Être un influenceur en B2B, c’est défendre ardument que le B2B est différent du B2C, tout en s’inspirant chaque jour un peu plus du B2C. Disons que si le B2B était un pays, le marketeur B2B serait sans aucun doute un peu chauvin, mais ne serait pas contre deux ou trois semaines de vacances annuelles chez ses voisins du pays du B2C, JUSTE pour voir un peu ce qu’il s’y passe.
Être influenceur B2B, c’est avoir passé du temps sur le terrain, pour se distinguer du carcan généraliste des grands théoriciens du marketing. C’est être allé en rendez-vous chez des industriels, qui au-delà des technologies ont besoin de s’assurer que leurs entreprises seront viables pour les 10, 20 ou 30 prochaines années. C’est être en mesure d’être crédible face à des dirigeants d’entreprises industrielles sur des domaines clés comme la production industrielle de demain, l’optimisation des procédés d’entreprise, l’évolution actuelle et nécessaire des modèles économiques, tournés aujourd’hui vers le serviciel et les usages. Bien au-delà des « produits » et autres « solutions », termes qui sans aucun doute disparaitront de la carte un jour. Connaître les rouages, pas seulement la coquille.
Être influenceur B2B, c’est passer son temps à essayer d’arrêter de passer son temps sur les sujets Martech. C’est être brillant dans la simplicité. C’est développer un marketing chaque jour plus simple, moins surchargé, moins chronophage.
Être influenceur B2B, c’est détester le terme « influenceur » sans fausse modestie, juste parce qu’on ne se retrouve pas dans ce terme. C’est ne pas être jaloux des campagnes sponsorisées à trois millions d’euros dont votre ami travaillant chez Christian Dior parle sur scène lors d’une remise d’un énième award au système d’attribution douteux. C’est faire face au phénomène de plissement d’yeux systématique de vos proches lorsque vous prononcez à voix haute le nom de votre entreprise pour la première fois. Non, vous ne travaillez pas pour Facebook ou Amazon, personne ne connait votre entreprise, et c’est peut-être très bien comme ça après tout.
Être influenceur B2B, c’est être en mesure d’écrire, de parler et de faire des liens entre à peu près n’importe quoi et votre métier de prédilection, le B2B. Être capable de trouver des synergies entre les dernières campagnes de brand content de Kayne West et de General Electrics. Ah oui et aussi… très important : être influenceur en B2B, c’est utiliser un maximum d’anglicismes et d’acronymes, sans pour autant être un co….. arrogant. Nous sommes comme ça, il faut nous pardonner, et soyez certains que nous nous agaçons nous-mêmes lorsque nous nous surprenons en train de prononcer des phrases comme « Franchement Édouard, on parle beaucoup de ROI, mais c’est surtout une histoire de personal branding » ou « Écoute Jean-Roger, tu t’acharnes sur ton datalake, parlons plutôt du kick-off du projet d’ABM ».
Être influenceur B2B, c’est trouver chaque jour des solutions au fait que, dans ce milieu, un seul humain ne peut pas procéder à un achat. En général ils sont plutôt six ou sept, ont pour point commun d’avoir très peu de temps à vous accorder et paradoxalement de ne pas être pressés du tout de signer, aux vues du volume d’affaires engagé.
Pour finir, être influenceur B2B, c’est savoir écrire. Ou plutôt aimer écrire. Et aimer son client aussi. Apprécier le fait d’avoir choisi une voie loin du marketing transactionnel et de l’achat d’impulsion. D’être fier de faire un métier tourné vers la valeur offerte au client, pas vers l’envie de le convaincre d’acheter sans préoccupation de ses besoins réels.
Auteur : Aurélien Gohier, Marketeur de l’innovation en B2B
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Une contribution réalisée pour le livre blanc « L’influence B2B – Une histoire de Gourou, de leader d’opinion ou d’expert ? » édité par le CMIT (club des marketeurs in tech) et Faber Content, à télécharger gratuitement.
Un article de notre dossier Influence & BtoB : le best-of !
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