On ne vient donc pas au coaching sans avoir quelque chose à changer ou à réparer. Le célibataire est aujourd’hui cet endommagé collatéral de nos sociétés libérales. Dérive d’une société libérée économiquement et sexuellement, où règne entre tous l’hyper-compétition et où l’on attend de chacun de la performance ?
Houellebecq soulève cette idée dans son Extension du domaine de la lutte : la sexualité (domaine de lutte, donc) y est triste, la connivence homme-femme insaisissable. Être laid empêcherait de séduire. A en croire le livre de Stephane Rose, Misere-sexuelle.com, la réalité a dépassé la fiction. Selon lui c’est sur cette névrose, cette faille, ce sentiment de lose que les coachs et les sites de rencontrent fondent leur business.
Ils ont encore de beaux jours devant eux.
Si vous en doutiez, voici le dernier venu dans le genre : un site de rencontres dédiée aux gens « beaux » couplé à… un site de recrutement pour les mêmes « beaux » (si vous doutiez du lien entre libéralisme économique et sexuel…). Exit les laids, les pauvres, les sans éducation. Le monde n’est pas pour eux.
Napoléon disait en son temps « Diriger, c’est vendre de l’espoir« . N’est ce pas justement ce que nous achetons sur ce site, de l’espoir ?
Largué, moche, pauvre, divorcé, pour quelques centaines d’euros, les coachs en séduction vous retoucheront comme on retouche une photo sur Photoshop, car au pays de la consommation le marketing est roi. En tant que « produit humain » vous ne faites donc plus exception.
Retour de bâton de mai 68 ?
C’est le parti que défend le journaliste du Figaro Eric Zemmour dans son livre Le premier sexe en réponse à Simone de Beauvoir. Il y fait le constat d’une féminisation croissante de l’homme post-68.
C’est de ce même constat que sont nées les « Lair », ces réunions 100% masculines, bâties sur le modèle du Fight Club où les dragueurs de la communauté se retrouvent pour échanger. On ne cache pas y venir retrouver sa virilité, et une certaine solidarité masculine.
D’Ovide aux Liaisons dangereuses, en passant par le sulfureux Alain Soral et son livre Sociologie du dragueur, à Mystery et son «évolutionnisme», tous décrivent la même société féminisée où la drague est une revanche du pauvre déclassé social, sur la (belle) femme qui n’a d’yeux que pour les puissants (les riches). Car la bataille est engagée entre tous les hommes pour se reproduire et survivre. Le prix à gagner ici, le saint Graal, c’est la femme. Hors d’atteinte pour certains, condamnés à la masturbation devant du porno (Prozac de la sexualité moderne), ce sont eux les principaux clients des coachs : jeunes, timides, ou divorcés.
Bref des célibattus de la vie, avides de célibattantes. Depuis toujours ne dit-on pas que les hommes proposent et les femmes disposent?
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