Lancée en juin 2013 sur iPhone et Android, l’application mobile Lydia est une application permettant de payer de portable à portable et de transformer ainsi son téléphone en terminal d’encaissement de carte bancaire. Elle permet ainsi à tous les particuliers, mais également aux 1,5 million de professionnels n’acceptant pas la carte bancaire de pouvoir y remédier.
Pour cela, les deux utilisateurs téléchargent gratuitement l’application et y lient leur carte bancaire. Le premier utilisateur (payeur) indique le montant de la transaction dans l’application, qui génère un QR code sécurisé, synonyme d’autorisation de débit de la carte. Le second utilisateur (encaisseur) scanne ce code avec l’application pour recevoir la somme indiquée. La transaction est immédiatement confirmée. La carte du premier est débitée, le compte du second est crédité. L’application permet également de faire des transactions à distance, par email ou sms.
Cyril Chiche, co-fondateur de Lydia, témoigne sur sa levée de fonds auprès d’investisseurs privés partageant la vision et le projet de Lydia. Il rappelle l’importance du business plan, du business model et du marketing dans le succès d’une l’opération financière puis dispense ses conseils aux futurs créateurs d’entreprise et porteurs de projets.
Quelles furent les principales étapes de votre levée de fonds ?
Nous avons commencé à réfléchir au concept de Lydia il y a environ 2 ans. La levée de fonds n’était pas alors notre priorité. En effet, nous avons choisi d’avoir un produit qui tienne la route avant de commencer à penser aux fonds dont nous avions besoin. L’objectif était d’arriver auprès des investisseurs avec une application déjà aboutie et, avant toute chose, une vision du marché. L’idée était de présenter une solution efficace à un réel besoin du marché. Cela nous a évidemment pris pas mal de temps en amont, mais nous a également permis d’avoir quelque chose de concret à valoriser.
Il s’agit de la première levée de fonds réalisée par l’entreprise.
Pour réaliser cette levée de fonds et séduire les investisseurs, nous avons réalisé un business plan, ainsi qu’une présentation rapide de l’entreprise et de son plan d’action sur une période courte (celle à laquelle était dévolue cette levée de fonds). L’expérience et le réseau personnel ont beaucoup aidé pour la suite.
L’ensemble de l’opération s’est bouclée assez vite (3 mois). La levée de fonds a ainsi été faite en juin 2013. Elle était d’un montant de 600K€, auprès de business angels privés, n’ayant aucun rapport avec les banques. Il s’agit de personnes qui croient à la fois à notre vision, notre projet et les hommes investis dans Lydia, mais aussi de personnes au réseau personnel fort nous permettant d’accélérer notre développement.
Nous restons, Antoine Porte, mon co-fondateur, et moi, significativement majoritaires.
Dans les mois à venir, nous avons pour projet d’accélérer le développement commercial et marketing de Lydia, avec notamment le recrutement d’une dizaine de personnes.
A terme, notre objectif est d’être le leader du paiement mobile en France et de faire de Lydia un nom commun.
Quel intérêt les investisseurs ont-ils accordé à votre business plan et à votre plan marketing ?
Les chiffres indiqués dans le business plan ne sont évidemment pas d’une très grande importance en phase de démarrage. Les investisseurs savent bien qu’ils ne seront jamais exactement la réalité. En revanche ils sont le reflet clair de votre vision du développement. Où allez-vous investir et dans quelles proportions ? Vos hypothèses sont-elles raisonnables ou totalement farfelues ? Enfin il révèle aussi votre relation aux chiffres, une donnée importante dans la gestion d ‘une entreprise.
Le plan marketing, mais plus généralement le plan d’actions est évidemment ce sur quoi les investisseurs passent le plus de temps et vous challengent le plus. C’est à ce moment là que l’on doit impérativement montrer que l’on connait parfaitement son marché et que l’on a une vision claire de la manière dont on souhaite s’y attaquer.
Quelles furent les difficultés rencontrées lors de cette recherche de fonds ?
Nous avons eu la chance d’avoir une levée de fonds assez simple avec des investisseurs très sensibles à notre vision des choses. La principale difficulté de toutes les levées de fonds est évidemment le temps que cela consomme et qui est par nature non utilisé à l’opérationnel. Mais cela fait partie du jeu.
Quels conseils inédits donneriez-vous à un entrepreneur en recherche d’investisseurs ?
L’important à notre sens est d’amorcer le projet bien en amont de la levée de fonds. Le fait d’arriver auprès des investisseurs avec une application déjà bien aboutie a bien évidemment favorisé la levée de fonds.
Cela nous a permis de concrétiser les usages possibles de notre service sur le marché. Au-delà d’un vague projet, il est primordial de s’adresser aux investisseurs potentiel avec du concret et de leur proposer de venir accélérer le projet déjà abouti, ce qui les rassure.
Par ailleurs, il est important de montrer la viabilité du projet :
- Par une analyse de marché pertinente : nous avons décidé d’améliorer un concept qui a déjà fait ses preuves à la fois dans des pays très développés sur ces technologies (Japon, USA) mais également dans des pays dont beaucoup ne soupçonnent pas le succès du paiement mobile (Kenya),. En effet, le paiement mobile connaît dans ces pays une croissance en flèche. Il n’y avait donc aucune raison que la France, avec un niveau de maturité situé entre ces 2 extrêmes, ne suive pas. De plus, nous avons amélioré les solutions existantes sur ces marchés, pour proposer la meilleure solution de paiement mobile pour le marché français.
- Par la démonstration que notre solution répond à un réel besoin. Les initiatives autour du paiement mobile en France sont multiples. Mais aucune ne répond à un réel besoin du marché. Aujourd’hui, la problématique est la suivante : la monnaie, initialement créée pour simplifier les échanges entre personnes, est devenue un casse-tête. Le chèque, la carte bancaire, la petite monnaie, les titres restaurant , les chèques vacances… les modes de paiement se multiplient mais aucun n’est universel. L’idée était de proposer un mode de paiement fonctionnant partout : payer de la même manière chez son médecin qui n’accepte pas la carte bancaire, son voisin qui n’a pas de monnaie, son boulanger qui ne prend plus les chèques… C’est ce que nous proposons.
Pour réaliser une levée de fonds, il faut arriver avec un projet solide, ayant une valeur ajoutée certaine et répondant à un réel besoin.
Comme je le disais, la principale difficulté de toutes les levées de fonds est évidemment le temps que cela consomme, mais la clé de la réussite passe par cette phase amont très chronophage.
Enfin, n’ayez pas peur de dire la vérité. Très peu d’investisseurs croient aux contes de fées.
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Un article de notre dossier Business Angels et financement de startups
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