Il y a dix jours, j’ai tenté de mener quelques réflexions quant à la crise de la zone euro. Après l’accord européen conclu le 21 juillet au soir, il me semble que quelques remarques de bon sens soient nécessaires. Ces interrogations sont purement économiques sans aucun a priori politique.
En tant que Conseil Indépendant en Gestion de Patrimoine, j’applaudis « à deux mains » cet accord car il permet à mes clients de voir leur portefeuille Actions sauvegardé, et en tant qu’épargnant, je bénéficie du même traitement positif…. du moins à court terme.
En tant que citoyen européen avec quelques vagues notions d’économie, je m’interroge. Pourquoi des États doivent-ils sauver la Grèce, laquelle est financée par des bailleurs de fonds privés ?
Les raisons invoquées sont la sauvegarde des marchés financiers ou la sauvegarde de la zone euro… peut-être également la sauvegarde des égo des politiciens qui seraient dans les livres d’histoire, ceux ayant sombré avec l’euro…
Chute du prix des actions et valeur des sociétés
Qu’est-ce que les marchés financiers ? Parle t-on de la bourse ? Dans l’affirmative, la bourse représente le prix des sociétés, mais absolument pas leur valeur, surtout actuellement. Par exemple, la valeur de Vivendi, Axa, GDF Suez, Lafarge, est représentée par leurs résultats financiers, traduits généralement par leurs cash flows ou éventuellement par leurs bénéfices pour utiliser des notions plus simples. La valeur de l’action Vivendi est certainement proche de 30 euros (actualisation des cash flows futurs) alors que son prix est aujourd’hui de 17 euros ; le prix représente l’équilibre entre l’offre et la demande d’investisseurs qui prend largement en compte les aspects psychologiques, donc émotionnels. En effet, si ce prix était rationnel, il serait équivalent à la valeur, ce qui n’arrive quasiment jamais.
Nous voyons bien que ces deux notions divergent sensiblement. Si les marchés financiers, c’est-à-dire les prix des actions chutent lourdement du fait des craintes des investisseurs, qu’en avons nous à faire puisque ceci n’influence nullement la valeur de ces mêmes sociétés ?
Cette notion de marchés financiers souvent mis en avant par les politiciens, économistes ou journalistes, est très différente des aspects liés au financement des sociétés ou de l’économie, ce qui s’est passé en 2008 lorsque les banques ne faisaient plus de crédits. Serait-ce la même situation si la Grèce avait fait défaut sans intervention franco-allemande ? Nullement, puisque le financement grec est circonscrit au sein des banques françaises. Récemment le PDG de l’une des plus grandes banques européennes, BNP Paribas, l’indiquait clairement lors d’une interview télévisée.
Pourquoi pas une restructuration privée de la dette grecque ?
En outre, les bailleurs de fonds privés auraient restructuré la dette grecque.
En outre, nos amis grecs ne vont-ils pas souffrir pendant des décades avec une austérité imposée par les États européens pour soi-disant les sauver ?
Les contribuables européens sont ceux qui vont payer la note. 15 milliards de plus pour la France d’ici 2014 comme annoncé le 22 juillet par Matignon.
Pourquoi ne pas avoir laissé les bailleurs financiers restructurer la dette de la Grèce en lui permettant, si cela s’avérait nécessaire, de sortir de l’euro et de dévaluer sa monnaie ?
Les bailleurs financiers savent parfaitement restructurer une dette, ce qui est usuel dans le mondes des affaires : ces dernières années, citons Disneyland Paris ou Eurotunnel, dans le passé des États notamment en Amérique Latine. Ceci n’est pas dramatique et permet de soulager financièrement l’emprunteur.
Enfin deux dernières réflexions :
- Depuis des mois, on nous dit que le sauvetage de la Grèce doit éviter le défaut de paiement, tant craint par les politiciens et la BCE. Or, le 22 juillet à la première heure, l’agence de notation Fitch a annoncé un défaut de paiement de la Grèce !
- Le sauvetage de la Grèce a été mentionné comme exceptionnel, mais qu’adviendra t-il des autres pays qui auraient également besoin de dévaluer leur monnaie pour être davantage compétitifs ? La Grèce va payer 3,5% de taux d’intérêt au moment où l’Espagne se finance à un taux d’intérêt supérieur…
Est-ce que les citoyens européens seraient favorables à ce sauvetage s’ils devaient s’exprimer dans les urnes ? Je m’interroge quant au bon sens économique dans l’appréhension des solutions relatives aux dettes des États européens.
Lire la première partie de cet article : Crise de la zone Euro, et alors ?
bleines
25 juillet 2011 à 10:47
Attention danger : au cas où il n’y aurait pas d’accord entre les démocrates et les républicains quant à l’augmentation du plafond de la dette aux Etats Unis d’ici le 2 août, les agences de notation dégraderaient la note de crédit de ceux-c. Dans ce cas, les marchés financiers vont trembler voire s’effondrer bien plus que pour la dette grecque.
En effet, les Etats Unis représentent encore plus du tiers de la création de la richesse mondiale (PIB), et par conséquent lorsqu’ils toussent, le monde s’enrhume, surtout l’Europe……