Deux millions. C’est le nombre de Franciliens qui prennent le train tous les jours pour se rendre sur leur lieu de travail. Derrière ce chiffre, une réalité complexe, peut-être même effrayante : notre capitale est saturée, les loyers flambent, les individus prennent de plus en plus d’assaut la banlieue et les axes routiers et les transports doivent affronter des flux d’individus chaque jour plus nombreux.
Stress, saturation, pollution résument le quotidien de millions de Français. Happés par cette situation anxiogène, ils sont également devenus plus exigeants. Cette exigence est celle d’un monde instantané, où l’information circule immédiatement et où l’on espère avoir tous les services à sa disposition, de manière bien souvent illusoire. C’est à ce défi qu’ont cherché à répondre les acteurs publics et privés des transports. Les insights des consommateurs ont évolué, ainsi que leurs attentes vis-à-vis des transports. Les individus ont une approche de plus en plus personnalisée de leurs transports. Avec l’adoption en masse des applications pour smartphones, ils souhaitent être renseignés en temps réel des éventuels problèmes, de l’état du trafic ou encore des heures de passage des transports en commun.
Quant à l’appréhension de la voiture, elle a changé, elle aussi, tout comme son statut. Nous sommes passés de la jouissance liée à la voiture à la jouissance de ses usages. Face au stress extérieur, elle devient un univers à part entière, un second lieu de vie après le domicile. Chaque consommateur veut donc pouvoir la personnaliser. Il souhaite également associer à l’usage de son véhicule les usages liés aux smartphones, afin d’être connecté aux mêmes outils et aux mêmes fonctionnalités que s’il ne se trouvait pas dans sa voiture.
Face à l’émergence de ces nouveaux insights, les acteurs des transports tentent d’innover toujours plus et de devancer les attentes du consommateur, pour mettre l’hyper-connectivité au service de l’individu.
Vers des plateformes numériques à part entière ?
Les transports en commun procèdent à des innovations en apparence moins spectaculaires que les avancées initiées dans le monde de l’automobile, mais qui s’inscrivent dans une vraie logique de relation client. En effet, les opportunités offertes par le digitale sont exploitées par la SNCF de manière efficace. Grâce à des applications qui tendent à créer un lien unique avec chaque usager, qui dans son utilisation des transports en commun est en vérité bien plus un consommateur qu’un simple usager, chaque individu peut être informé en temps réel des horaires de départ ou encore des travaux en cours.
Du côté du transport individuel, l’enjeu pour les constructeurs automobiles est de taille : il s’agit de transformer la voiture en une plateforme numérique à part entière, un lieu où chaque individu se sente à la fois en sécurité et en connexion avec le monde extérieur. Voiture connectée, voiture communicante, les appellations ne manquent pas pour définir ces véhicules du troisième type. Des applications embarquées sont testées afin que les connexions entre smartphones et véhicules deviennent de plus en plus faciles. Le projet SARTRE, initié à l’échelle européenne, étudie des véhicules intelligents, qui se conduiront seuls. L’identité d’automobiliste sera donc effacée au profit d’une identité de consommateur, qui pourra jouir de son véhicule et de ses usages sans se préoccuper de la fonction première de sa voiture.
Si ces innovations, en lien avec de nouveaux insights, sont impressionnantes et sujettes à fantasmes, reste à savoir si le véhicule intelligent de demain nous permettra de construire une ville intelligente, durable, dans laquelle chacun pourra se mouvoir dans une logique de mieux-être.
Auteur : Tiphaine Murat