Paroles, échanges, conversations et révolution numérique, de Johan Faerber est une anthologie incontournable à tout planneur stratégique digital, préparationnaire du Celsa, storyteller, dévoreur d’informations en mode Mass maven ou Mass connector souhaitant maîtriser les textes fondamentaux, variés, choisis avec soin par l’auteur, mêlant les incunables réflexions de Montaigne ou Balzac et de nombreux auteurs ayant publié en 2012. Cocorico, ils sont tous francophones, ce qui nous rassure sur notre capacité à produire des fonds théoriques sur un sujet, le digital, mis sous cloche par la « littérature » anglo-américaine.
Paroles, échanges, conversations et révolution numérique, contribue drastiquement à la digital literacy. Le lire, c’est se construire en tant que citoyen, homo numericus et humain. Surtout en humain. Avec le discernement, la capacité de juger et de décider qui vont de pair. Cela nous permettra de « reprendre le contrôle » (p. 133).
Assurément le livre de l’année.
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Plongeons dans Paroles, échanges, conversations…
La première partie aborde les conversations traditionnelles et leurs évolutions numériques, mobilisant Dominique Cardon, Antonio Casilli (qui en profite pour déconstruire les digital natives, p. 43), Manuel Castells (si peu cité dans d’autres livres, et pourtant si décisif), George Orwell…
Une nouvelle sociabilité, chapitre 2, explore l’utopie des communautés virtuelles avec Isabelle Compiègne et Jérôme Batout, qui rappellent que Facebook cherche à gommer les conflits et, comme le précise Vincent Glad, « à mobiliser plutôt que convaincre » (p. 111) ; mais aussi nous conduit à nous interroger sur les liens sociaux illusoires, à la suite de Pierre Mercklé, avec de nouvelles formes de solitude et de dérives entre vie publique et vie privée.
Le numérique est-il un outil de liberté ou d’aliénation ? Le troisième chapitre s’appuie sur Michel Foucault, dénonçant une « société disciplinaire » (p. 118), posant la problématique du risque de l’individualisation sur Internet (Xavier de la Porte des Vaux) et de la mise en sommeil de certaines libertés, parfois sous couvert d’objectivité (pensée, attribuée, mais non exacte) des outils de recherche qui nous offrent « des univers parallèles, mais séparés » (p. 136).
Le numérique génère des pathologies contemporaines, objets du quatrième chapitre : cyberdépendance (les réseaux sociaux, un nouveau doudou selon Yann Leroux, p. 155), isolement, dislocation du lien inter-humain (Cédric Biagini, p. 161), narcissisme (Serge Tisseron) maladies du langage (Samuel Beckett, Philippe Breton, Roman Jakobson).
Enfin, Paroles, échanges, conversations et révolution numérique, rappelle que le digital peut être vu comme une nouvelle forme d’information et de savoirs, nous permettant, à Marketing Professionnel de tracer des liens avec Benoît Sillard pour l’échange de savoir, mais aussi avec le journalisme 2.0, avec le bad buzz et même la « rumeur visuelle » décrite par Pascal Froissart (p. 192) qui rappelle que le web procède d’une triple extension.
Pfiou, quelle agitation neuronale !
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