Nous le savons ! Que sais-je, la collection encyclopédique de poche où sont publiés exclusivement des inédits, accueille depuis plus de soixante ans des monographies d’initiation et de synthèse concernant tous les domaines du savoir mais aussi tous les thèmes d’actualité et de société.
Parée d’une nouvelle identité, la collection, entre-temps devenue marque, affirme ses objectifs. Entretien avec Mme Dominique Reymond, Directrice des relations extérieures de PUF.
Quels sont les éléments contextuels des PUF ayant amené à un changement d’identité ?
Tout d’abord, je voudrais dire qu’il ne s’agit pas pour « Que sais-je ? » d’un changement d’identité, mais d’une réaffirmation de celle-ci. Notre but est de ne jamais rompre ce lien si particulier qui lie une collection historique à son public. En effet, « Que sais-je ? », c’est un peu une madeleine de Proust : nous avons tous lu des « Que sais-je ? » pendant nos études, et nous y revenons par plaisir, ou encore nécessité professionnelle ou personnelle, à un moment ou à un autre. Alors, nous voulons les reconnaître, les retrouver ! Il y a un lien sentimental et patrimonial à « Que sais-je ? ». N’oublions pas que la collection a été fondée en 1941 ! C’est un fleuron de l’édition française.
Cependant, c’est aussi une collection au format de poche, et à ce titre elle se doit d’être vivante, de conquérir de nouveaux publics. Le marketing poche dans l’édition est très agressif : il faut se renouveler, accrocher l’œil du lecteur en librairie, être en vitrines, se faire séducteur aussi sur internet. Bref, « Que sais-je ? » est au centre de cette problématique. Je dirais qu’il est plus difficile aujourd’hui qu’hier de maintenir des rayons entiers consacrés à la collection, les livres sont interclassés en rayons avec d’autres collections ; ils sont en concurrence, et c’est une chance pour « Que sais-je ? », qui bénéficie d’atouts formidables, dont un mix-marketing unique : un rapport prix/pages inégalé, puisque la collection propose des synthèses sur plus de 800 sujets, en 128 pages, et à 9 €. Alors, oui, il fallait remettre « Que sais-je ? » au centre d’un marché vaste et concurrentiel, celui des essais et des outils de savoir, où nous pouvons être confrontés à des livres à 20 ou 25 €, et ce sans pâlir !
Quelles étaient les contraintes du brief proposé à l’agence Divali et l’idée majeure à transmettre par cette identité ?
La collection « Que sais-je ? » est une des plus belles marques françaises : elle est connue et reconnue, bien au-delà de nos frontières. C’est la collection française la plus traduite dans le monde, c’est aussi un concept inégalé. Ce qui nous donne en termes de communication un devoir : respecter cette Histoire, mais aussi une contrainte -magnifique-, celle de la liberté, de l’inventivité, qui est l’empreinte génétique de la collection, sa signature. Ce défi a été parfaitement relevé par l’agence Divali, qui accompagne la marque depuis 2000, et qui avait déjà fait évoluer la maquette de collection il y a huit ans.
Nous étions d’accord pour faire évoluer la collection vers l’image et l’imaginaire. Nous voulions mieux segmenter notre offre, rendre plus lisibles les 9 disciplines couvertes par « Que sais-je ? », ne plus rester seulement dans la vertu encyclopédique de la collection, mais remettre en avant les auteurs, qui sont parmi les meilleurs spécialistes des questions traitées.
Enfin, nous voulions avant tout insister sur la séduction du savoir, en ce début de XXIe siècle, où les problèmes sociaux, économiques, civilisationnels sont si préoccupants, et où chacun a besoin de réponses, de boussole pour se repérer et être guidé.
Comment et pourquoi avez-vous articulé les 2 logos : « Que sais-je ? » et « PUF » sur la couverture ?
« Que sais-je ? » est un nom de collection. PUF est une maison d’édition. PUF abrite « Que sais-je ? » même si, lors d’enquêtes auprès de notre lectorat, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait confusion et méconnaissance sur ce point, beaucoup de lecteurs pensant que « Que sais-je ? » était une maison d’édition. Il me semble que ceci n’est pas très grave, et que l’important est que nous sommes en présence de deux marques fortes, qu’il fallait faire coexister harmonieusement sur la couverture.
On y retrouve donc le logo PUF, qui figure sur tous les livres des Presses Universitaires de France, premier éditeur universitaire en France. Ce lien aux Puf est primordial, car la collection « Que sais-je ? » est une clé d’entrée, une première étape dans l’appréhension de la connaissance des sciences humaines, comme une ouverture sur nos autres collections, nos autres livres, quelque soit la discipline : philo, psycho, littérature, sociologie, etc. Le logo PUF est donc très présent sur la couverture, central même et décliné dans les 9 couleurs des thématiques « Que sais-je ? » pour illustrer les 9 disciplines : Droit-Politique, Economie, Histoire-Géo, Lettres, Philosophie, Psy, Religions, Sciences, Société.
Quant au logo « Que sais-je ? », il est placé, sur le haut de la couverture, en incrustation au centre de l’image photo, sur un bandeau opaque qui le met en valeur et le relie à la fameuse boussole, qui de tout temps a figuré sur les couvertures « Que sais-je ? » et que nous avons voulu conserver. Autant vous dire nous surdéterminons la marque et que nos lecteurs n’ont aucune chance d’être « déboussolés » !
Comment la nouvelle charte graphique est-elle déclinée sur la collection ?
Notre conviction est qu’aujourd’hui chacun des « Que sais-je ? » doit se défendre seul, et non plus au sein d’un rayon consacré tout entier à la collection. C’est pourquoi, même si les marquages d’appartenance à la collection son très forts : logo, charte couleur, dos des livres retravaillés pour mieux lire les titres et les noms d’auteurs, quatrièmes de couvertures hyper identifiables avec leur aspect de fiches de synthèse, Divali a aussi cherché avec la graphiste Delphine Vallette et l’agence Vu à donner un caractère très typé à chaque livre, par une recherche iconographique poussée, où les images doivent pouvoir surprendre, attirer. Regardez la couverture des « Droits sociaux » avec le slogan « On se laisse pas faire » ou l’autruche qui rentre la tête dans le sable pour illustrer « L’angoisse ». Ces choix sont faits dans le respect du sujet, mais avec une pointe d’impertinence. D’autres couvertures sont plus sages. J’espère que nous saurons interpeller nos lecteurs sur le long terme, car c’est vraiment un des secrets de la réussite…
Combien de temps pour la mise en place de la nouvelle couverture sur les livres et sur le site Internet ?
Cela va aller très vite : en juin, nous aurons déjà près de 70 titres avec la nouvelle couverture ; en fin d’année, près de 200. D’ici 3 ans, le lifting sera terminé. Nous avons déjà des remontées très favorables des libraires, mais aussi de nos auteurs. Quant aux lecteurs, je pense que nous ferons une enquête auprès d’eux dans quelques mois…
Quel accompagnement de ce changement est prévu en point de vente ?
Les libraires sont des partenaires essentiels. Nous avons voulu les aider en leur fournissant un matériel qui décline notre slogan : « Plus qu’un livre, un Que sais-je ? » sur des kakémonos, des banderoles, des stop-rayons. Nous avons aussi lancé un magazine « Que sais-je ? » réalisé par Divali, encarté dans le mensuel LIRE de mars 2009, et disponible en librairie. Le ton de la campagne est convivial. Il interpelle directement le lecteur à travers des questions « Pressé ? Perdu ? Curieux ? Econome ? et répond avec des arguments de vente : « 128 pages pour tout comprendre », « Nos auteurs vous guident », « 800 titres, 800 réponses », « Un prix unique : 9 € ». Un ton très direct, avec des visuels d’animaux assez drôles…pour ne pas trop se prendre au sérieux et signifier que culture ne rime pas avec morosité.
Enfin, quel impact attendez-vous de cette refonte ?
Sur le fond, c’est une révolution ! D’encyclopédique, la collection « Que sais-je ? » devient discriminante : elle pointe les sujets indispensables à connaître aujourd’hui, les auteurs avec qui faire ce parcours de connaissance. En librairie, sur les sites internet, dans les bibliothèques, mais aussi dans les débats, sur les plateaux TV ou ailleurs, nous voulons que les « Que sais-je ? » soit les références incontournables. Aujourd’hui tout va très vite : c’est la raison pour laquelle nous publions 5 nouveautés par mois, sur des sujets d’actualité ou de cours, mais aussi 15 rééditions, revues, corrigées, enrichies par les auteurs. Voilà un véritable moteur de recherche, certifié, à la différence de l’internet. Ce sont ces signes de certification, de valeur intellectuelle réelle que nous avons voulu mettre en valeur à travers la nouvelle charte graphique. Le but, pour reprendre notre slogan, est que les lecteurs comprennent que « Que sais-je ? » c’est bien plus qu’un livre ! Un concept, une garantie, une rencontre fondée sur l’authenticité et la justesse des propos.
Roland BRETON
29 octobre 2010 à 11:30
Auteur de 4 Que Sais-je? je désirerais en proposer un cinquième sur « le Multilinguisme des États à travers le monde ». A qui m’adresser, svp ?
Merci d’avance
Cordialement,Roland J.-L. Breton
Prof. Emérite de Géographie
Université de Paris VIII
(Vincennes – Saint Denis)
60, Les Figueras 13770 Venelles