L’époque où la télévision était le seul écran dans le foyer et devant lequel toute la famille s’installait le soir, pour regarder son programme favori semble bien loin. Bienvenue dans l’ère du multi-écran, favorisée par la croissance des tablettes et des Smartphones ainsi que l’engouement planétaire pour les réseaux sociaux. Grâce à ces outils, les internautes donnent leur avis, tweetent, commentent, partagent. Ils deviennent peu à peu les néo-journalistes d’une génération. C’est alors la course au bon mot, à la petite phrase cinglante qui va être « retweetée ». Le « téléspect’acteur » se sent alors écouté, pris en considération. Pour certains, tweeter est également un moyen de se sentir proche des animateurs ou des célébrités.
Pas une émission sans son hashtag (élu mot de l’année aux Etats-Unis). En 2012, 30 millions de tweets étaient liés à la télévision. Le record de l’émission la plus commentée est l’élection Miss France avec 450 000 messages postés sur les réseaux sociaux. Depuis d’autres programmes se sont montrés plus puissants encore, dont « The Voice » sur TF1 également.
Quel intérêt pour les chaines ?
La plupart des chaînes ont intégré des « hashtags » dans leurs émissions. Cela crée de l’Audimat mais également un lien particulier avec les téléspectateurs. Derrière leurs écrans, ils commentent sans retenue, et parfois même tweetent leurs propres recommandations pour les émissions (mauvais invités, rubrique inutile, candidats appréciés…). Le « téléspect’acteur » qui parle de son programme favori est davantage engagé, loyal et devient alors l’ambassadeur de ce programme.
Les acteurs de l’audiovisuel ont recours à deux types de dispositifs pour bénéficier de la social TV : les réseaux sociaux, et les applications de second écran (dit second screen).
La recommandation, une publicité gratuite
Une récente étude du cabinet Nielsen a montré les influences positives des réseaux sociaux sur les audiences. 44% des personnes interrogées auraient regardé un programme grâce à un commentaire en parlant sur Facebook. 15% ont changé de chaine après avoir lu un commentaire sur Twitter. 35% profitent des pauses publicitaires pour commenter les émissions. 83% des 18-34 ans continuent à parler des émissions le lendemain de leur diffusion.
Par exemple, la chaîne France 2 a invité Twitter dans son émission « On n’demande qu’à en rire », en mettant à l’écran le hashtag du programme (#ONDAR) et en affichant les meilleurs tweets des téléspectateurs. Grâce à cela, le nombre de tweets comprenant le hashtag a été multiplié par plus de 60.
Pendant l’élection présidentielle de 2012, France Télévision a développé une application Facebook pour la page de l’émission « Mots Croisés » permettant aux téléspectateurs de poser leurs questions aux candidats et de suivre l’émission en direct. Une première en Europe !
Aux Etats-Unis, les différentes applications de The Voice permettent de voter, suivre des concerts en live ou encore participer à un jeu pour prédire le futur vainqueur du programme. The Voice fait figure de leader dans ce domaine et est régulièrement citée comme exemple.
Certains acteurs développent des stratégies se basant soit sur une application de second écran soit en passant par des applications tierces, soit en développant des applications dédiées. Certaines de ces applications nouent des partenariats avec de nombreux annonceurs (questionnaires et jeux au sein de l’application).
Afin de pousser encore plus loin le jeu de l’interactivité, la chaîne beINSPORT a offert la possibilité aux abonnés de commenter via Twitter un match dénué de commentaires sonores de spécialistes.
En 2013, les chaînes se lancent un nouveau défi : proposer aux téléspectateurs des applications Smartphones et tablettes permettant de commenter directement les émissions, les revoir, répertorier les astuces et bons plans… France Télévision et TF1 ont déjà les leurs.
Mesurer pour engager
La mesure de l’activité sociale autour des émissions télévisées devient désormais un indicateur de performance pour les marques et les chaînes. Les uns souhaitent savoir ce que les consommateurs disent de leurs spots TV, les autres cherchent à démontrer l’intérêt de leurs programmes. L’engagement du téléspectateur devient le nouvel objectif à atteindre et les médias sociaux se posent un nouveau baromètre. Cette mesure ne remplace pas les audiences classiques, elle vient surtout les compléter et les préciser. Médiamétrie ou encore Nielsen développent actuellement des solutions de mesure d’audience combinant Web, médias sociaux et télévision.
L’objectif principal aujourd’hui pour les chaînes est de comprendre les conversations au cœur de la social TV pour ensuite pouvoir optimiser l’activité sociale qui a lieu autour d’un programme de télévision et ainsi engager le téléspectateur.
Auteur : Marilou Vauth
Sources
- http://television.telerama.fr/television/twitter-un-bon-coup-de-pouce-pour-la-tele,88916.php
- http://www.gqmagazine.fr/pop-culture/medias/articles/twitter-va-t-il-sauver-la-television/16606
- http://www.audiencelemag.com/?article=41