Les ambitions de La fabrique de l’innovation sont de répondre, entre autres aux questions (p. 1) comme :
- « Comment changer la manière de penser les choses, de façon à aboutir à la création de nouvelles idées » et « quitter les autoroutes de la conformité » ?
- « Comment réaliser des objets inconnus » ?
… en se concentrant sur « l’innovation en train de se faire » (8).
Le marketeur appréciera la distinction entre invention et innovation (8), évolution et révolution (3) et, surtout, à titre de culture marketing et professionnelle, « la face cachée de la conception de la Swatch » (15-84) débouchant sur des enseignements à méditer :
- Les interactions produit / process sont indispensables (70)
- S’appuyer sur la réutilisation des connaissances existantes, mêmes lointaines (72) et se poser la question du « qu’est-ce que nous ne savons pas » (l’état du non-art) sont nécessaires.
Le planneur stratégique frémira à l’emploi de l’expression « saut créatif » (84), qui ne sera pas développée, dommage ! Car l’innovation, comme le rappellent les auteurs, déborde une « simple » rupture conceptuelle. G. Garel et E. Mock nous présentent d’ailleurs la méthode C-K, théorie de la conception innovante interfaçant et réconciliant Concepts (C) et Connaissance (le K, donc !). La théorie C-K sera illustrée par le cas de Swatch (94) et d’autres applications (107-119) qui pourront servir de base à du marketing stratégique : développement de produits, extension horizontale, rapports avec la matrice de Ansoff…
Grâce à la La fabrique de l’innovation, le marketeur dépoussièrera un mythe tenace : N. Hayek n’est pas l’inventeur de la Swatch (79) ni même de la gamme varié de modèles, couleurs, design ! (pour le savoir, RDV p. 75 !). Intéressant story telling ou façonnage de l’imaginaire collectif auquel SMH, ou N. Hayek, se sont livrés pendant des années, amenant à une « dilution des paternités » (80).
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Le marketeur à la recherche de recettes de fabrique de l’innovation, quant à lui, se délectera des pages 85 à 128 et oubliera le reste. Voici pourquoi.
Le marketeur regrette…
- Que l’innovation en matière d’usage ne soit pas plus abordée, au bénéfice d’une approche « produit », certes éloignée du concours Lépine banni dès les premières pages de l’ouvrage (100)
- Des sources parfois imprécises (73)
- Les citations manquant de légèreté à l’adresse des mines Paris Tech (10 sq., 87, 120…), qui n’ont rien à envier aux multiples mentions de l’un des auteurs dans le chapitre 2 (cela n’enlève rien à a contribution décisive à l’invention de la montre Swatch !)
- La mise en avant peu trop visible de KCP, méthode de consultants (120 sq.) permettant certainement aux auteurs-consultants-entrepreneurs de partir à « la recherche d’une plus grande crédibilité méthodologique auprès de grands clients industriels » (12)
- Le push d’une innovation mise au point par l’un des auteurs (161-166), qui a d’ailleurs créé une entreprise pour la développer, chose cool en soit, mais qui, avec la puce précédente, nous fait tomber dans la plaquette à pic métal dont le clou est à la page 172. Dommage que le titre percutant et plein de promesses nous laisse le goût d’un ouvre-boite
… et note, mesquinement, l’absence d’index et la faute d’orthographe à juke-box (6), terme pourtant apparu dans les années 1930 aux USA ; rien de nouveau 😉
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