Ces dernières années, l’attrait pour les produits biologiques et la sensibilité aux questions d’environnement n’ont jamais été aussi puissants. En cosmétique, on évoque même une tendance porteuse, certains n’hésitant pas à y voir l’avenir seul et unique de toute la filière. La cosmétique dite « bio » est-elle un réel label de confiance ou relève-t-elle purement d’une stratégie marketing ?
Le bio : la réponse à une attente sociale
Si la notion de produit biologique nous est familière pour les denrées alimentaires, c’est que le concept d’Agriculture Biologique, depuis 1920, est aujourd’hui intuitif pour le public. Conséquence directe, les produits bio envahissent de plus en plus notre quotidien.
A l’inverse, le terme de cosmétique biologique est plus difficile à concevoir, la cosmétique étant une activité industrielle. Pourtant, l’acte d’achat de produits cosmétiques devient de plus en plus « impliquant », suite aux diverses crises sanitaires de ces dernières années (exemple des parabens suspectés d’être cancérigènes) assorties aux préoccupations environnementales de ce siècle. Du coup, la question se pose : quelle est la pertinence de l’attribut « biologique » pour un produit cosmétique ?
La cosmétique bio en perspective
Dès la fin des années 90, la cosmétique biologique tente de répondre aux attentes du public et repose sur des valeurs communes, écologie, durabilité, transparence et respect de l’environnement, en réaction à l’évolution de la cosmétique dite conventionnelle. Ce marché s’est ainsi constitué autour d’une remise en question des pratiques de l’industrie cosmétique. Notons que la différence entre un produit de cosmétique bio et un produit conventionnel vient principalement des auxiliaires technologiques qui le composent (par exemple, pour le premier, les colorants utilisés sont naturels, alors que pour le second ils sont synthétiques). Outre leur caractère respectueux de l’environnement, les soins bio, dénués de pesticides et autres, sont moins toxiques pour le corps.
Avec tous ces atouts, une cosmétique bio peut-elle se substituer durablement, voire définitivement, à une cosmétique conventionnelle ? Il existe de nombreux obstacles avant de pouvoir envisager une généralisation des produits bio. Il y a tout d’abord un écart qualitatif (texture, parfum) même s’il diminue petit à petit grâce au travail des industriels. Il y a aussi un écart de 20% à 30 % dans le prix, le coût des ingrédients utilisés pour la cosmétique bio étant plus élevé. Mais ces obstacles sont amenés à disparaître si le marché du bio poursuit son expansion. D’ailleurs, c’est ce qui semble se profiler, à en croire l’évolution de la cosmétique conventionnelle qui n’hésite pas à qualifier de plus en plus ses produits de « naturels ».
La vraie cosmétique bio
En effet, il est intéressant de constater que, parallèlement au succès croissant de la cosmétique biologique, beaucoup de grandes marques de cosmétiques traditionnelles créent des produits naturels, de peur de perdre une partie de leur clientèle. Mais attention, naturel ne veut pas dire biologique, ce dernier adjectif étant défini par l’absence totale d’engrais chimiques, de pesticides et répondant à un label spécifique comme BDIH, ECOCERT ou COSMEBIO. Par exemple, The Body Shop ou Yves Rocher, marques dites « naturelles », ne peuvent en aucun cas se définir comme étant biologiques. Dans le même ordre d’idée, les appellations « aux plantes » ou « aux extraits naturels » entraînent de meilleures ventes, alors que les produits concernés ne sont en rien issus d’ingrédients biologiques.
Auteur : Charlène Gelder
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Reno Cudi
3 octobre 2012 à 15:12
label de confiance où stratégie marketing ? les deux mon capitaine !