit et redit…).
Nous avons aussi noté d’étonnantes assimilations entre idée et mode de pensée (22), entre concept et conception (23), entre temps et effet de source (24), entre idée elle-même et son impact (73) et une conduite avérée en regardant la route des idées dans le rétroviseur. Pourtant, une prospective sur les idées du futur aurait été séduisante, surtout après « un Président n’aurait-il pas mieux incarné l’Europe qu’une commission méconnue et impopulaire ? » (65).
L’idée qui tue ! manque de « propulseurs auxiliaires » (clin d’oeil à la métaphore, 81) et peut-être d’un vrai plan mais on retiendra les opérationnels « 10 commandements des idées » (148 sq.) et l’on appréciera la bibliographie, le double index et les titres accrocheurs d’une lecture facile (d’un livre taillé pour un zapping dans les transports).
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