Familles de France vient de lancer l’opération « Tu t’es vu sur ton blog » destinée à sensibiliser le public sur les dangers courus par les jeunes et leurs familles via les blogs et les réseaux sociaux animés et fréquentés par les jeunes et les ados.
Reprise des principaux éléments du dossier de presse.
Des blogueurs dès la fin de l’école primaire !
Alors que le blog semble perdre quelque peu de sa force chez les jeunes, la page personnelle sur certains réseaux sociaux devient très répandue. Dans les faits, dès la fin du primaire, un grand nombre de jeunes Français tiennent un blog (près de 30% dès le CM2) et/ou ont une page sur facebook (près de 60% en 3ème). Il s’agit donc bien d’un usage courant, plus répandu, en tous cas aujourd’hui, que la tenue d’un journal intime.
Si l’adulte prend le temps d’aller lire, de façon aléatoire, ces « lieux » ou « documents », il peut faire plusieurs constats. Tout d’abord, chaque jeune prend le temps de se mettre en scène, de se raconter, plus en image qu’en texte, de dire tout ce qu’il n’arrive pas à dire directement à ses amis, ses proches, ses parents. C’est cet aspect des choses qui fait dire à certains spécialistes qu’Internet a permis à certains jeunes de se créer une propre auto-thérapie.
Le jeune blogueur se dévoile, là est le danger
Le jeune prend très peu de précautions quand il se raconte et, très rapidement, on peut trouver son prénom, son âge, son nom, la photo de sa maison, son adresse, la photo de ses amis, le nom et la ville de son collège, la religion de sa famille, les idées politiques de ses parents… Oui, le jeune qui s’est ouvert ne maîtrise que fort peu la nature des éléments qu’il déverse sur la place publique, essentiellement parce qu’il ne réalise pas très bien que blog et page personnelle sont effectivement, aussi, un espace public.
Parfois, son intimité est là aussi bien dévoilée. Il n’est pas rare de trouver un jeune parlant de ses sentiments vis à vis de ses parents, de ses premiers émois amoureux, de ses doutes dans la vie, de ses désespoirs, de ses envies de suicide, de sa maladie…
Enfin, les jeunes affichent un grand nombre d’images, photos et vidéo, avec beaucoup de talent et d’humour, mais sans demander l’autorisation à ceux qui se sont retrouvés sur ces clichés. Or, maniant avec dextérité les logiciels de retouche d’images, ils ont souvent transformé la réalité à leur convenance sans mesurer l’effet sur ceux qui se verront ainsi dans des postures sexuelles, violentes, bizarres ou surprenantes… Il leur arrive aussi de voler quelques photos d’adultes, parents et enseignants en particulier, avec leurs téléphones qui sont devenus aujourd’hui, beaucoup plus que de simples instruments de communication vocale.
L’intimité de l’être humain remise en cause
Les contenus intimes méritent que nous prenions bien la mesure de cette évolution des comportements. Lorsqu’un jeune prenait le temps d’écrire dans un cahier « intime » ses états d’âme, cela lui permettait de se soulager, de mettre sa vie à distance pour trouver des solutions à ce qu’il considérait comme un problème… bien souvent, cela suffisait à l’aider et jamais personne ne lisait ces lignes. Une telle lecture l’aurait fait souffrir, l’aurait mis à mal et on le voyait bien quand un frère volait le cahier à sa sœur…
La découverte de son corps, les premiers émois amoureux, le passage à l’acte donnaient naissance à de telles lignes qui n’avaient comme seul but que de faire prendre conscience de ce qu’il vivait. Les parents et les éducateurs découvraient les réalités avec retard, quand le jeune était capable de dire les choses devant les autres, d’assumer une nouvelle situation.
Certains sentiments violents – papa est méchant, tu n’es plus ma maman, j’ai plus de parents, je veux vous voir mourir, je préfèrerais être orphelin – venaient aussi prendre leur place là, comme des étapes du passage à l’âge adulte. Même si certains parents se voyaient jeter ces phrases à la figure, dans la plus grande partie des situations, cela restait quelques phrases écrites sans aucune conséquence pour les relations entre parents et enfants.
Aujourd’hui, on retrouve beaucoup de ces éléments sur les blogs : découverte de la violence des sentiments, premiers câlins sexuels, envie de meurtre… Il ne s’agit que d’un instant, d’une pensée ou d’un acte rapide et sans conséquence et, d’un coup, le voilà étalé sous les regards des autres !
Qui lit mon blog ? Qui va sur ma page Facebook ?
Le jeune n’a pas encore compris ce qu’était Internet et la confidentialité d’un blog. Tenir un blog c’est devenir auteur des contenus, éditeur et diffuseur ! Une triple responsabilité que certains découvrent lors d’une affaire en justice. Les parents mesurent alors que, eux aussi, sont responsables, certains ayant déjà été condamnés à de lourdes amendes après avoir appris que leur enfant avait violé l’intimité de leur enseignant, d’un collègue de collège, d’une petite voisine…
Certes, ne nous voilons pas la face, un grand nombre de blogs ne sont pas visités du tout ou fort peu. Ce n’est pas parce que l’on tient un blog que dès le lendemain des milliers de gens se précipitent pour lire ses contenus. Mais, par contre, dès qu’un collégien découvre celui d’un jeune de la classe, du collège ou du quartier, pour peu qu’il y trouve quelque chose de croustillant ou amusant, il va donner le lien à tous les autres et en quelques jours le blog devient très visité. Du coup, ce qui était du domaine personnel et intime, devient notoriété publique ! Avec un jeune auteur qui n’était pas prêt à cela… d’où crise de larmes, angoisse, tension, violence et, parfois, tentative de suicide…
Certains réseaux sociaux donnent l’impression au jeune qu’il est bien protégé, que seuls ses amis vont avoir accès à sa page personnelle, qu’il s’agirait bien cette fois-ci d’une intimité préservée. Là encore, soyons très prudents. Les responsables de ces sites sont les premiers à mettre en garde les utilisateurs. Facebook qui a beaucoup amélioré son fonctionnement dans ce domaine donne un grand nombre de précisions mais qui malheureusement ne sont jamais lues par les jeunes utilisateurs lors de la création de leur page :
« Les informations définies sur « tout le monde » sont des informations publiques, qui peuvent être vues par tout le monde sur Internet (y compris les personnes qui ne sont pas connectées à Facebook). Elles peuvent être indexées par des moteurs de recherche tiers et peuvent vous être associées en dehors de Facebook (comme lors de vos visites sur d’autres sites web) et nous, ou toute autre personne, pouvons les importer et les exporter sans restrictions de confidentialité. »
Oui, certains jeunes sont surpris que des informations les concernant puissent sortir de facebook sans qu’on leur demande leur avis, mais c’est simplement l’usage des moteurs de recherche qui vont aussi puiser sur les pages facebook et sur les blogs…
Oui ! Un blog est avant tout une publication, donc une révélation de contenus à un public que je ne connais pas… Aucune garantie existe pour me protéger ! En fait, si, il en existe une, le fameux principe de précaution. C’est à moi, c’est à chacun d’entre nous de se protéger par ses propres comportements. L’outil de communication n’est pas à blâmer, c’est moi qui doit apprendre à m’en servir !
Les formations, ateliers et interventions auront donc pour objectif de donner à chacun des bons comportements – avatar, pseudonyme, pas de données concrètes, pas d’adresse, de numéros de téléphones, pas de photos de famille… – et d’ouvrir une grande réflexion sur le rôle de l’intimité, du jardin secret, dans une construction humaine !
Note de la rédaction : ces images, sélectionnées par nos soins, ont pour objectif d’appeler les parents à la réflexion sur la mise en scène et l’exposition sur Internet de leurs enfants.
Serge-Henri Saint-Michel
13 avril 2012 à 16:24
Avril 2012
Un enfant sur trois est sollicité sexuellement sur Internet.
Et si, nous, parents, étions plus attentifs à se qui peut se cacher derrière un « like », derrière des mises en relation, derrière des « amis » invisibles… qui peuvent être des adultes ?
Partant de ces constats, l’association internationale Innocence en danger va lancer en France une campagne de publicité dont vous trouverez les visuels sur la page Facebook de Marketing Professionnel.
Pas de culpabilisation. Pas d’encadrement légal ou technique.
Uniquement une louable et belle invitation, sensible, à la réflexion.
Et au buzz. ce que nous faisons 🙂
Info complémentaire : Innocence en danger regroupe militants, spécialistes d’Internet, juristes, décideurs du monde politique, économique et médiatique dans l’objectif de protéger les enfants contre toute forme d’abus et d’exploitation sexuelle.