Comme chaque année, l’Insee propose dans « France, portrait social » le bilan des évolutions économiques et sociales observées au cours de l’année écoulée. Cette édition 2009 apporte un éclairage particulier sur les scolarités des bacheliers « de première génération », c’est-à-dire issus de familles dans lesquelles aucun des parents n’est titulaire de ce diplôme. Elle s’intéresse aussi aux métiers et parcours professionnels des hommes et des femmes et aux évolutions de salaires des seniors. Une vue d’ensemble, composée de chapitres thématiques, dresse le portrait de la société française en matière de démographie, éducation, emploi, salaires, revenus, redistribution, conditions de vie et inégalités sociales. Elle est complétée par une trentaine de fiches qui commentent les chiffres essentiels sur des thèmes spécifiques, et intègrent des comparaisons européennes.
2008 : l’année par laquelle tout à commencé
La crise économique entraîne une hausse du chômage qui a des conséquences sur les revenus et niveaux de vie des personnes, mais l’ensemble des conséquences sociales de cette crise apparaîtra dans la durée. Sur le marché du travail, il faudra attendre le redémarrage de l’emploi pour que le taux de chômage cesse d’augmenter. Cependant, les systèmes d’assurance chômage et de protection sociale peuvent, au moins pendant un certain temps, jouer le rôle d’amortisseur pour de nombreuses personnes confrontées à une perte de revenu. Il faudra un certain temps au système statistique pour appréhender l’ensemble des conséquences sociales de la crise économique et pour les mesurer avec les enquêtes structurelles. L’INSEE propose toutefois des premières indications partielles : le nombre de personnes ayant des découverts bancaires très fréquents ou ayant du mal à boucler leur budget augmente entre le début et le 3e trimestre de l’année 2009.
Le salaire réel ralentit nettement en 2008
Le pic d’inflation début 2008 et la dégradation du marché du travail sur la fin d’année freinent les salaires réels. Au-delà des indicateurs conjoncturels, les données individuelles issues des déclarations annuelles de données sociales (DADS) remplies par les entreprises permettent d’examiner plus finement les évolutions de l’ensemble des rémunérations du secteur privé et semi-public. Elles fournissent des indications sur l’hétérogénéité des situations des salariés, notamment les distributions de salaires par sexe, âge ou catégorie socioprofessionnelle. Par exemple, en 2007, les 1 % de salariés à temps complet les mieux rémunérés du secteur privé, soit 133 000 personnes, ont disposé, en moyenne, d’un salaire annuel brut de 215 600 euros, soit trois fois plus que le salaire moyen des 10 % de salariés à temps complet les mieux rémunérés, et près de sept fois le salaire moyen de l’ensemble des salariés à temps complet du secteur privé.
Les prix freinent la progression du pouvoir d’achat en 2008
Les variations de prix jouent un rôle prépondérant dans l’évolution du pouvoir d’achat en 2008 et 2009. Le pouvoir d’achat moyen ramené au niveau individuel stagne en 2008, essentiellement en raison d’une forte inflation en début d’année, mais aussi d’un ralentissement des revenus d’activité. Début 2009, à l’inverse, il augmente grâce à un fort recul de l’inflation, et malgré un net ralentissement des revenus.
L’exposition à la pauvreté monétaire dépend de la situation d’activité des personnes et de leur configuration familiale. En 2007, le taux de pauvreté monétaire est de 13,4 %, soit 8 millions de personnes. 9,9 % des personnes actives ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté alors que 15,3 % des inactifs sont dans cette situation. Parmi les actifs, le risque d’être pauvre est 4,7 fois moins élevé pour les personnes en emploi que pour les chômeurs. Toutefois, occuper un emploi ne met pas à l’abri de la pauvreté : 1,9 million de personnes en emploi vivent en 2007 en dessous du seuil de pauvreté. L’exposition à la pauvreté dépend aussi de la configuration familiale.
Les familles monoparentales, le plus souvent constituées d’une mère et de ses enfants, sont ainsi les plus touchées par la pauvreté : plus de 1,6 million de personnes vivant dans ces familles sont pauvres en 2007, soit plus de 30 % des personnes vivant au sein d’une famille monoparentale.