L’accès à la musique par le biais des objets connectés change-t-il notre rapport à celle-ci ? Et comment ?
Les industries regorgent d’idées pour révolutionner notre quotidien.
Dans le domaine musical, on assiste à un réel engouement pour ces nouveaux objets qui permettent une consommation pratique et ludique. La musique est ici à notre… portée.
Dans ce contexte apparaissent des objets tels que des enceintes connectées, des écouteurs connectés, des ampoules/ baffles connectées… Grâce à eux, la musique s’écoute n’importe où et n’importe quand.
Mais l’internet des objets va bien plus loin.
Vers une découverte renforcée
Dans les modes d’écoute actuels de la musique, le consommateur cherche à découvrir toujours plus de nouveautés : derniers morceaux, artistes.
Certains outils de reconnaissance sonore comme Shazam rencontrent un grand succès. Ils permettent à l’utilisateur de reconnaître et d’enregistrer une chanson qu’il entend en soirée, dans un concert, à la radio. Ce type d’application cherche à combler cette soif de découverte et permet à l’utilisateur de nourrir sa base de données musicale.
Les objets connectés permettent ici d’atteindre un niveau supérieur dans cette quête de nouveauté. La dernière invention en date est la version bracelet de Shazam : Trak.
Si pour les plus curieux ce type de gadget peut aider à explorer de nouveaux horizons musicaux, il peut pour d’autres les maintenir dans un univers familier. En effet, certains se contentent d’écouter le même style de musique, de se rassembler avec des personnes qui partagent leurs goûts. Ils se confinent dans un domaine qu’ils connaissent déjà bien. Ce phénomène rejoint la notion d’habitus définie par Bourdieu. Les objets connectés ne font alors que renforcer les goûts pour un style bien précis.
D’autres types d’innovations sont par ailleurs capables de devancer nos envies et vont même jusqu’à choisir la musique à notre place. L’amateur de musique est de plus en plus assisté dans sa manière de consommer.
Un consommateur guidé et assisté
Depuis l’arrivée du numérique, c’est la musique qui va vers le consommateur. Il est guidé, accompagné, la musique lui est apportée sur un plateau.
L’individu se tourne vers une offre de musique dématérialisée, notamment le streaming, qui permet d’accéder à une médiathèque musicale très vaste, à partir de laquelle l’utilisateur crée ses propres playlists. Ces sites ont aujourd’hui un réel rôle de recommandation. En se basant sur les morceaux écoutés par l’utilisateur, ils sont capables de lui proposer un choix musical qui s’apparente à ses goûts. Les objets connectés facilitent aujourd’hui l’accès à ce type de plateformes et renforcent ce rôle de recommandation. Ils permettent de cerner encore plus les goûts du consommateur afin qu’on lui propose quelque chose qui lui ressemble toujours plus.
C’est le cas de Prizm, un nouvel objet connecté qui sortira en juin prochain. Grâce à deux boutons – une croix et un cœur- on pourra indiquer ses attentes à l’objet, lui même relié à des plateformes comme Spotify ou Deezer.
Ce type d’objet permet ainsi une consommation toujours plus personnalisée de la musique.
Cependant, cet internet des objets ne permet pas vraiment à l’amateur de musique de s’ouvrir à quelque chose de nouveau.
Ces évolutions connaissent ainsi des limites. Ici l’objet se contente par exemple d’enregistrer simplement des données que son utilisateur lui donne à un moment précis, sur un type de musique bien précis.
En apportant la musique au consommateur, l’ère du numérique et des objets connectés n’invite pas à la recherche spontanée du consommateur qui n’a plus besoin de réfléchir à ce qui lui plaît. Nicolas Carr met en évidence ce phénomène dans son article « Is Google making us stupid » : « Il semble que le Net érode ma capacité de concentration et de réflexion. Mon esprit attend désormais les informations de la façon dont le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Auparavant, j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais, je fends la surface comme un pilote de jet-ski. » . Cet extrait illustre en effet parfaitement ce qui est né avec l’arrivée du web. Les objets connectés n’y ont pas mis le bémol, bien au contraire.
Auteure : Flore Laffue
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Un article de notre dossier Marketing des objets connectés
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