BlaBlaCar, lancé sous le nom de Covoiturage.fr, est le leader européen du covoiturage et met en relation des conducteurs et des passagers qui souhaitent voyager ensemble en partageant les frais liés au voyage en voiture. En croissance de 150% par an depuis sa création il y a presque 10 ans, BlaBlaCar permet aujourd’hui l’organisation de plusieurs centaines de milliers de covoiturages par mois. L’équipe dispose de 90 collaborateurs répartis sur 6 sites européens, déployant le service de covoiturage dans 10 pays.
Frédéric Mazzella, PDG et Fondateur de BlaBlaCar témoigne sur ses tours de table et ses levées de fonds via l’appui des Business Angels et de fonds. Il rappelle l’importance du business plan et du marketing dans le succès d’une l’opération financière puis propose des conseils aux futurs créateurs d’entreprise.
Nous avons fait plusieurs levées de fond après avoir déployé le service sans investissement pendant 4 ans. Lors des premières années de 2004 à 2008, les fondateurs ont investi 100k€ en tout, en plusieurs tours. En 2009 nous avons levé 600k€ auprès de business angels et d’amis. Ensuite en 2010 nous avons levé 1.25m€ auprès d’ISAI le fond des entrepreneurs de l’internet français. Enfin début 2012 nous avons levé 7.5m€ auprès d’Accel Partners, le fond anglo-saxon qui a financé des succès comme Facebook, Spotify, Rovio, Dropbox, Kayak ou bien encore LinkedIn.
A chaque levée de fonds, nous avons associé un objectif précis. C’était essentiel pour convaincre les investisseurs et pour accomplir les étapes de notre croissance une par une et dans le bon ordre.
Frédéric Mazzella, PDG et Fondateur de BlaBlaCar
Plus que le business plan, nos investisseurs regardaient surtout 3 choses :
Ensuite, le business plan n’était qu’une conséquence des hypothèses de départ avec beaucoup de chiffres en découlant, et n’offrait donc pas d’intérêt particulier étant donné le nombre d’incertitudes qu’il y avait sur le parcours.
Le plan marketing découlait des choix stratégiques. Les éléments importants étaient la manière avec laquelle nous comptions attirer nos premiers membres dans chaque nouveau pays, et l’investissement que cela pouvait représenter. C’est particulièrement sur la dernière levée qui portait sur l’expansion internationale que le plan marketing a eu son importance puisque la stratégie devait faire en sorte que le service soit utilisé rapidement par suffisamment de monde pour qu’il soit intéressant (atteindre la liquidité de la place de marché) et croisse naturellement ensuite.
La principale difficulté était de trouver initialement des investisseurs qui croyaient notre histoire possible. Il ne s’agissait pas de créer un business dans un marché existant, et encore moins de copier un business existant quelque part pour le déployer ailleurs. Il s’agissait véritablement de convaincre à la fois qu’il existerait un marché du covoiturage dans les années à venir (alors que ce marché n’existait nulle part), que nous trouverions un business model permettant de s’adapter à cette opportunité et cette ambition, et enfin que nous étions les bons entrepreneurs pour réaliser tout cela. Bref, cela faisait beaucoup d’inconnues, et au final ce sont des investisseurs extrêmement expérimentés auprès des startups internet qui ont su nous suivre, car ils avaient eux-mêmes des repères leur permettant de se convaincre que l’histoire que nous racontions pourrait se produire.
Les autres difficultés rencontrées sont ensuite plus techniques, car il s’agit d’être capable d’articuler la vision suivant tous les angles d’observation : positionnement image, angle financier, angle humain avec le dimensionnement de l’équipe, angle internationalisation, angle technique et robustesse, etc.
Le seul moyen de savoir si un bateau flotte, c’est de le mettre à l’eau !
Quand on a une idée dans l’internet, il faut rapidement faire un premier prototype, et le livrer aux internautes. Les premiers utilisateurs seront vos meilleurs amis, car ils vous indiqueront les améliorations à apporter. Essayer de choyer un produit pendant des mois avant d’en sortir une première version est dangereux et est souvent une perte de temps. Il vaut mieux initialement sortir rapidement un produit imparfait et écouter les conseils des utilisateurs pour l’améliorer, qu’essayer de deviner en amont quelles seraient ces demandes alors que l’on n’a pas encore d’utilisateurs.
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Un article de notre dossier Business Angels et financement de startups
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