Baudrillard, Boltanski, Bourdieu, Deleuze, Derrida, Maffesoli, Morin, Ricoeur, Thévenot… disséqués en 300 pages. Attention : ouvrage sociologico-marketing d’éducation massive !
La consumer research et la French Theory (115, 128, 145, 172, 191, 280) sont au cœur de cet ouvrage synthétique, analytique et décodeur permettant au marketeur et au communicant de prendre de la hauteur, de se nourrir intellectuellement. Brillant et éclatant, aussi, par de belles bibliographies. A lire, à laisser décanter. A reprendre, à relire.
Des regards denses et construits
A la suite de Jean Baudrillard, un chapitre de Regards croisés sur la consommation rappelle que « la priorité de la valeur d’usage des objets est fausse. C’est un alibi, un simulacre fonctionnel » (49) et que les signes sont principalement consommés. Ce chapitre lance aussi le concept d’hyperréalité, cher au marketing postmoderne (p. 125 sq puis développé p. 130, 134, 168 et 175), et la contribution de Michel Maffesoli à la notion de tribu (167 sq.). Essentiel.
L’habitus et les capitaux (économique, culturel, social, symbolique) de Pierre Bourdieu sont ensuite traités (79 sq.).
Jacques Derrida et la déconstruction (132 sq.), Gilles Deleuze et la société de contrôle (133 sq.), Paul Ricoeur et la théorie de l’identité narrative (194 sq.) mais aussi la réciprocité, l’échange, le don (199 sq.), la morale l’éthique et l’utopie (202-204) sont abordés dans leurs aspects théoriques (OK, c’est souvent « sec »). Solide.
Les marketeurs s’intéresseront enfin à Christian Boltanski et à Laurent Thevenot, principalement pour la notion de convention et leur lien avec la confiance (212 sq., 230 sq.). Les étudiants préparant le concours du CELSA y trouveront matière à fabriquer des problématiques grâce à la matrice de décodage (226, 227) mêlant ontologie, axiologie, étiologie… surtout en les croisant avec les divers « mondes » : domestique, civique… (232).
Michel Callon et Bruno Latour, peu connus des marketeurs, voient leur théorie de l’acteur-réseau (240 sq.) et leur « sociologie orientée objet » expliquées, clairement, à partir de la métaphore du sage, de l’idiot et de la Lune. Pédagogique !
Regards croisés sur la consommation se termine avec la pensée systémique (265 sq.), la théorie de la complexité et le principe de rétroaction (275) d’Edgar Morin. Incontournable.
Regards croisés sur la consommation nécessite cependant d’être lu au calme… et, surtout, de disposer d’un bon dictionnaire pour naviguer entre l’épistémè (143 sq.), le parrhésiaste (160), la querelle du canon (129), émic et étic (193), l’impératif de Jonas (203), pidgin (287).
La palme est attribuée, page 198, à « l’identité est reproduite, assignée et participe d’un paradigme comme pour le garçon de café dont l’hexis corporelle et le rôle procède d’un choix authentique. Le mode de participation (methesis) à ces rôles peut être actif ou passif, parfois complexe mais l’essence précède l’existence ». Étonnant de la part de l’auteur (de ce chapitre) qui réalise plus de la moitié des fautes d’orthographe de l’ouvrage (188, 195, 196, 199, 202 et… 202). Les autres erreurs étant p. 111, 147, 149, 160 et 270.
Enfin, jouons : quel auteur a inspiré les Wachowski pour Matrix ? Laissez vos commentaires 😉
Acheter Regards croisés sur la consommation : Tome 2, Des structures au retour de l’acteur, coordonné par Eric Rémy et Philippe Robert-Demontrond
Lire la critique de Regards croisés sur la consommation (Tome 1) aux Editions EMS
Cet ouvrage est conseillé aux étudiants préparant le Concours du CELSA ou souhaitant se préparer aux concours du CELSA en Licence 3 et Master 2.
David
11 janvier 2016 à 15:43
Je dirai Lewis Carroll !….
Nous gagnons les deux tomes ?!
Tous mes vœux à l’équipe
Serge-Henri Saint-Michel
11 janvier 2016 à 19:31
@David, perdu 😉