Google, le géant énergétivore de l’Internet se lance dans la production et la commercialisation d’électricité « verte ».
Depuis le mois de février 2010, Google peut, sur décision des instances de l’énergie américaine, produire de l’électricité. Cette décision revêt un autre aspect. Dorénavant, l’entreprise de Mountain View peut exploiter sa production à des fins commerciales, en d’autres termes, vendre de l’électricité.
Une stratégie durable
Suite à son entrée sur ce marché, via sa prise de participation dans NextEra, fournisseur d’énergie « verte » très présent dans le secteur de l’éolien, Google a pris le parti de contrôler sa production d’électricité. Cette entrée sur le marché à également pour but de parer à toute nouvelle hausse des prix des matières premières, donc de l’électricité. Google peut, aux vues des derniers événements au Moyen Orient et en Afrique du Nord, se prévaloir d’un excellent sens de l’anticipation.
Cette prise de position forte table sur une croissance continue du marché, coïncidant avec la nécessité, pour Google, d’augmenter sa capacité en électricité. Selon Greenpeace, la consommation globale du secteur de l’Internet passera de 632 millions de kwa/h en 2007 à près de 2 milliards de kwa/h d’ici à 2020. Cette hausse très importante devrait être bien gérée par Google.
Pour certains observateurs, Google Energy n’aura qu’un seul client, Google ne visant que son autonomie énergétique et d’importantes baisses sur sa facture…
Des sites de production bien répartis
Google fonctionne sur le modèle de la « grid », ou grille, c’est-à-dire que l’entreprise dispose de centres de données répartis sur la surface du globe pour décentraliser la gestion des flux et des données. Ceux-ci sont majoritairement présents en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Google vise donc l’installation ou l’achat de centres de production électrique à proximité, comme ce fut le cas avec l’acquisition d’un champ d’éoliennes dans le Dakota du Nord. En outre, l’entreprise mise sur de nouvelles manières d’optimiser le refroidissement des serveurs avec, par exemple, le centre de données de Paris qui fournira le chauffage des bâtiments alentours en utilisant l’eau du circuit de refroidissement des serveurs, mais également à Hamina, en Finlande, où un centre à été installé pour assurer le refroidissement dans une ancienne usine de fabrication de papier en bordure de la mer du Nord, à proximité d’un site de production d’électricité éolienne.
Google est donc en passe d’optimiser ses centres de données, tant du point de vue de la consommation que de l’approvisionnement en électricité.
Google, futur opérateur électrique ?
La demande en électricité n’aura de cesse de s’accroître dans les années à venir et pas uniquement dans le domaine de l’Internet. Google vise donc, en plus de sa politique de production électrique, un meilleur ratio sur l’utilisation de l’énergie. En effet, dans le secteur de la gestion des serveurs, le facteur est de 2,0, c’est-à-dire que seulement la moitié de l’énergie dépensée l’est pour le calcul, l’autre est utilisée pour le refroidissement, la lumière…
Le groupe californien mène donc deux projets en parallèle. Dans un premier temps, devenir indépendant en matière d’énergie et, dans un second temps, mettre au point une politique d’optimisation et de réduction de la consommation de ses centres de données. Si ces deux projets aboutissent, il est plus que probable que Google se retrouvera en position de surproduction d’énergie et donc en capacité de la vendre sur le marché. Cette vente fera de lui un opérateur à part entière sur le marché fort lucratif de l’énergie. Il est donc probable que, dans un futur proche, la boucle soit bouclée. C’est-à-dire que l’énergie produite par Google serve à alimenter les serveurs sur lesquels l’utilisateur se rendra pour consulter le moteur de recherche, cet utilisateur étant client du fournisseur d’énergie Google pour l’alimentation de son navigateur personnel…
Auteur : Erwan Huault
Aller plus loin…
http://greenresearch.com/2010/01/09/energy-strategy-at-google/

