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Couchsurfing : bienvenue chez les hippies itinérants 2.0

Ouverte en 2004, la plateforme participative internationale couchsurfing.com propose un service très simple : permettre aux voyageurs inscrits de pouvoir être hébergés gratuitement par les membres de la communauté tout en prônant le partage et l’échange interculturel.

Ouverte en 2004, la plateforme participative internationale couchsurfing.com propose un service très simple : permettre aux voyageurs inscrits de pouvoir être hébergés gratuitement par les membres de la communauté tout en prônant le partage et l’échange interculturel.

« Nous tentons de rapprocher les personnes et les lieux dans le monde, créer des échanges de savoir, élever la conscience collective et faciliter la compréhension interculturelle. Nous avons pour mission de participer à la création d’un monde meilleur, canapé après canapé ».
Cette citation n’émane pas du 43ème festival hippie de Bourg-en-Bresse mais de la charte des valeurs consultable sur couchsurfing.com. Une description qui annonce clairement la couleur et a pour but de conformer l’utilisateur dans sa démarche de voyageur itinérant ayant foi en son « e-prochain ». D’origine américaine, le couchsurfing (littéralement « passer d’un canapé à l’autre ») surfe sur la vague de la consommation collaborative et devient chaque année de plus en plus populaire avec environ 3 millions de membres à travers 246 pays.

Le principe du couchsurfing

Ouverte en 2004, la plateforme participative internationale couchsurfing.com propose un service très simple : permettre aux voyageurs inscrits de pouvoir être hébergés gratuitement par les membres de la communauté tout en prônant le partage et l'échange interculturel.
1111 Citations de Stratégie, Marketing, Communication, par Serge-Henri Saint-Michel

La plateforme couchsurfing.com permet aux voyageurs de pouvoir être hébergés par les membres de la communauté

« J’ai bien compris que couchsurfing.com n’était pas un site de rencontre ». Une des petites phrases à cocher avant de s’inscrire sur cette fameuse communauté magique que l’on croirait tout droit sortie d’une île arc-en-ciel peuplée de Bisounours. Un réseau social proposant aux voyageurs du monde entier de « squatter » chez des millions d’utilisateurs ? La promesse semble un peu trop belle.

Une fois inscrit, après quelques rappels de respect et de bienséance, l’aventure peut commencer. Vous pouvez désormais proposer votre canapé ou chercher un hôte généreux selon la destination de votre choix. Pour les plus timides, l’option « coffee or drink » traduit une disponibilité pour une visite ou une balade sans aller jusqu’à une garantie d’hébergement du voyageur. Le nouveau membre est invité à renseigner ses passions, ses goûts, ses centres d’intérêts, ses lectures, etc. Plus le profil du couch surfer (comprendre « voyageur à la recherche d’un canapé ») est détaillé, plus les hôtes partageant ses centres d’intérêt seront enclins à l’accueillir. Car la sélection est parfois rude. En effet, malgré un équilibre relatif, il y a toujours plus de couch surfers que d’hôtes disponibles. Et pour choisir, chacun a ses critères.

Rue 89 nous propose l’exemple de Vincent, ingénieur nucléaire de 26 ans, loin du hippie à dreadlocks, qui accueille en moyenne cinq voyageurs par mois dans son modeste 30m² parisien. Pour lui, outre les goûts et le caractère du voyageur, le facteur temps est primordial. Et pas forcément dans le sens que l’on croit : « les passages en coup-de-vent ne m’intéressent pas, je recherche la durée », affirme Vincent qui vient d’héberger une Américaine pendant neuf jours. Habitué de la plateforme depuis 2007, Vincent reçoit plusieurs dizaines de mails par semaine. « Au début, je disais oui à tout le monde. Mais j’ai vite été débordé », poursuit le jeune homme. « Du coup, je transfère les demandes que je ne peux satisfaire aux autres membres de la communauté parisienne ».

« La gratuité est une raison secondaire »

Avec ses sept années d’existence, couchsurfing.com peut déjà être considéré comme un vétéran du web 2.0. Tout a commencé en 2003 lorsque Casey Fenton, le fondateur américain du site, préparant un voyage en Islande, a écrit à 1500 étudiants pour savoir qui pourrait le loger. Le caractère enthousiaste des nombreuses réponses qu’il a reçues l’a tellement surpris qu’il a décidé qu’il ne logerait plus jamais à l’hôtel lors d’un voyage, la rencontre étant bien plus intéressante. Un an plus tard, ses ambitions accouchèrent de couchsurfing.com.

Alors, bien sûr, si le projet est aussi louable qu’ambitieux, on peut rester sceptique face au fonctionnement d’un tel service. Une communauté uniquement mue par le partage et l’échange, des inconnus accueillis sans contreparties ni dérapages ? Cela semble presque trop beau, on ne peut s’empêcher de gratter la couche de vernis pour trouver la faille. Mais on ne trouve rien. Le site demande aux surfeurs de noter leurs passages chez les uns et chez les autres et le taux d’expérience négative ne dépasse pas 0,1% sur plus de cinq millions de rencontres. Delphine, « ambassadrice du site », interrogée par Rue 89, explique d’ailleurs que tout est réuni pour que les utilisateurs comprennent le concept. « La gratuité est une raison secondaire. Ce qui compte pour nous, c’est l’échange culturel. C’est un modèle qui exige beaucoup de la personne qui reçoit mais aussi de la part de celle qui est hébergée ». Dans la même optique, la « safety page » du site a pour objectif de rassurer les membres en expliquant les systèmes de qualification et de notations des couch surfers selon leurs expériences passées. Un système poussé qui semble porter ses fruits. La pire expérience de Vincent ? « Le scénario noir, c’est quand il ne se passe rien. Quand la personne est timide et qu’il n’y a pas de rencontre ».

Adoptez un livre

Paris, capitale internationale du couchsurfing

Le site en lui-même peut être vu comme une ode à la consommation collaborative. Très riche en informations, il autorise de nombreuses interactions entre les membres malgré un côté « amateur » presque touchant. Par exemple, les menus et la plupart des titres sont traduits dans 27 langues différentes (dont l’Esperanto) mais la plupart des contenus restent en Anglais, ce qui peut sembler un peu perturbant. En plus de la consultation de profils de couch surfers et d’hôtes de tous pays, le site propose une catégorie « statistiques » riche en chiffres et en renseignements. On y apprend que Paris est la ville préférée des couch surfers avec 49 286 rencontres, devant Londres, Berlin et Istanbul (New York est seulement 9ème). Malgré l’origine américaine du site, l’Europe est de loin le continent le plus représenté avec 1 441 129 expériences contre 739 561 en Amérique du Nord. L’âge moyen des membres est de 28 ans, avec une surreprésentation de la catégorie 20-25 ans mais aussi un nombre non négligeables de baroudeurs plus âgés (175 000 utilisateurs ont entre 40 et 49 ans). Autre information frappante : la progression du nombre d’inscrits connaît une croissance exponentielle depuis 2007 avec l’explosion du web 2.0. En effet, si la plateforme recensait environ 250 000 membres il y a quatre ans, elle en compte aujourd’hui près de trois millions. Ce succès fulgurant lève le voile sur certaines interrogations légitimes : la communauté va-t-elle être victime de son succès ? Il est en effet difficile d’imaginer que les dérapages restent aussi rares avec un service comptant plusieurs millions d’utilisateurs.

Quoi qu’il en soit, on touche ici du doigt la quintessence de l’entraide et de la communauté collaborative. En effet, si les nombreuses communautés en ligne peuvent accoucher de beaux projets participatifs, l’univers numérique reste souvent critiqué comme un système aliénant uniquement virtuel, sans relais physique. Avec couchsurfing, non seulement la rencontre IRL (« In Real Life » – ou dans la vie réelle) via l’entraide est le but premier, mais il lève aussi l’un des principaux freins dans le partage à grande échelle : accueillir un inconnu chez soi. Force est de constater que, sur ce dernier point, même en étant d’une méfiance et d’un scepticisme hypertrophiés, l’expérience est vraiment belle.

Auteur : Thomas Genet

Un article de notre dossier Développement Durable, en cours de publication jusqu’au 22 juin

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