Paroles d'experts

Le bureau, la novlangue, les anglicismes et le baragouin

Si communiquer est cohabiter, alors communiquons au travail dans une langue claire et compréhensible par tous, le français, sans la truffer d'anglicismes

Si communiquer est cohabiter, alors communiquons au travail dans une langue claire et compréhensible par tous, le français, sans la truffer d’anglicismes

Communiquer c’est cohabiter et penser l’incommunication, écrit D. Wolton. Cette publicité du CSA  montre où mène une logorrhée angliciste : elle isole le locuteur, qui ne valide pas la transmission de l’information, donne au parleur des airs assurés de celui qui maîtrise, pour finalement révéler que la langue de Shakespeare lui échappe. Dans l’intervalle, il n’y a pas eu communication, mais information déversée à sens unique ; un absurde amphigouri, un baragouin effrayant même la personne maîtrisant la langue anglaise.

Faillite de la communication en entreprise

« Les êtres humains souhaitent communiquer pour trois raisons. Partager. Convaincre. Séduire. Et très souvent pour les trois simultanément » précise le chercheur. Dans la pub ci-dessous, les trois actions manquent à l’appel.

J'ai un job dans la com', par Serge-Henri Saint-Michel

Il en va souvent de même en entreprise. L’utilisation d’un jargon, d’un sabir mâtiné de technique et de  technologie, de numérique, de chiffres, d’abréviations, de références inintelligibles… débouchent sur un charabia incompréhensible par l’initié.

L’initié… Telle est peut-être la logique de cette novlangue : affirmer un rattachement, supposer la révérence à des codes, l’obédience à une école et à une hiérarchie. Elle semble libérer celui qui l’emploie pour mieux l’aliéner, donne l’impression de faire l’amour avec les mots alors qu’elle n’est qu’onanisme dialectal. Elle contraint l’interlocuteur à entrer dans son jeu et nie l’Autre. Elle désagrège tout lien relationnel.

Et si nous tous, professionnels du marketing, prenions la bonne résolution, dès la rentrée des classes, de « produire » un « bon français », d’en « vendre » les fruits sans réticence, sans crainte de la sous-marge, du dérapage calendaire, des études d’impact pas toujours favorables ? Promis, à la prochaine réunion, on s’y met (sans procrastiner) et nous prouverons, une fois de plus, que notre magnifique langue commune est l’illustration de notre belle âme personnelle.

***

Un article de notre dossier : Emploi & fonction marketing

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Les équivalents français recommandés par le CSA, à la place, donc, majoritairement, d’anglicismes.

(c) ill. Shutterstock

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2 commentaires

1 Commentaire

  1. Mais où va le web ?

    8 août 2016 à 18:02

    Oh oh oh, je ne peux décemment pas m’empêcher d’ajouter ma petite pierre à l’édifice, ayant moi-même fait les frais d’une utilisation plus qu’abusive de Novlangue dans le milieu professionnel. En plus de ces quelques vidéo (ressortir les inconnus, quelle bonne idée !), voici un petit lexique du langage que personne n’aime, et que tout le monde emploie, servitude quand tu nous tiens : http://maisouvaleweb.fr/anglicismes-et-novlangue-en-entreprise/

  2. Marcopromo

    9 août 2016 à 18:18

    La novlangue marketing marque le retour de Trissotin, Vadius et Philaminte. Voilà pourquoi il faut « aimer Molière », comme l’écrivait déjà Sainte-Beuve !

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