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1 français sur 2 prêt à créer son entreprise. Et autant de mirages digitaux ?

La France devrait-elle devenir à son tour une nation de boutiquiers ?

Selon une étude réalisée pour 1&1 Internet, 50% des sondés* (dont 56% d’hommes et 44% de femmes) ont déjà « sérieusement envisagé » de créer leur entreprise et les différentes options leur permettant d’augmenter leurs revenus.

Première remarque : la création d’entreprise est l’objet de fantasmes, illustrés dès la première phrase : créer une boite serait synonyme de développement (automatique et facile ?) de revenus. Et l’hébergeur va capitaliser sur l’équation : créeer sa boite digitale = easy = 1&1. Un peu gros…

J'ai un job dans la com', par Serge-Henri Saint-Michel

Poursuivons la lecture du communiqué de presse de 1&1 Internet : « Le revenu minimum qui rendrait le lancement d’une telle entreprise rentable se situe autour de 25 500 € brut par an. 1&1 recommande donc à toute personne songeant à créer son entreprise d’évaluer les différents outils en ligne qui favoriseront son succès et rendront son travail plus flexible. »

Deuxième remarque : soit l’étude oriente les résultats (« évaluer les différents outils en ligne qui favoriseront son succès et rendront son travail plus flexible »), je ne connais aucun consommateur capable de formuler une telle phrase ; soit elle ajoute une couche produit et services à un objectif : la recherche de la rentabilité d’une entreprise (c’est d’ailleurs moins un objectif qu’un réel truisme).

La rentabilité passe par un revenu du dirigeant. L’étude précise que le revenu minimum requis pour que le lancement d’une activité annexe soit considérée comme rentable, pour les français interviewés, est de 25 489€ brut par an. Ce montant est beaucoup moins élevé qu’en Allemagne avec 51 548€, aux les États-Unis, 38 276€,  en Espagne avec 33 641€ et en Angleterre, 29 420€. Les Polonais se contenteraient d’un revenu nettement moins haut s’élevant à 12 359€.

Pourquoi créer une entreprise ?

Selon l’étude, « quelque 22% des sondés souhaitent créer leur entreprise dans le seul but d’être leur propre patron. Les autres motivations sont les horaires de travail plus flexibles (12%) et la perspective d’augmenter ses revenus grâce à une activité annexe (11%). Sans surprise, l’envie de créer son entreprise diminue avec l’âge. Les 25-34 ans sont les plus enthousiastes à l’idée de lancer leur entreprise ».

Troisième remarque : sans vouloir décourager les volontés, et tout au contraire pour rester objectif et éviter toute bérézina commerciale, les horaires de travail flexible cachent parfois, vous le savez amis lecteurs, des journées rallongées et des week-ends sacrifiés, un planning surchargé à certaines périodes et désespérément vide à d’autres, tandis que « la perspective d’augmenter ses revenus » reste souvent une chimère comme le montre la répartition  des revenus issus des auto entreprises : la moitié seulement des auto entrepreneurs développe une activité commerciale régulière… pour un montant de 5500 € par an en moyenne comme le relève l’INSEE. Et encore, avec 5 trimestres en moyenne sans revenus !

Continuons la lecture de ces résultats :  « Le Limousin arrive en tête avec 73% des sondés ayant déjà songé à créer leur entreprise, suivi de la région Poitou-Charentes (65%) puis de la Franche-Comté (62%). Les Bretons sont les moins enthousiastes avec seulement 34% d’intéressés ». Comme quoi Bolloré, Bouygues et le puissant lobby des chefs d’entreprise bretons inspirent peu… Et rien dans l’étude sur les parisiens, qui, par exemple, gagnent 43% de plus que les auto entrepreneurs des autres régions (nous nous focalisons sur ce statut car il représente 56% des créations d’activité).

Adoptez un livre

Du bonheur en pack (d’hébergement)

Et Robert Hoffmann, CEO Hosting de 1&1 Internet d’indiquer in fine : « Grâce à Internet, il est de nos jours beaucoup plus facile de lancer son entreprise. Un site Web performant constitue la clé du succès de son activité. Les solutions de création de sites Web actuelles offrent des fonctionnalités e-business appropriées pour attirer les clients en ligne, interagir avec eux et réaliser des transactions. Elles sont aussi à même de placer les sites Web en tête des résultats de recherche et de les connecter à Facebook, Twitter ou eBay. Etant donné que ces outils en ligne ne nécessitent pas d’installation de logiciel ni de connaissances en programmation, créer son entreprise est plus simple qu’on pourrait le penser. Une activité secondaire ou de loisir peut donc aisément devenir rentable, tout en favorisant l’équilibre vie privée / vie professionnelle ».

Ah les pro-ams en version réchauffée ! Ah le miracle de la technologie ! Ah, les amis Facebook qui deviendront nos évangélistes (et feront le boulot à notre place) ! Ah, la création d’entreprise sans rien connaitre à la programmation ! Ah, ouvrir une boutique eBay (est-ce plus performant que placer ses produits sur Leboncoin ?) dans le cadre d’une « activité secondaire ou de loisir » ! Le tout avec une promesse de rentabilité et d’équilibre et de symbole induit de la réussite : vous aussi vous avez droit à votre start-up car vous êtes un malin.

La France devrait-elle devenir à son tour, aux yeux de Karlsruhe, une nation de boutiquiers ?

Bel exemple d’étude « ouvre portes », dont le seul objectif est d’asseoir une politique commerciale sans rien apporter de neuf.

***

A lire : Amen, l’hébergeur au service client sans miracle

* Méthodologie :  1000 adultes français interrogés par l’institut Opinion Matters via un questionnaire électronique.

(c) ill. Shutterstock – Pretty young brunette woman smiling against gray background

1111 Citations de Stratégie, Marketing, Communication, par Serge-Henri Saint-Michel
1 Commentaire

1 Commentaire

  1. Thomas

    6 août 2013 à 11:57

    Bonjour,
    Article très juste…. le mirage de la poule aux oeufs d’or de l’e-commerce est tout de même toujours bien ancré. La concurrence toujours plus sauvage et la facilité de mise en place d’une solution CMS telle que prestashop ou woocommerce à multiplié les ouvertures de boutiques en ligne. Au final peu d’élues feront de leur e-commerce un véritable business bénéficiaire.
    Une solution qui peut être efficace et de s’installer dans un pays où la fiscalité du ecommerce est moins lourde, ansi le marché ciblé reste le même mais la pression fiscale moindre permet de prendre un avantage compétitif conséquent sur ses concurrents.

    tas-consultoria.com/blog-fr/e-commerce-espagne/

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