Sous-titré Survivre au travail avec les philosophes, Platon la gaffe, ouvrage mi-BD mi fable en prose, se déroule à la Cogito, entreprise fondée par Dieu (puis rachetée par un fonds US). Kevin Platon y effectue un stage (évidemment) d’observation. Le parcours d’intégration du newbie sert de fil d’Ariane au traitement de sujets au croisement de l’entreprise et de la philosophie : la tyrannie de l’urgence (43), la répétition des tâches (75), le pouvoir (31), la norme (15), l’obéissance (79), le harcèlement (63), l’open space (19), la vie privée au bureau (59), la surveillance au travail (featuring Foucault, 23), appuyés par des titres en marbre comme « process tam tam » ou « le zèle du désir ».
Platon la gaffe enrôle des guest stars, muées en salariés pour l’occasion, comme Bourdieu, Rousseau, Machiavel, Kierkegaard, Diogène, BHL (évidemment livreur de la boite), Épicure, Pascal (dont l’écran de PC affiche « Casino Port-Royal »)… et surtout Nietzsche, DRH de la Cogito, particulièrement bien traité dans ses exclamations avec des « Totenkopf », « Sauerkraut » et de permanents clins d’œil : « arrêtez de chialer comme une gonzesse, on n’est pas des sous-hommes ici » (10) ; car l’allemand a, selon Saint-Augustin, « le Wagner à vif » (49).
Platon la gaffe nous livre une vision acérée (et pas si déjantée) de la vie en entreprise. Rien de mieux pour inviter à la réflexion autour de la machine à café / ciguë, de la photocopieuse en panne, ou du pot de départ d’un collègue, tous traités de façon si vraie, si humaine. Trop humaine ?
Acheter Platon La gaffe, Survivre au travail avec les philosophes, de Jul et Charles Pépin, Dargaud.
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Poke & remerciements : Sophie L. pour ce gentil et précieux cadeau.