Dans le monde professionnel, l’e-mail reste le moyen le plus utilisé pour communiquer entre collaborateurs, fournisseurs et clients. Pourtant, il est sujet à de nombreuses critiques, eu égard aux problèmes de productivité (et de sécurité) qu’il engendre. A qui la faute ? En 2014, un employé reçoit 75 e-mails par jour* et y consacre 28 % de sa journée**. Bien évidemment, dans cette centaine d’e-mails quotidiens, tous ne sont pas importants pour effectuer son travail.
Le flux « propre », après un bon filtrage de spams, d’e-mails se divise en deux catégories. Nous trouvons les e-mails importants (interpersonnels, notifications, reçus, etc.) et le graymail. Ce dernier se compose des notifications de réseaux sociaux, des newsletters et des e-mails publicitaires. Selon les dernières statistiques de Vade Retro Technology, dans le monde professionnel, 50 % du flux est du graymail. Si l’on se fie aux 75 e-mails journaliers, cela donne 37 e-mails non prioritaires à gérer ou à supprimer par jour. Dans cette optique, le Graymail Management vise à assister l’utilisateur dans la gestion de ses e-mails.
Classer, gérer pour plus de visibilité
Le Graymail Management se fait au travers de deux actions : la classification automatique et la gestion des e-abonnements. La première étape, la classification, vise à ranger les e-mails au bon endroit, en fonction de leur priorité, afin que l’utilisateur dispose d’une vue claire des e-mails importants. La seconde étape du Graymail Management consiste à se désinscrire des newsletters et publicités qui ne l’intéressent plus.
Le Graymail Management : menace ou opportunité pour les annonceurs ?
Inutile de lister tous les avantages pour les utilisateurs finaux, mais quel est l’impact du Graymail Management pour les professionnels de l’e-mail tels que les routeurs et les annonceurs ?
A première vue, les annonceurs se sentent pénalisés par ces nouvelles fonctions… pourtant, il se pourrait que ce ne soit pas si nuisible, en tout cas, pas sur le long terme. Pourquoi ?
Beaucoup d’utilisateurs passent leurs premières minutes de travail à supprimer les publicités et autres newsletters, sans même les avoir consultées. Nous sommes alors en droit de nous demander où se trouve le ROI pour l’annonceur dans ce genre de pratique ? L’objectif pour l’utilisateur étant simplement de nettoyer sa boîte de réception pour commencer à traiter l’important.
Avec une classification intelligente des e-mails, les annonceurs sont en mesure d’intéresser davantage l’utilisateur. En effet, ce dernier peut consulter son graymail quand il le souhaite. L’utilisateur dédie alors une partie de son temps à consulter son graymail : il est donc plus réceptif au message. La balle reste dans le camp des annonceurs, pour inciter l’utilisateur à cliquer…
Concernant la désinscription. Oui, il risque bien d’y avoir une vague de désinscription massive. Oui, cela peut arriver. Non, il ne faut pas forcément la redouter. La base de données va certainement maigrir, tandis que sa valeur va augmenter. La majorité des membres de la liste sera alors plus encline à interagir avec les e-mails commerciaux. Dans le même temps, une base plus restreinte fait baisser le coût lié à l’envoi de la campagne.
Certains annonceurs pourraient être tentés de jouer les mauvais élèves en compliquant le processus de désinscription mais tous les éditeurs spécialistes de la sécurité e-mail tiennent à jour des listes noires, dont certaines concernent le spam, le phishing tandis que d’autres se focalisent sur la qualité et le respect des bonnes pratiques de l’e-mail… dont la désinscription est un facteur important pour cette dernière catégorie de listes noires.
Globalement, le Graymail Management bénéfice à tous. L’utilisateur bénéficie d’une boîte de réception claire et classée. Il a toujours une vue sur ses e-mails importants même s’il ne supprime pas les graymails. L’association des deux fonctionnalités (classification automatique et désinscription des e-abonnements) va obliger les spécialistes du marketing à revoir leur stratégie de campagne e-mailing pour s’adapter à ces nouvelles pratiques. D’un autre côté, ils pourront plus facilement lancer des campagnes ciblées et personnalisées grâce à l’amélioration de la base. Finalement, tout dépend de l’objectif de la campagne : taux vs. volume ?
Auteur : Dimitri Perret, Business Development chez Vade Retro Technology
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* Radicati Group – Email Statistics Report, 2014-2018
** Mc Kinsey Institute
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