Peter Drucker précise que L’avenir du Management s’est cantonné volontairement aux problèmes du management (…). Mais les changements qu’il envisage vont bien au-delà du management. Ils vont bien au-delà des individus et de leurs carrières. Son véritable sujet, c’est l’avenir de la société » (185).
Autre avertissement (187), « ce livre ne contient rien qui soit extrait de les précédents ouvrages sur le management ; il les complète, en les orientant vers demain ». Pourtant, cet ouvrage, publié en 1999 aux États-Unis, édité dix ans plus tard en France, ne fourmille pas d’exemple actuels, de prospective, d’anticipation.Il revient pourtant sur « les travailleurs du savoir » ( 133 sq.), notion lancée par ses soins dans La grande mutation en 1970.
Mais L’avenir du Management propose un point de vue intéressant, souvent long à lire néanmoins, sur des mouvements historiques reliés au management. Il permettra aussi de comprendre en « mode accéléré » la pensée de Drucker ; mon faible allant au chapitre consacré aux travailleurs du savoir.
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Définition du management selon Peter Drucker
L’avenir du Management constate tout d’abord « les nouveaux paradigmes du management » en déconstruisant les « caricatures » et les postulats faciles (ex. p. 26) dont il fait l’objet. Les (longs) développement s’appuient sur l’histoire, qui pourra ravir le marketeur souhaitant consolider sa culture générale… quitte à ne lire que les conclusions en gras pour in fine retenir que « le domaine du management, sa responsabilité, c’est tout ce qui affecte la performance de l’entreprise et ses résultats, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, qu’elle puisse le contrôler ou non » (46) et qu’il « doit se définir opérationnellement. Il doit embrasser la totalité du processus et se concentrer sur les résultats et la performance de la totalité de la chaîne économique » (41), sans que cette dernière ne soit précisément définie d’ailleurs. Et d’ajouter « le rôle du management, c’est de sauvegarder le capital de l’institution » (145).
Peter Drucker essaie de cerner les nouvelles réalités » (49-72) de ce que le monde, changeant, sera, permettant aux entreprises de développer leur stratégie :
- L’effondrement de la natalité dans le monde développé
- Les modifications de la répartition du revenu disponible
- La définition de la performance
- La compétitivité mondiale
- La divergence croissante entre économie mondialisée et émiettement politique
Ce développement est pour le marketeur une opportunité intelligente d’affiner et d’organiser ses connaissances sur l’environnement de l’entreprise, Pestel inclus (fameux Pestel…).
Mais, comme le reconnaît Peter Drucker « les réalités envisagées dans ce chapitre ne disent pas à l’institution ce qu’elle doit faire ni, encore moins, comment le faire. Elles posent des questions auxquelles, dans chaque institution, la stratégie doit trouver la réponse » (72). On notera au passage que P. Drucker utilise le terme institution, très rarement celui d’organisation.
Tirer parti du changement
Pourtant, « on ne peut gérer le changement. On peut seulement en prendre la tête » (75), et Drucker de nous proposer quatre méthodes pour tirer parti du changement :
- Des politiques pour bâtir l’avenir
- Des méthodes systématiques pour repérer et anticiper le changement (avec, en filigrane, la veille)
- La bonne façon d’introduire le changement, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’organisation
- Des politiques visant à équilibrer changement en continuité
… afin de « voir le changement comme une opportunité » (85), pouvant parfois amener l’entreprise à se séparer d’activités, à poursuivre d’autres cibles, à « abandonner le passé » (intéressantes pages 76-81) pour mieux se concentrer et libérer les ressources pour plus de performance. L’organisation pourra alors miser sur des « fenêtres d’opportunité » (proches du SWOT) que sont :
- Les succès inattendus et les échecs inattendus de l’organisation elle-même, mais aussi les succès et les échecs inattendus de ses concurrents
- Les inconséquences ou absurdités concernant les procédures de production et de distribution, ou les inconséquences apparentes du consommateur
- Les exigences des procédures
- Les changement structurels de l’activité et du marché
- Les changements de la démographie
- Les changements affectant le sens des choses et leur perception
- Les connaissances nouvelles
Déjà évoquées par Peter Drucker dans Les entrepreneurs, ces fenêtres resteront à l’état de puces dans L’avenir du Management !
Le temps des regrets…
Le marketing manager regrettera
- Quelques répétitions d’idées, comme p. 152
- L’absence de bibliographie ; de trop rares renvois en bas de page
- Des exemple parfois poussiéreux et souvent connus. Dans « comment est-ce que j’apprends » Drucker évoque le cas connu de Beethoven, sans se demander comment Richard Branson, Linus Thornwald, Sergei Brin, Larry Page, Steve Jobs… ont appris
- Des exemples, enfin, très américains, souvent centrés sur l’univers hospitalier, qui, parfois, nous font penser aux Histoires de l »Oncle Paul, même si les contribution de Peter Drucker à la réflexion managériale restent décisives depuis 1939 avec The End of Economic Man. C’est pour cela que nous en sommes d’autant plus exigeants envers ce pape 😉
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Poursuivre en management…
- Pour une économie du bien commun, de Goëry Delacôte et Christelle Morel.
- Les grandes figures du management de Marc Mousli.