Un an sans Internet est une BD revigorante, délirante sans excès, une aimable critique roborative et introspective dans laquelle Ced, un jeune Geek « poor lonesome Gameboy », subit l’épreuve de la privation d’Internet pendant un an.
Va-t-il tenir ?
Hallucinations digitales et réelles : l’addiction SVP !
Ced nourrit habituellement à l’encontre de son PC, qui arbore une poire, un comportement compulsif, se jetant sur lui pour connaître toutes les réponses aux questions du monde (119 sq.). Quand son PC lui a été confisqué pour les besoins de l’expérience, il tapote instinctivement sur la table par habitude du clavier qui normalement s’y trouve (27) puis dessine un écran et un fil sur le mur (67) pour combler sa solitude par cette présence…
Le personnage affronte les doutes de l’addicté (28-30), l’ennui (32, 45), les hallucinations (101-105 et les Transformers 76-79), la paranoïa (79-83), les frustrations et les pulsions perverses (129-131)…
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Métaphysique et psychologique
Un an sans Internet illustre l’être perdu, déraciné sans son « objet ».
Déconnecté du réel au sens propre et figuré. Au conseil d’explorer le monde d’un interlocuteur, Ced, muni d’un crayon et d’une feuille, demande « je prends juste l’adresse de ce dehors ». Car il n’y a jamais mis les pieds. Se faisant violence, il sort affronter pollution et bruit, pour finalement philosophiquement affirmer : « dehors, ce n’est qu’un espace transitoire entre deux dedans » (35).
Les errements et tiraillements du personnage sont prétexte à critiquer la télévision (40-44, 47-49), la beaufitude de certains comportements internautes, la passivité face à un média qui a obéré nos capacités d’observation réelle et d’intervention (43).
Par opposition, le personnage redécouvre les livres, le téléphone, la bibliothèque, les amis IRL, le marché (ce qui lui permet de cuisiner des pâtes aux pêches, 136).
Et vous, auriez-vous tenu un an sans Internet ?
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Clins d’œil aux geeks
- L’histoire de l’Internet (12 à 17) et des blogs (58-65, 115-116)
- Le e-paiement (70-71)
- L’email (72-74)
- Les jeux grandeur nature, a en filigrane les jeux vidéo (85-99)
- Les réseaux sociaux (105-109, 112-113)
- Les violations de la vie privée, le social graph, le retargetting (en filigrane) (110-111)
- Les loteries stupides…
- Les pages interstitielles de chapitres clonent le jargon des PC : starting system, erreur 404, loading please wait, mais nous mènent à des développements drôles, loin des messages d’alerte de nos machines.
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