Les Français magnifient leur relation à la langue française. Quand bien même ils ne sont pas toujours à l’aise avec l’orthographe et alors même que – sur la plupart des thèmes de société – les Français sont favorables à la simplification, les personnes interrogées ne sont pas favorables à la réforme de l’orthographe. Estiment-ils que le bon respect de ses règles constitue une contrainte ? Y sont-ils sensibles ? Pistes de réponses avec cette enquête Harris Interactive pour L’OBS.
Les Français estiment majoritairement avoir un bon niveau d’orthographe…
90% des Français définissent leur niveau d’orthographe comme bon, dont 27% de « très bon » et 63% de « plutôt bons ». Seuls 9% des Français jugent donc que leur niveau d’orthographe est plutôt mauvais et 1% très mauvais. Le profil des « bons élèves » en orthographe – selon leurs déclarations – sont les femmes (32% déclarent avoir un très bon niveau contre 27% en moyenne), les moins de 35 ans (41% des 18-24 ans et 35% des 25-34 ans), les membres des catégories supérieures (32%) et les personnes ayant un niveau de diplôme supérieur à Bac +2 (38%).
Quant aux hommes et aux personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au Bac, ils sont plus nombreux que la moyenne à estimer avoir un niveau d’orthographe plutôt mauvais (respectivement 13% et 18% contre 9% en moyenne).
…Malgré des règles peu maîtrisées
Si 90% des Français déclarent avoir un bon niveau d’orthographe, ils ne connaissent pas toujours parfaitement les règles d’orthographe, de grammaire et de conjugaison.
Afin de mesurer si les Français évaluent justement leur niveau d’orthographe, Harris Interactive leur a soumis un quizz demandant si les phrases testées étaient écrites correctement ou non. Seuls 18% des Français ont répondu correctement à l’ensemble de ce quizz (26% des personnes avec un niveau de diplôme supérieur à Bac+2). Les erreurs les plus fréquentes portent sur l’orthographe des mots « différend » et « courir » (écrits dans notre test avec une erreur « avoir un différent avec son voisin » et « il est parti courrir »). En moyenne, sur 8 questions, le nombre de bonnes réponses est de 6,1.
Les Français ne semblent pas être complètement éloignés de leur perception de leur niveau d’orthographe même si certains le dévaluent ou le surévaluent. Ceux déclarant avoir un mauvais niveau d’orthographe sont plus nombreux à n’avoir donné qu’entre 0 et 4 bonnes réponses sur 8 (40% contre 14% en moyenne) alors que ceux se déclarant meilleurs ont commis moins d’erreur (89% ont donné 5 à 8 réponses justes contre 86% en moyenne) mais seuls 20% contre 18% en moyenne n’ont fait aucune erreur en répondant à ce quizz sans aucune erreur.
Concernant les profils, les hommes, qui se déclaraient moins bons que les femmes en orthographe ont effectivement donné moins de bonnes réponses que ces dernières, de même que les personnes avec un niveau de diplôme inférieur au Bac comparés à ceux avec un niveau supérieur à Bac+2.
Les Français sensibles au bon respect de l’orthographe
Les Français et particulièrement les femmes se déclarent sensibles au bon respect de l’orthographe lorsqu’ils écrivent ou lisent quelque chose.
Lorsque l’on porte l’attention plus particulièrement à leur écriture, les Français déclarent être sensibles au bon respect des règles d’orthographe.
97% déclarent être sensibles à ce bon respect lorsqu’ils écrivent quelque chose (dont 69% très sensibles) contre 3% qui expriment le contraire. Les Français indiquent également être attentifs à l’orthographe de ce qu’ils lisent (95%), 60% s’y disent même très sensibles contre seulement 5% qui mentionnent ne pas l’être.
Les personnes déclarant avoir un bon niveau d’orthographe se montrent d’autant plus sensibles à l’orthographe en écrivant (74% contre 69%), de même que les femmes et les personnes ayant obtenu un diplôme équivalant à un niveau supérieur à Bac +2. Il s’agit là de deux catégories de population se déclarant également davantage bonnes en orthographe et ayant mieux réussi le quizz. La même logique s’observe sur l’orthographe des éléments qu’ils lisent. (69% pour les femmes et les niveaux de diplôme supérieur à Bac+2 contre 60% en moyenne).
• Majoritairement, l’orthographe n’est pas identifiée par les Français comme une source importante de problèmes, même si plus d’1/3 des Français mentionnent que cela les a déjà mis en difficulté au cours de leur scolarité.
Pour 37% des Français, l’orthographe a pu être un problème au cours de leur scolarité (dont 12% de « oui tout à fait »). Ceux indiquant avoir été le plus gênés par l’orthographe à ce niveau sont les personnes déclarant avoir un mauvais niveau d’orthographe (84%), les hommes (45%), les ouvriers (70%) et ceux ayant un niveau de diplôme inférieur au Bac (52%). 22% déclarent que l’orthographe est ou a déjà été une difficulté dans le cadre de leur profession et 16% dans celui de leurs recherches d’emploi. L’orthographe n’est donc pas identifiée comme une source majeure de difficultés sur l’ensemble de la population même si elle en reste une, non négligeable, pour les profils de personnes estimant ne pas avoir un bon niveau d’orthographe (hommes, niveau de diplôme inférieur au Bac, membres des catégories populaires.)
A noter que dans le domaine professionnel, les cadres et professions libérales semblent être soumis à une pression plus importante concernant l’orthographe, alors même que d’après le quiz proposé par l’institut ils ont une plutôt bonne connaissance des règles d’orthographe et qu’ils déclarent avoir un bon niveau : il s’agit des populations mentionnant plus que la moyenne être ou avoir déjà été mis en difficulté dans le cadre professionnel sur ce sujet.
L’orthographe, peut donc encore, être à certains égards discriminant, notamment pour ceux ne se sentant pas à l’aise avec l’application de ses règles.
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Enquête Harris Interactive pour L’OBS réalisée en ligne entre le 8 et le 11 février 2016. Échantillon de 1022 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région d’habitation de l’interviewé(e).
Lire Les Français et la réforme de l’orthographe
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