Lire. « Mais à quoi cela sert-il de lire ? »
Être curieux, développer sa capacité à être étonné, nourrir une approche théorique pour élaborer sa propre vision du monde, élargir son champ de vision, voilà à quoi la lecture « sert » (sans que pour autant elle ne s’use).
Elle autorise aussi une construction sur des auteurs-sources pour mieux affiner sa pensée, la rendre nerveuse. Sans recopier ni paraphraser. Tout en jouant avec les concepts d’intermonde (Merleau-Ponty, 162, 168), de don (Mauss, 51), d’homme total (Mauss, 77), d’opinion (Tarde, 123), sans compter les émotions (Sartre, 133) ou le kitch (Moles, 227)… tout en manipulant les concepts en friction, comme
- Religion, religiosité et déplacement du religieux, 44
- Passé et présent (145), espace et temps
- Liberté, résistances et occupation des interstices (190)
- Doxa, vérité et infra-ordinaire (199)
- Individualisation, socialisation et groupe, soi et autrui avec Durckheim (33), Tarde (118) et Sartre (138 sq)
- L’homme, le corps, les objets (108 sq, 151 sq)
… mais aussi les tensions entre les hommes
- Tarde et Durkheim (119), Tarde et Le Bon (122)
- Sartre et Wieviorka (140), Ricoeur, Levinas et Derrida
Le magnifique chapitre sur Sartre (votre raisonnement sera plus brillant après plusieurs couches de relecture…), la redécouverte de Belk qui, en 1988 lança la notion de « soi étendu » achèveront de conquérir le lecteur hardi.
Ce n’est pas tout. Regards croisés sur la consommation précise aussi les héritages, les transmissions et les hommages des intellectuels français, clarifiant les cheminements et les voies d’inspiration entre…
- Mauss nourrissant Baudrillard et Bourdieu
- Tarde alimentant Rogers ou même Gladwell (non abordé dans l’ouvrage)
- Artistote lançant Sartre, Goffman (via la théorie de l’étiquetage, 149)
- Baudelaire, clair et transparent pour Foucault
- Descartes, Husserl et Bachelard, étais de Merleau-Ponty (qui passe le grigri à Levi-Strauss, 170)
Avec Regards croisés sur la consommation, le marketeur déguste une brillante histoire des idées pour mieux anticiper, non en regardant derrière, mais en s’appuyant sur les illustres qui nous ont précédés. A nous d’écrire la suite après ce livre dense, aux idées foisonnantes que nous saurons hybrider sans les déformer après les avoir parfaitement comprises. Là, c’est plus ardu car un lexique nous aurait permis de gagner un peu de temps en chargeant nos bagages intellectuels, sans laisser sur le tapis roulant des dizaines de termes comme
- Anomie (33)
- Emic, etic (43)
- Existence nouménale (87)
- Approche praxéologique (234)
- Plan théorétique (170)
- Et l’ineffable « le sujet suit des orthodoxies, des orthopraxies. Il abandonne son autonomie, originelle, pour des hétéronomies » (138)
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Cet ouvrage est conseillé aux étudiants préparant le Concours du CELSA ou souhaitant se préparer aux concours du CELSA en Licence 3 et Master 2.