Médias et publicité

Réalisateurs indépendants et nouveaux médias

Marketing, cinéma et réalisateurs indépendants

Les nouveaux médias sont des outils indispensables pour les réalisateurs indépendants. Franck Coppola, dirigeant de la société Hexaglobe précise l’utilité marketing des nouveaux médias pour les réalisateurs indépendants : création de lien avec les spectateurs, augmentation de la fréquentation en salles et du trafic dans les festivals, contribution au ciblage…

Les nouveaux médias sont des outils indispensables pour les réalisateurs indépendants.

Franck Coppola, dirigeant de la société Hexaglobe  précise l’utilité marketing des nouveaux médias pour les réalisateurs indépendants : création de lien avec les spectateurs, augmentation de la fréquentation en salles et du trafic dans les festivals, contribution au ciblage…

Comment les producteurs indépendants peuvent-ils attirer l’attention et maintenir le dialogue avec le spectateur ?

J'ai un job dans la com', par Serge-Henri Saint-Michel

La première étape c’est bien sûr de communiquer sur le film en cours de production, envoyer des photos sur Facebook pendant le tournage, faire monter l’envie de voir le film lorsqu’il sera disponible tout en montrant qu’il y a derrière un vrai travail et l’engagement de toute une équipe. La plupart des gens ne savent en effet pas tout ce qu’il y a comme travail derrière un film. Leur donner ces informations est à la fois informatif et aide en même temps à prendre conscience de la valeur de l’œuvre. Il est également possible de réaliser des interviews des principaux acteurs ou de personnages réels ayant inspiré le film. Bref, tout faire pour que le projet soit attendu avant même sa sortie. Une fois le film en salle, il faut continuer à alimenter le buzz avec des anecdotes, des secrets de tournage, des interviews. Tout cela bien sur doit se préparer en avance. Mais cela coûte infiniment moins cher qu’une campagne d’affichage dans le métro et l’impact peut être significatif une fois que l’on arrive à susciter un intérêt chez les internautes.

Une proximité spectateur / film réduit le piratage ?

Clairement oui. Dans le piratage, il y a un phénomène « robin des bois ». Les gens qui piratent se rassurent en se disant que celui à qui ils causent un préjudice est une multinationale qui brasse beaucoup d’argent et donc qu’ils ne font pas de mal en lui causant un manque à gagner. Au contraire s’ils se sentent proche de l’auteur et apprécient son travail, un coté affectif se crée et ils auront plus tendance à vouloir l’aider à continuer à produire des contenus qu’ils apprécient.

Les nouveaux médias peuvent-ils à eux seuls contrebalancer la baisse de fréquentation du cinéma ?

Aujourd’hui bien sur il serait illusoire de croire pouvoir se passer d’une diffusion en salle. Mais l’audience de la VOD a fortement augmenté ces dernières années et avec l’apparition des télévisions connectées et la connexion massive des jeunes générations, il est inévitable que les nouveaux média deviennent le deuxième canal de diffusion après le cinéma aussi bien en diffusion payante que gratuite. La diffusion sur support physique (DVD) est à mon avis amenée à disparaître à moyen terme.

Mais il y a un dernier « obstacle » à faire sauter. Alors que la plupart des producteurs n’ont aucun problème à ce que leur films soit diffusé sur une chaîne de TV gratuite (et donc financé par de la publicité), ces mêmes producteurs refusent encore l’idée que l’avenir puisse être sur des plateformes de diffusion gratuites mais monétisées par la publicité. Je pense que les deux doivent exister, de même qu’à la télévision : une première diffusion payante à péage et des diffusions ultérieures sur des plateformes gratuites.

Franck Coppola, Dirigeant et fondateur d’Hexaglobe

Franck Coppola, Dirigeant et fondateur d’Hexaglobe

Car d’une certaine façon le consommateur prend un « risque » (celui de perdre quelques euros mais n’oublions jamais que c’est une somme non négligeable pour de nombreuses familles) lorsque il décide de payer pour voir une œuvre en VOD. Ce risque il le prendra s’il est sur de ce qu’il va voir. Et on favorise donc nettement les « blockbusters » : lorsque quelqu’un paie pour voir un « James Bond » il sait d’une certaine façon ce pour quoi il paie. Lorsque l’on parle de cinéma indépendant avec un pari artistique fort, il y a effectivement en général plus d’incertitude sur ce que l’on va voir. Cela crée du piment mais c’est aussi un risque que le public n’assume pas forcément.

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A l’inverse, l’audience gratuite permet de tester des choses que l’on n’aurait pas payé pour aller voir mais que l’on aimera peut être. Cette audience gratuite est donc importante pour initier les gens et faire en sorte qu’ils deviennent des clients payants à l’avenir. C’est comme pour la musique, les gens écoutent d’abord gratuitement les disques à la radio ou chez des amis avant d’aller les acheter. S’ils n’ont pas la possibilité de découvrir gratuitement un nouveau groupe, ils n’achèteront jamais ses disques. On en revient au point précédent : l’audience gratuite est importante de même que l’audience payante. Mais c’est une erreur de la laisser au piratage.

Comment les nouveaux médias peuvent-ils appuyer les festivals et prendre leur relai post-événement ?

Certains festivals sont destinés à faire la promotion de films qui vont prochainement être diffusé sur les marchés traditionnels. Et pour ceux la, il est bien sur impensable de réaliser une exploitation des films sur les nouveaux média avant leur sortie en salle.

Mais d’autres festivals comme notamment tous ceux concernant le cinéma étranger font découvrir au public des films qui pour la plupart n’auront pas de vie en salle en France. Pourtant on va dépenser des sommes importantes pour sous-titrer des copies, réaliser une traduction, etc, … Et les gens qui n’auront pas assisté au festival ne pourront pas voir ces films. La plupart du temps ils ne les trouveront ni en salle, ni en DVD.

Pourtant, que ce soit dans le cadre d’un cours de langue ou par intérêt personnel, les gens peuvent souhaiter voir du cinéma italien, chinois, russe ou de tout autre pays. Et ils peuvent justement être à la recherche de films plus confidentiels qui montrent la réalité de la vie dans le pays plutôt que de gros blockbusters. Ce marché n’est peut être pas énorme mais la traduction ayant déjà été faite et la distribution numérique étant peu onéreuse, il est dommage de ne pas prolonger ces festivals en offrant la possibilité aux internautes d’accéder à tous ces films.

Ceci pourrait d’ailleurs être financé par les consulats étrangers qui sont toujours heureux d’avoir une fenêtre pour faire connaitre la culture de leur pays. Ici le rapport entre l’investissement et le résultat potentiel est très favorable.

Comment utiliser les nouveaux médias pour prolonger la vie commerciale d’un film indépendant ?

Tout simplement en permettant aux gens intéressés de le voir. La plupart des magasins de location de DVD n’ont pas la possibilité de stocker tous les films indépendants. Ceux de vente non plus. Reste les gros VPcistes genre Amazon qui eux ont effectivement du stock. Mais entre l’achat et la réception du colis il s’écoule plusieurs jours ce qui crée une véritable barrière psychologique à la commande.

L’idée est simple : si quelqu’un entend parler d’un film et qu’il souhaite le regarder, il ne doit pas avoir à attendre. Il doit pouvoir réaliser un achat d’impulsion. Et il doit être plus simple pour lui de réaliser cet achat d’impulsion que d’aller sur une plateforme pirate pour le télécharger. Combien de producteurs indépendants proposent sur leur site d’envoyer un chèque pour recevoir un DVD alors que des dizaines de liens Google proposent de télécharger l’œuvre gratuitement et illégalement pour l’avoir dans les vingt minutes ! Face à une telle proposition, une très faible partie des internautes enverra un chèque, une autre partie se dira qu’elle le fera un jour et oubliera de le faire (entre temps leur soirée aura été occupée par autre chose) et une autre partie utilisera les liens pirates. Si le site du producteur avait proposé de payer pour voir le film en streaming en ligne, des dizaines d’internautes auraient été détourné du piratage ou auraient payé immédiatement sans remettre cet acte à demain.

Enfin, les nouveaux médias ne sont-ils pas trop segmentants pour pouvoir permettre aux indépendants de s’adresser à une cible large ?

C’est une question intéressante. La segmentation tend à restreindre l’internaute dans sa paroisse et à freiner la découverte de nouvelles choses. C’est à la fois un danger et une opportunité. Un danger car une fois que l’on est identifié par une communauté il peut être difficile d’en sortir sous peine de décevoir. Mais une opportunité car les circuits marketing sont en général simples à identifier : Il y a quelques communautés à cibler pour promouvoir un produit et si le produit leur convient elles se chargent d’en faire la promotion par bouche à oreilles. On peut donc pour un budget très réduit faire connaitre un artiste.

Le but des indépendants n’est de plus pas forcément de s’adresser à un public très large mais d’aborder un sujet donné et de faire une œuvre qui aura du sens pour ceux qui vont la regarder et ne sera pas une simple distraction. Dès lors, la segmentation des nouveaux médias peut justement aider à cibler ce public et surtout à le toucher y compris lorsqu’il est peu présent dans une zone géographique donnée.

A lire : La Télévision connectée à la recherche de son business model

(c) ill. Shutterstock – Photo of an old movie projector

1111 Citations de Stratégie, Marketing, Communication, par Serge-Henri Saint-Michel
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