Sur l’île d’Icaria, des petits producteurs combinent avec succès bio, permaculture, low tech et alter-mondialisation. Ils développent une organisation économique alternative basée sur des savoir-faire hérités de l’antiquité avec de nombreuses innovations dont un vin hérité des Troyens et le remplaçant du peanut butter (beurre de cacahuète).
Icaria est une île préservée de la mer Egée, située entre Mykonos et Samos. Elle est sortie de l’anonymat grâce au film Little Land* et à un superbe livre sur son art de vivre**. Les Icariotes y alternent plusieurs activités pour subvenir à leurs besoins : un peu d’agriculture, un peu d’élevage, un peu d’artisanat, un peu de tourisme. L’île se divise en petites propriétés familiales et beaucoup d’Icariotes s’entraident lorsqu’il s’agit de réparer le toit d’une maison, de récolter des fruits, d’installer un chauffe-eau solaire, etc.
Giorgos Karimalis et son épouse Hélèni exploitent une ferme viticole entièrement bio qui reçoit quelques « éco-touristes ». La propriété Karimalis elle-même est constituée de quelques hectares de vignes et compte un potager, un verger, des chèvres, des poules… D’excellents vins y sont produits et cette ferme familiale, malgré sa taille modeste, fait plutôt bien vivre la famille qui l’exploite.
Un des produits de la ferme le plus étonnant est le Parmion, un vin entièrement naturel, conçu et réalisé suivant une recette en vigueur à Troie, un millénaire avant notre ère. Issu de vendanges tardives, sec et parfois légèrement pétillant, ce « vin des Troyens » titre 15 degrés. Livré en bouteilles mais avec une jarre de terre cuite pour la décantation, le vin peut être acheminé en toute sécurité à l’autre bout du monde.
Il existe de nombreux autres produits icariens naturels prêts pour l’exportation, notamment la « tisane des centenaires » (composée de verveine et de multiples herbes de l’île dotée d’un effet déstressant et détoxiquant) et le « Superfood », tahine au suc de raisin, aussi addictif que le beurre de cacahuète mais beaucoup plus sain.
Pour avoir testé ces produits, nous pouvons affirmer qu’ils sont d’une haute qualité gustative. Lorsque l’on demande à Giorgos ce dont il aurait besoin pour mieux accroître ses ventes, il répond simplement : de détaillants à l’étranger. En effet, Georges ne veut pas passer par des importateurs. Si l’île est quasiment autosuffisante, si ses habitants y vivent heureux et longtemps, ils ont néanmoins besoin de débouchés extérieurs, mais des débouchés directs, sans grossistes ni intermédiaires. Mondialisation oui, mais avec des circuits courts. Là encore, simple is beautiful.
Auteurs : Alexandre Pasche (agence Eco&co) et Edith Benezet (Sorgem Ligne verte).
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Un article de notre dossier Etudes marketing 2016
** Ikaria: Lessons on Food, Life, and Longevity from the Greek Island Where People Forget to Die, 2014, de Diane Kochilas et Vassillis Sténos
* Voir la vidéo ci-dessous
(c) ill. Shutterstock