Le DG à son directeur marketing : « Quoi ? Ma fille me dit qu’on n’est pas sur Facebook ! Pourquoi on n’est pas sur Facebook ? Tout le monde est sur Facebook… »
Le directeur marketing, un peu penaud mais sûr de son affaire : » Euh… Nous avons vérifié pas plus tard qu’hier… Aucun de nos concurrents n’est sur Facebook. Pas plus qu’ils n’y font de la pub payante. »
Le DG : »Mais justement ! Soyons précurseurs ! Innovons, faisons en sorte que nous soyons les premiers ! », conclut-il, fier de lui et de sa posture de manager visionnaire.
Qui n’a jamais vécu, entendu cette histoire ?
Etre sur Facebook, OK, mais pour quoi faire ?
…A part faire plaisir au boss et à sa fille ?
Voilà. Pas de cible, pas d’objectifs, pas de moyens… Donc, pas de stratégie.
Exemple : en bon Facebookeur de base, je suis invité à liker la page d’une banque.
Dilemme : je like ou je ne like pas ?
Ce n’est pas ma banque, pourquoi likerais-je ?
Ils ont à mon sens une image telle que je les aime bien. Pourquoi ne vais-je pas chez eux d’ailleurs ? Pfff, trop compliqué…
Si je like, ils vont croire que je veux changer de banque et ils vont me harceler… Ah non, surtout pas.
C’est ma banque, ça tombe bien. Et puis, je l’aime bien cette banque.
Je like, OK. J’espère quoi, au juste ?
Vais-je exposer sur Facebook mes petits différends liés à mes petits découverts ? Euh… non.
Le community manager est-il conseiller clientèle ? Certainement pas…
Peut-être vont-ils me proposer des promotions, des jeux, etc. puisque je suis un bon client qui like (en plus)… Oui, peut-être. Si tant est que cette banque se soit posée auparavant la question de ce qu’elle allait diffuser sur Facebook.
Et là, bien souvent, c’est le drame.
Car, in fine, la question de la cible a-t-elle été posée ? Rarement.
Qu’est-ce qu’un client, un non-client gagne donc à liker cette page ?
En fait, on s’aperçoit que bien souvent cette présence sur Facebook est (ou n’est… que) pour les entreprises et marques la forme ultime du « permission marketing ».
Souvent, bien que différent, associé à l’opt-in le « permission marketing » a été théorisé et modélisé par Seth Godin au début des années 2000 lorsqu’il dirigeait le marketing de Yahoo! consiste à instaurer une relation de qualité et de confiance avec l’internaute en lui demandant l’autorisation de le solliciter commercialement par e-mail.
Là, on ne demande pas à notre « public » s’il souhaite recevoir des messages publi-promotionnels, on lui demande de nous aimer.
Et une fois qu’il nous aime, on le sollicite en toute légitimité… pensant que cet « amour » excuse tout.
Pour autant, existe-t-il une « stratégie Facebook » ?
Je crois que Facebook, comme d’autres réseaux sociaux, peut (et ne doit pas nécessairement) intégrer une stratégie marketing et communication globale comme un canal, un support spécifique pour toucher telle ou telle cible.
Si Facebook est une partie intégrante d’une stratégie avec des cibles spécifiques, des mises en avant de produits correspondants à celles-ci, avec un positionnement marketing cohérent ; là, Facebook a un vrai rôle à jouer dans cette stratégie.
Les (bons) exemples sont légion : Nescafé et son histoire de vrais-faux amis, Budweiser et sa chope connectée à Facebook au Brésil, C&A (toujours au Brésil) qui utilise les likes sur des cintres connectés pour promouvoir ses produits…
En conclusion, la « stratégie Facebook » est certainement une invention d’agences et de consultants férus d' »innovations » marketing… De même que la pub payante sur ce support dont on pense pouvoir mesurer le ROI parce que diffusée par le canal internet !
Honnêtement, pensez-vous que les marketeurs de General Motors, lorsqu’ils ont décidé d’arrêter la pub sur Facebook pour cause d’inefficacité, avaient cru réellement vendre assez de voitures grâce à Facebook pour rentabiliser les 10 millions de dollars investis en achat d’espace sur le réseau de Mark Zuckerberg ? Tsss tsss tsss…
Auteur : Laurent Lacour, Expert en marketing/communication multi-secteurs, multi-supports, multi-canaux
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Un article de notre dossier Facebook & Marketing
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Rochand
27 janvier 2014 à 12:02
Bonjour, merci Laurent pour ce billet, d’ailleurs avoir une page Facebook n’est pas une stratégie marketing en soi, mais comme tu l’as bien dit si ce réseau fait partie intégrante d’une stratégie avec des cibles spécifiques etc… Effectivement dans ce cadre là c’est cohérent, de plus à mon sens le ROI sur les réseaux sociaux réellement cela n’existe pas. Tout est une question d’objectifs …
Thibaut
27 janvier 2014 à 18:05
@Rochard
Oula j’ai les yeux qui piquent en voyant que l’on ne peut pas faire du ROI sur les réseaux Sociaux. Nous le faisons pourtant tous les jours sur nos business comme avec nos clients.
Beaucoup de personnes pensent cela à tord car les stratégies ne sont pas encore dans les livres ou sur les sites d’informations mais il existe belle et bien des stratégies ROISTES sur Facebook.
Je t’invite à visionner cette vidéo => http://www.laurentbourrelly.com/blog/1503.php
Serge-Henri Saint-Michel
27 janvier 2014 à 18:24
@Thibaut : je pense que Marketing Professionnel aborde les aspects ROIstes de Facebook, non ? Cf. Notre dossier sur Facebook et le marketing 😉
isabelle
28 janvier 2014 à 22:19
Oulà…pas du tout d’accord, Facebook Business est une mine d’or ! Mais encore faut-il comprendre ce qu’est la communauté sur ce genre d’area. A bon entendeur…