Le Lateral Thinking fait partie de la panoplie des outils du planneur stratégique, rendant le planning stratégique plus efficace.
La pensée latérale, ou Lateral Thinking, a pour objectif d’obtenir des idées nouvelles, des idées inattendues. Pour atteindre cet objectif, le « penseur latéral », ou Lateral Thinker, doit pouvoir modifier sa perception du monde. Le cerveau préférant le confort de modèles pré-construits, que ce soit personnel ou culturel, il n’est pas naturellement enclin à modifier notre perception. La pensée latérale, c’est ainsi la capacité à penser hors du cadre,
« outside the box ».
Les origines du Lateral Thinking
Si on remonte un peu dans le temps, les concepts de « pensée divergente » et « pensée convergente », ont été tout d’abord introduits par le psychologue américain Joy Paul Guilford en 1956, et développés au cours des années suivantes. L’idée de penser hors des sentiers battus se répand dans le courant des années 1960 dans le monde des consultants en entreprise.
Plusieurs auteurs revendiquent sa popularisation, notamment Mike Vance, qui travailla avec Walt Disney et Steve Jobs, ou John Adair, spécialiste britannique du leadership.
Reprenant le concept de la pensée divergente et le principe de la pensée hors des sentiers battus, la pensée latérale, ou Lateral Thinking, est un concept développé dans les années 1960 par Edward de Bono, spécialiste maltais des sciences cognitives. Expliquée pour la première fois en 1967 dans son livre The Use of Lateral Thinking, la pensée latérale est associée à plusieurs techniques de créativité. Edward de Bono a publié par la suite de nombreux livres sur ce thème et plus généralement sur les moyens de développer sa créativité. À sa suite, l’auteur Paul Sloane a également contribué à populariser ce concept, notamment dans des livres d’énigmes et problèmes.
Très vite popularisée, la pensée latérale est aujourd’hui la base de tous les groupes de brainstorming.
Edward de Bono explique le Lateral Thinking
Comment l’utiliser le Lateral Thinking ?
Le Lateral Thinking est défini par opposition à la pensée verticale, c’est-à-dire poser un problème et valider étape après étape les hypothèses de réalisation de ce problème. Si ces hypothèses ne permettent pas de résoudre le problème, elles sont rejetées et oubliées.
La pensée latérale favorise l’innovation, en considérant que l’imagination d’une solution impossible ou irréaliste peut servir d’étape à la découverte d’une solution possible, potentiellement innovante. Les étapes considérées comme impossibles ou illogiques servent alors de tremplin vers d’autres idées, elles-mêmes réalisables ou non, jusqu’à l’obtention d’une solution valide. La base de la pensée latérale consiste ainsi à réaliser des sauts discontinus, éventuellement dans le domaine de l’impossible, souvent irrationnels, mais toujours dans une optique de changement. Au final, la solution proposée fait sens !
C’est ce mode de pensée qui permet les ruptures technologiques et qui est d’ailleurs utilisé par bon nombre de géants industriels.
Edward de Bono explique que la provocation est l’un des principes fondamentaux de la pensée latérale, car elle est l’outil par lequel le penseur latéral obtiendra de nouvelles idées. Selon la manière habituelle de penser, soit la façon logique, on est astreint à dire des choses qui ont du sens, c’est-à-dire qui correspondent à notre expérience et à ce que l’on a dit précédemment.
La provocation a pour principal bénéfice de permettre au penseur d’affirmer quelque chose qui trouvera sa raison d’être à posteriori.
Voici quelques exemples de la façon dont peuvent s’effectuer les opérations de provocation :
- Exagération du problème
- Inversion des objets considérés (« PO : Les avions devraient pouvoir atterrir sur le dos »)
- Inversion ou exagération du problème
- Distorsion des faits
- Détournement de l’usage (« PO : Les voitures devraient avoir des roues carrées »)
- L’utopie
- Technique de l’échappée, qui consiste à s’échapper volontairement de la piste principale, grâce aux techniques citées ci-dessus par exemple
- Utilisation de mot tiré au hasard dans le dictionnaire comme stimuli, pour rebondir vers une autre voie de réflexion
Penser hors des sentiers battus, « Think outside the box », c’est essentiellement penser hors de la pensée usuelle, c’est-à-dire être créatif. Selon Edward de Bono, notre pensée se situe à l’intérieur d’une boîte constituée de contraintes, d’attentes, de conceptions prédéterminées et de perceptions que nous utilisons lorsque nous pensons à l’intérieur de celle-ci. La provocation, lorsque l’on souhaite trouver de nouvelles idées, est de penser à l’extérieur de cette boîte et de s’échapper de celle-ci en modifiant différents paramètres.
Les limites du Lateral Thinking
Malgré le sentiment d’innovation qu’apporte cette méthode, elle fut néanmoins critiquée par certains. Le Professeur Robert J. Sternberg, ainsi que le psychologue cognitif Robert Weisberg, félicitent le succès commercial de ce processus, cependant il questionne sa réelle efficacité et sa fiabilité. En effet, si cette pratique est une réussite auprès du grand public, les experts la remettent en cause souvent pour son manque d’originalité en soi.
Si l’on suit un processus linéaire de pensée étape par étape et selon la logique, on écarte les propositions lorsqu’elles ne sont pas “réalistes” ou “impossibles à mettre en place”. Aussi, si l’on s’entête dans le processus du lateral thinking, on peut se convaincre de suivre des raisonnement irréalistes et si certains d’entre eux devient des traits de génie, d’autre tendent à devenir des “fausses-bonnes-idées”, et au lieu d’avoir un résultat original, auront un résultat incompréhensible car trop éloigné de la réalité.
Quelles conclusions ?
Le Lateral Thinking est alors une méthode qui permet la confrontation et qui aborde en même temps différents points de vue, sans censure. C’est la confrontation de ces points de vues divergents qui peut permettre la création d’une nouvelle idée. Souvent remise en cause par certains pour son manque d’originalité et sa tendance à pouvoir créer de “fausses bonnes idées”, que pourrait être la place de la pensée latérale dans le planning stratégique aujourd’hui ? Dans une époque où les marques tentent de se démarquer sans cesse, cette méthode de pensée créative pourrait être un bon moyen d’identifier des insights et de sortir des sentiers battus.
Auteures : Éléonore Biberon, Anouche Lavigne, Lou Pélamourgues
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Un article de notre dossier : La boite à outils du planneur stratégique et du planning stratégique
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Ouvrages
J. P. Guilford, « The structure of intellect. », Psychological Bulletin, vol. 53, no 4, 1956, p. 267–293
« Creative and Lateral Thinking: Edward de Bono », dans Encyclopedia of Educational Theory and Philosophy, SAGE Publications, Inc., 2014
Etude
David Moseley, Vivienne Baumfield, Julian Elliott et Steven Higgins, Frameworks for Thinking : A Handbook for Teaching and Learning, Cambridge University Press, 1er décembre 2005
Web
- https://www.cahiersdelimaginaire.com/votre-laboratoire-creatif-sylvie-gendreau/la-pensee-laterale
- https://www.lesechos.fr/1995/07/pensee-laterale-861448
- Talent Différent – Edward de Bono, La pensée latérale – Juin 2012. http://www.talentdifferent.com/la-pensee-laterale-edward-de-bono-2132.html
- Best practices – Innover avec le Lateral Thinking – Mai 2017. https://www.bestpractices-si.fr/publications/etat-de-l-art/innover-avec-le-lateral-thinking-pensee-laterale
- Créativité.net – La pensée latérale et la pensée créative, une présentation vidéo par Edward de Bono – 2018. https://www.creativite.net/pensee-laterale-edward-de-bono-video/
Vidéos
TEDxRome 2014, Giovanni Corazza – “Creative Thinking : How to get out of the box and generate ideas”
Pour réfléchir, seul ou à plusieurs, avec des exemples :
- 40 énigmes pour stimuler votre créativité https://ceclair.fr/40-enigmes-pour-stimuler-votre-creativite
- Le Jeu de “L” destiné à travailler sur la pensée stratégique https://fr.wikipedia.org/wiki/L_(jeu)
- Exemples https://geocaching-tof.fr/2013/04/01/mystery-pensee-laterale/