Attention à la marche contre les conventions, les idées prêtes à digérer. Voici une étincelle pour les planneurs stratégiques et « réfléchisseurs » de tout poil !
Plus de technologie = moins de libre arbitre
L’industrie de la contrainte dénonce la privation de libre arbitre par la technologie, que les auteurs considèrent comme étant la continuation de la guerre (et donc de la politique, au sens de Clausewitz d’ailleurs). Et cette techno n’est pas neutre ; « ça n’est pas la même chose d’avoir la technologie ou pas. Cela fait une différence d’acquiescer ou de refuser » (38). Cette position découle de la description du fonctionnement de la machine Hollerith par IBM avant et surtout pendant la Deuxième Guerre mondiale (32 sq). Les auteurs, à la suite de Edwin Black*, rappellent que la recherche de l’optimisation, de l’efficacité mécanographique appuyées sur les statistiques et le recensement massif et le classement typologique des populations ont facilité les aspects logistiques de la « solution finale » (lire IBM and the Holocaust). Pis, Hollerith a été le précurseur des systèmes intégrés et interconnectés de surveillance, comme Hypervisor de Thales, p. 51 sq., présenté par l’entreprise comme « une solution globale pour la gestion opérationnelle quotidienne comme pour les situations de crise » (55). Le lecteur appréciera le choix des mots.
Cet ouvrage montre que « l’innovation accélère sans fin le progrès de la tyrannie technologique » (4e de couv.) ; « nul ne peut s’opposer à l’ordre établi ni au cours des choses sans d’abord s’opposer à l’accélération technologique ». « Il subsistera quelques hommes-machines pour mettre de l’huile dans les rouages du monde machine » (61). Un réel espoir ?
Acheter L’industrie de la contrainte, de Frédéric Gaillard, publié à L’Echappée (2011).
* IBM et l’Holocauste – L’alliance stratégique entre l’Allemagne nazie et la plus puissante multinationale américaine de Edwin Black.
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