La crise de l’emploi touche toutes les couches de la population, y compris les diplômés de l’enseignement supérieur. Parmi les différentes étapes de la vie professionnelle qu’il faut savoir négocier, le cap des 50 ans est sans doute, dans la situation économique actuelle, le plus délicat.
Pour le préparer, il faut construire son point de force.
À la fin de leurs études et pendant les quatre ou cinq premières années de leur activité professionnelle, les diplômés de l’enseignement supérieur sont recherchés pour leur rapidité intellectuelle, leurs connaissances techniques parfaitement à jour et le dynamisme de la jeunesse ; bref, on attend d’eux qu’ils soient de jeunes experts, dynamiques et opérationnels sur le terrain.
Le plus souvent, les employeurs font ensuite évoluer leurs jeunes recrues d’une fonction à une autre, les poussant progressivement vers des responsabilités plus larges : manageurs, chefs de projets, responsables internationaux …
Jusqu’au jour où le contenu technique de leur activité est presque totalement remplacé par de la planification, de la gestion et de l’encadrement. Ce sont, désormais, leurs compétences d’organisateur, de gestionnaire, de négociateur qui sont appréciées et valorisées chez ces cadres devenus expérimentés. Ils sont devenus des généralistes.
Ce qui amène, à 40 ans, la plupart des cadres à des postes enviables et enviés, mais sans spécificité particulière. Ils sont devenus d’excellents chefs de projets, directeurs d’unité de production, directeurs commerciaux, directeurs généraux, etc. Leur compétence technique pointue des premières années s’est estompée sans avoir été remplacée par une autre, mais pourquoi s’en préoccuper puisque personne ne le demande !
Tout va donc bien dans le meilleur des mondes : on s’éclate dans son travail, la famille s’agrandit et s’épanouit dans un environnement agréable, la résidence principale est belle et les remboursements de crédit ne posent pas de problèmes !
Jusqu’au jour où (à 45 ans, par exemple) un projet stratégique de développement de l’entreprise entraîne une redistribution des cartes dont on sera exclu.
« Votre compétence personnelle n’est pas en cause, mais les décisions politiques doivent rester cohérentes jusqu’au bout », s’entend-on dire par son chef… et ami.
C’est donc sans joie, mais sans angoisse non plus, qu’on se lance sur les chemins oubliés de la recherche d’emploi.
Quelle surprise, alors, de s’apercevoir qu’il y a beaucoup d’excellents directeurs généraux,… sur le marché ! Certains même, plus jeunes (eh oui, avec l’expérience, on a aussi pris de l’âge) et donc plus flexibles et moins chers.
Comment se faire remarquer dans cette foule ?
En étant unique ! En mettant en valeur le savoir-faire distinctif qui rend une personne incontournable.
Nous y voilà, il faut redevenir un expert, pas forcément technique comme en début de carrière mais expert tout de même. Bien sûr, cela réduit le champ des possibles, mais, dans les domaines choisis, on devient le seul candidat sérieux.
Mais comment peut-on avoir un savoir-faire distinctif à 45 ans quand on est, depuis 20 ans, un cadre généraliste ?
Le mieux, bien sûr, est d’avoir anticipé pour préparer le cap des 50 ans, travaillé sur ses compétences, ses aspirations, les besoins futurs du marché lorsqu’on était en pleine prospérité.
Que représente une journée par mois pour faire le point sur sa vie professionnelle, rencontrer d’autres professionnels, s’ouvrir au monde extérieur ?
Pourtant, bien peu de cadres prennent réellement le temps de le faire. Rien n’est perdu pour autant car beaucoup préparent leur savoir-faire distinctif, sans le savoir.
Un peu de réflexion sur le passé, un peu de travail sur soi-même, probablement l’aide d’un œil extérieur (un ancien collègue de travail, un coach ou un outplacer…) et miracle! La perle jaillit du CV !
Tout à coup on redevient un expert : spécialiste des marchés asiatiques ou des marchés publics, expert des relations sociales ou de la formation, rompu aux questions environnementales ou aux négociations complexes…
La liste est infinie. A chacun son créneau.
Il ne reste plus, alors, qu’à se bâtir un nouveau projet.
Il entraînera souvent des changements dans le mode de vie, l’environnement de travail, le lieu géographique d’habitation…
Mais ce retour sur son passé permet de se lancer dans une nouvelle carrière, plus proche de ses compétences et de ses valeurs et de repartir vers le succès, de ressentir le frisson d’un nouveau départ.