Germaine [le nom a été modifié le 27 avril sur demande de la coach], psychologue et coach chez Smoosee, réseau social permettant d’améliorer sa vie sentimentale, nous éclaire sur les insights « consommateurs ». En somme, elle nous parle d’amour. Le vrai, celui qui fait vibrer et bouleverse nos vies ; celui qui invite à des questions sur le début d’une relation, sur le manque de confiance en soi, sur l’envie de déclarer ses sentiments, les problèmes de couple, les problèmes familiaux, la sexualité…
Quelles sont les sujets que vous traitez le plus avec les membres de la communauté Smoosee ?
Le sujet qui revient le plus est celui de la rupture : comment s’en remettre, comment récupérer un(e) ex, comment se reconstruire et réapprendre à vivre sans l’autre. Cependant, même si cette difficulté est récurrente, chaque situation est unique et les problèmes rencontrés sont très différents les uns des autres. Nous traitons les problèmes de couple au sens large, allant de la fidélité à la jalousie ainsi qu’à la peur de l’engagement. La différence d’âge et de culture sont également des thèmes souvent abordés. Les personnes nous confient tous leurs questionnements à propos de l’attitude ambivalente de leur conjoint, d’une sexualité en perte de vitesse ou des problématiques liées à leur belle famille ou aux amis trop proches. Le manque de confiance en soi face à la pression du partenaire et du couple peuvent aussi être source de souffrance. La communauté dont je m’occupe est donc riche de situations et crée un intérêt toujours renouvelé pour ce sujet universel qu’est l’amour.
Avez-vous rencontré des « pathologies lourdes » ou ne sont-ce que des questions plus légères et de bons sens ?
Sans oser parler de pathologies lourdes, on peut être amené à conseiller des personnes dans une grande détresse psychologique et un profond mal être. Nous défendons l’idée qu’il n’existe pas en amour de pathologie lourde. C’est le désespoir qui nous mène à nous regarder à tort comme des malades incurables. Il convient de rompre ce mécanisme destructeur, en amenant ceux qui se confient à nous à retrouver leurs ressources, et, peu à peu, l’estime d’eux-mêmes.
L’amour est-il synonyme de peines de cœur ?
L’amour peut être synonyme de peines de cœur, oui, si on ne joue pas le jeu de l’Altérité. Il est malheureusement assez fréquent de tomber amoureux de quelqu’un qui ne partage pas les mêmes sentiments. Au-delà de ce cas de figure, on retrouve des couples qui n’ont pas su fonctionner. Quand il n’y a pas de concordance des désirs entre les deux figures du couple et que l’insatisfaction règne en maître, un couple se fissure. Le pari à prendre pour cela est souvent celui de la prise en compte de la différence de l’autre, ne pas vouloir gommer ses imperfections ou le changer mais l’accepter comme un être à part entière, une fois les temps de fusion des débuts dépassés. C’est un chemin difficile et ce ne sont pas des concepts très en vogue dans la société de consommation et de plaisir immédiat malgré l’ambition partagée de s’épanouir dans une relation à deux.
Par quoi s’expliquent les difficultés des françaises et français à « gérer » leur vie amoureuse ?
Notre société très individualisée sinon individualiste ne valorise pas la notion d’Altérité. Ce concept indispensable à l’hégémonie du couple, repose sur la conscience que l’autre est différent de nous, mais cela est peu accepté face à toutes les propositions de consommation de relation qui s’offrent à nous. En effet, il est relativement récent que l’on se marie et se mette en couple librement, sans intérêts sociaux, patrimoniaux ou parentaux à la source de cette union. Cela a conduit à idéaliser massivement l’idée même du couple et on se dit beaucoup plus rapidement que l’on s’est trompé de partenaire une fois les premiers nuages arrivés. On confond souvent la phase fusionnelle, passionnelle et finalement très adolescentrique des débuts avec l’amour véritable. Une fois cette phase achevée, les couples n’acceptent plus la difficulté, et se séparent pour aller rechercher un(e) partenaire à idéaliser de nouveau. Certains agissent de la sorte toute leur vie. De plus les conditions de vie de l’existence citadine moderne ne respectent pas forcément toujours l’harmonie du couple, entre les horaires impossible, le travail prenant et exigeant, la vie sociale à entretenir… Cependant il est capital de préserver des espaces pour son couple, pour se laisser l’occasion de murir une communication authentique. Car oui, un couple se travaille.
Quelle la place tiennent les sites de rencontres dans la création de déceptions amoureuses ?
L’amour est une équation, il y a une partie émotionnelle quand deux personnes se rencontrent, qui est difficilement palpable à travers un média comme le site de rencontre. En effet on observe une alchimie, souvent physique et inconsciente, manifeste dans le coup de foudre. Cela est lié au fait que deux individus retrouvent chez l’un et chez l’autre une problématique commune et ce qui les attire est souvent la solution inconsciente et complémentaire que l’autre peut y apporter. Nous avons tous une problématique névrotique, mais déceler celle de l’autre à travers le prisme d’un écran est parfois plus compliqué et nécessite d’être mis à l’épreuve du réel. Et bien souvent, la correspondance quasi-mathématique promise par les « match-makers » ne résiste pas à cette confrontation.
Enfin, quels sont les points de convergence et lignes de fracture en amour et sexe ?
La notion principale est la différence entre l’homme et la femme. Ils n’ont pas les mêmes désirs, ni les mêmes moyens pour y accéder. La femme est plus dans l’intériorité, de par sa physionomie d’abord, son cycle, sa capacité à donner la vie. L’homme a une sexualité plus extérieure à lui, souvent plus mécanique. L’homme doit donc prendre en compte la différence de la femme et c’est dans l’éducation réciproque que l’épanouissement sentimental opère. L’homme va être l’éducateur charnel de la femme. Celle-ci a besoin d’être éveillée à la sexualité par le biais de l’intériorité. La communication de base est donc de pouvoir parler de sa sexualité en couple. D’échanger des ressentis, d’énoncer ce qui nous plait, ou pas. En effet, une sexualité épanouie repose sur une relation sexuelle, et non un rapport sexuel. Si derrière l’acte physique il n’y a pas de relation entre deux partenaires, la vie sexuelle sera pauvre et médiocre. C’est dans la capacité à échanger des ressentis avec sa moitié qu’on permet à la sexualité de ne pas être mécanique mais exceptionnelle. Il y a donc une convergence entre amour et sexualité car dès qu’on est dans l’Altérité et dans la relation, on accède à une sexualité riche et épanouissante. La fracture se situe davantage dans la seule satisfaction des pulsions. Au-delà du simple rapport, s’exprimer sur ses émotions en couple permet d’être au plus près possible de l’harmonie. Les verbaliser permet d’atteindre une sexualité satisfaisante et qui nourrit l’amour du couple.
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