Développer le temps passé sur la plateforme Tinder est le premier objectif qui peut venir à l’esprit. Mais quel intérêt l’appli aurait-elle à allonger le temps passé sur la plateforme, qui, pour l’instant n’a pas de publicité ? Ou alors l’idée est de développer le trafic en général, dans un but de valorisation de la plateforme. Mais nous ne sommes plus en 2000 et Tinder semble faiblement sensible aux effets de réseau du fait de la structure estimée de son algorithme). Je pense plutôt que la revisite intéresse Tinder (d’où le score d’activité), pour avoir des profils qui varient inlassablement, et d’une qualité sans cesse optimisée.
Tinder, le Miroir-caisse
En effet, l’algorithme permet de sélectionner les meilleurs profils et de les afficher chez les nouveaux utilisateurs (renforçant ainsi la performance des profils déjà mieux scorés), mais aussi, pourquoi, pas, en Home. Un dispositif Hook and Bait en somme. Pas nouveau. Dans la phase de solvabilisation, Tinder pourra faire payer les utilisateurs pour que leur profil remonte en Home et dans les profils suggérés etc. La formule devra donc s’adapter à l’arrivée de ces payeurs : quel poids leur donner ? Pendant combien de temps ? Paiera-t-on pour être plus vu et / ou pour voir de meilleurs profils ? Les matchs auront-ils ensuite la même valeur ? Enfin, une telle piste n’est valable, sous peine d’incohérence, que si elle est poursuivie sans que l’appli passe au payant.
Le deuxième objectif se profile ensuite : sélectionner les meilleurs profils dans le cadre d’une folksonomy. De quoi vous dégoûter si vous êtes mal scoré. Justement, c’est aussi un objectif ! Tinder ne peut s’accommoder de profils « boulets » mal notés, avec un faible match. L’utilisateur est jugé à sa mine et à sa bille. Superficialité, je vous l’accorde, mais le sujet n’est pas là. Tinder n’est donc pas seulement, s’il fallait le rappeler ou s’en convaincre, le miroir d’une population-cible pour des prédateurs visuels, mais un prisme déformant orienté vers le tiroir-caisse. Et nous formons sans vergogne le néologisme Miroir-caisse.
Tinder poursuit des objectifs dans la même veine que ceux des autres sites de rencontre ou même des outils de recherche : il recèle un outil de sélection, d’extraction, d’affichage… dénué de toute neutralité car orienté par un impératif économique. Et sans transparence, comme Google, à la différence (relative) de Airbnb.
En somme, l’algorithme de Tinder et la liqueur du Coca-Cola sont similaires : les concurrents veulent la recette de ce produit sucré et addictif qui évolue légèrement… mais reste un mystère.
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Nous vous invitons à
- Lire l’article précédent : L’algorithme de Tinder et le Coca-Cola, qui en décrit la structure
- Poursuivre votre lecture avec notre dossier Marketing des sites de rencontres.
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