Un monde plus écologique, plus économique et plus social, voilà les trois piliers du développement durable. Cette manière de concevoir le monde a entraîné l’émergence d’un flot de nouvelles théories ayant pour objectifs de rendre la planète plus bleue et ses habitants plus heureux. Ces nouveaux idéaux reposant sur la crainte collective insufflée par les discours alarmistes des médias et des politiques à base de : « il faut agir vite, sinon dans vingt ans… ». De nombreux exemples caractérisent bien l’engouement collectif pour ces théories « responsables ».
Hier encore, la France était fière de son chemin vers l’indépendance énergétique, la construction de centrales créait de l’emploi, les cales sèches des chantiers navals débordaient de supertanker, les grands projets industriels fleurissaient et le pays prenait son destin énergétique en main. Ce temps est aujourd’hui révolu.
Désormais, il faut fermer les centrales nucléaires, tapisser les toits de Paris de panneaux solaires et planter dix mille éoliennes au large des côtes bretonnes. Que de louables initiatives en remplacement de ces énergies polluantes et non maîtrisées. Mais un panneau solaire n’aura « rattrapé » l’impact écologique lié à sa fabrication et à sa mise en place qu’après quatre ans d’utilisation et se verra contraint à la déchéance après vingt ans de bons et loyaux services. Qu’adviendra-t-il du silicium et des autres composants non recyclables nécessaires au fonctionnement des cellules photovoltaïques ? Nous les stockerons dans des fûts au large de La Hague ou les enverrons-nous en Inde pour « retraitement » ? Le paradoxe est grand et les projets coûteux. Il est donc grand temps d’assainir l’économie mondiale, en commençant par les nécessiteux…
Prêter aux plus pauvres…
Pour redresser la balance entre le nord, possédant les richesses économiques et le sud, chaque jour plus pauvre, de nombreux programmes existent. Le micro crédit, mis en place il y a une trentaine d’années en Inde par Muhammad Yunus, professeur d’économie, permet aujourd’hui à 550 millions de personnes vivant dans la pauvreté d’emprunter de petites sommes d’argents pour investir dans leur commerce ou activité principale. Le but recherché étant de favoriser le développement de l’économie locale en motivant la création de valeurs afin d’entraîner une baisse du taux de chômage. Cependant, l’impact réel du micro crédit sur ces deux paramètres est invérifiable. Comment être sûr de l’investissement dans des projets créant de la valeur ? De plus, de nombreux adhérents conservent l’argent de ces crédits comme épargne de sécurité et n’investissent pas, ce qui limite donc les effets attendus de répercussion économique à l’échelle locale. Le micro crédit s’est ainsi trouvé détourné de son but premier. Il ne renforce pas de manière profonde l’économie d’une région mais permet tout de même à ses souscripteurs de mieux vivre.
…et aux pollueurs
Le système du crédit est également appliqué aux émissions de carbone avec le crédit carbone mis en place par l’ONU. Le fonctionnement est simple. Si un état réduit ses rejets de carbone dans l’atmosphère, il obtient des crédits en compensation. Par exemple la construction d’un champ d’éolienne plutôt que d’une centrale au fioul permet aux pays de récolter des crédits. Cependant, ce nouveau système a lui aussi ses failles, nombre de projets ayant permis à un pays de récupérer des crédits carbone n’ayant pas été motivés par ceux-ci car déjà programmés. En d’autres termes, la plupart des crédits accordés en compensation de projets écologiques le sont sur des projets existants ne motivant donc pas les pays à abandonner leurs productions d’énergies conventionnelles et polluantes. De plus, nombre de ces crédits s’échangent et la fraude est importante. Le comble est atteint par certains états, pratiquement incités à polluer plus car la destruction de ces polluants est synonyme de hausse des crédits et donc source de profit !
Que de vastes et beaux programmes « éco-conçus », socialement responsables, « labellisés », déductibles d’impôts. Que d’enthousiasme de la part des politiciens, militants et journalistes. Le nouveau cheval de bataille de l’intelligentsia française et mondiale est en passe de triompher de la pollution et de la misère humaine. L’accent mis sur les trois piliers du développement durable est en passe de transformer les états comme le prouve dernièrement l’abandon programmé du nucléaire en Allemagne ou la part prise par les débats écologiques dans la course à la présidentielle en France. Cependant, cette médiatisation, ces effets d’annonces et ces décisions politiques se révèlent lourdes de conséquences à l’échelle d’un pays et la durabilité de ces actions reste encore à prouver.
Auteur : Erwan Huault
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