Petit, Malabar me paraissait plus gros.
Plus grand, ses vignettes me semblaient plus grandes.
Plus grandes non pas par les décalcomanies baveuses ou par les bulles qui, avortées ou explosives, se rabattaient sur mes sourcils ou mon duvet de pré-ado.
Malabar, de grandes bulles (phylact’air)
Plus grandes par l’histoire des illustrations portées par la marque créée par Courtland E. Parfet qui, en 1959 a négocié un espace dans l’usine Kréma de Montreuil pour mener à bien son projet de création d’un bubble-gum de 6,8 grammes (19).
Plus grandes par l’histoire publicitaire de la bulle ronde et la ronde des agences de publicité (35) qui ne créèrent la charte graphique qu’en 1976 grâce à J-P Torris. Cela allait montrer la voie à de nombreuses collaborations avec des auteurs de talent : Franck Margerin (1977-1978), Philippe Luguy, auteur de Sylvio le Grillon dans Pif Gadget (en 1981) Mic Delinx (en 1981 et pendant deux ans seulement, suite à un procès avec General Foods), Uderzo et le Studio Albert René (1984), en droite ligne de Jean-René Le Moing (1965-1972, record de longévité !) et du Studio Dargaud avec Albert Uderzo (1976).
Marketing aspirationnel
Plus grandes par un positionnement sur un marketing aspirationnel (37) en avance sur son temps : « nous prenions en compte le côté régressif, anal, sale » dans lequel Malabar joue le rôle de libérateur, permettant l’exhibition (tatouages), la provocation (mastication en public), l’accumulation (des vignettes) (40). Sans compter l’incontournable jeu de mot : « tu mastiques quoi »…
Mais, « progressivement, la personnalité de Malabar s’est transformée, jusqu’à ce qu’il devienne uniquement le faire valoir du sujet de sa vignette » (361).
Ne comptez pas sur moi pour spoiler la fin de l’histoire…
Acheter Malabar – Histoires de bulles, de Alain Lachartre, publié chez Dupuis : 385 pages et des centaines de vignettes Malabar. Pour coincer la bulle… de chewing-gum et de BD.