Apparue dès les années 70, la technologie des puces RFID (Radio Frequency Identification) connaît depuis quelques années une croissance importante dans ses usages industriels et grand public. La technologie RFID permet de stocker de multiples informations sur un produit, une personne, une chose, tout cela à l’intérieur d’une puce de quelques centimètres à peine. Aujourd’hui estimé à 8 milliards de dollars, le marché des puces intelligentes devrait quintupler d’ici 2010 en se propageant à tous les secteurs d’activités. Et si sa mise en pratique la plus ludique est le fameux lapin français au nom imprononçable Nabaztag, la RFID fait aujourd’hui partie du quotidien de millions de français qui ne le savent pas toujours : carte de transports en commun, système de télépéage, livres de bibliothèque… tous ces objets qui nous entourent fonctionnent grâce à des puces RFID. Les applications grand public des puces RFID s’annoncent désormais comme une révolution technologique visant à faciliter les gestes de tous les jours. Cependant, avec des milliards de données personnelles stockées sur des supports divers et variés, y a t’il des risques de voir nos informations personnelles divulguées à notre insu ?
Les puces RFID capturent toutes sortes d’informations sur leurs utilisateurs : de l’âge aux déplacements en métro, en passant par les habitudes de consommations, elles nous tracent au quotidien.
Si beaucoup de français ignorent la présence de la technologie RFID dans des applications qu’ils utilisent chaque jour, ils n’en sont pas moins les cibles des lecteurs qui enregistrent leurs mouvements… La RATP, qui a supprimé l’utilisation de la carte orange « classique » en début d’année 2009, oblige désormais ses usagers à s’équiper d’une carte « Navigo » munie d’une puce RFID. Les allers et venues de quelques millions de franciliens sont alors enregistrés par les bornes magnétiques, permettant ainsi de connaître précisément les trajets de chacun, sans qu’ils s’en rendent vraiment compte. De même pour les possesseurs de cartes de fidélité à puce qui au fil des utilisations compilent un nombre incroyable de données sur chaque client : de leur marque de céréales préférées à la fréquence des visites, tout est enregistré et crée une base de donnée extrêmement précise révélant les modes vie. Les services que nous utilisons sont donc possesseurs d’une partie de notre vie et se constituent une véritable bibliothèque dont les possibilités d’utilisations sont infinies, représentant des centaines de milliers d’euros aux yeux des marketeurs.
De plus, le stockage de ces données ne présentant plus le traditionnel problème de stockage d’archives, la conservation des informations peut être faite sur des durées beaucoup plus longues et être source d’études ethnologiques.
Nos données personnelles restent relativement inexploitées par leurs détenteurs
De nombreux acteurs de notre quotidien étant désormais détenteurs d’informations sur nos habitudes de consommation et notre mode de vie, les utilisations de données à des fins marketing sont attrayantes. On constate déjà bon nombre d’exploitations publicitaires des données collectées via les puces RFID, avec l’édition de bons de réductions ciblés en fonction des produits déjà dans le chariot des clients de supermarchés par exemple. On peut penser que ces opérations marketing ciblées n’en sont qu’à leurs balbutiements, puisque l’équipement en puces RFID est en croissance constante. Mais bien que la somme de données collectées soit en perpétuelle hausse et permette une identification de plus en plus précise des personnes, leur utilisation reste limitée. En effet, les consommateurs, particulièrement concernés par les problématiques d’utilisation des données et d’intrusion dans la vie privée semblent favoriser une certaine frilosité des marques. De plus, les vides juridiques laissent les annonceurs sceptiques quant à leurs réels droits sur les données.
Concernant le problème posé par la sécurité des bases de données constituées via la RFID, il n’est pas aujourd’hui possible d’apporter des éléments de réponse précis, les piratages étant toujours possibles malgré la mise en place de dispositifs adaptés. Cependant le manque d’exemples alarmants à ce sujet laisse penser que nos données sont aujourd’hui relativement bien préservées.
Les règlementations peinent à s’adapter aux évolutions constantes des technologies
La réglementation est encore très floue en ce qui concerne la protection des données consommateurs, l’évolution rapide des technologies s’opposant aux lenteurs législatives. Cependant, l’Union Européenne a décidé d’adopter en 2009 des recommandations visant à garantir le respect de la vie privée avec des mesures telles que l’obligation d’apposer sur les produits RFID une information claire, la mise en place d’un signe européen gage de sécurité et qualité, ou la possibilité pour le consommateur de demander la désactivation de la puce… Malgré la mise en place progressive de ces dispositifs, l’information apparaît comme un élément clé pour lutter contre les utilisations abusives des données récoltées par les systèmes RFID. En effet, il est nécessaire que les consommateurs connaissent l’existence des puces, leur rôle, leur implication dans les usages quotidiens et les risques, ainsi, ils seront à même d’exercer leurs droits et de se prémunir plus efficacement contre les usages indésirables de leurs données personnelles. Enfin, il appartient aux marques de gagner la confiance des consommateurs en s’imposant leur propre éthique et en sécurisant les données qu’elles possèdent.
L’utilisation de la RFID suscite de vives réactions de la part du grand public qui juge cette technologie comme intrusive du fait de la problématique sur le contrôle et la sécurité des données qu’elle soulève. Comme d’autres technologies telles que Facebook ou Internet au sens large qui suscitaient à leurs débuts de nombreuses interrogations et craintes, la RFID, en se démocratisant et en se faisant connaître du grand public devrait être perçue plus positivement. Les marques qui l’utilisent doivent travailler à la fois à sécuriser leurs systèmes, mais également à démontrer aux consommateurs qu’elles sont dignes de confiance.
L’évolution des technologies offre chaque jour au marketing de nouvelles possibilités de progresser, mais il apparaît comme nécessaire de poser des limites pour que l’on ne bascule pas dans une société complètement robotisée. Au mois d’octobre dernier, une firme américaine a reçu l’autorisation d’implanter dans les bras de citoyens des puces RFID donnant accès à leur dossier médical, la frontière de l’implantation dans l’humain est donc franchie, qu’en sera-t-il pour la France ?
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Auteurs : Odile Laborieux, Séverine Pobanz et Anne Roussel.
NDLR
Un peu somnifère et plein de tics de langages, mais intéressant (malgré quelques idées fausses que le marketeur saura décrypter.
Dossier spécial technologie RFID / NFC et marketing
Pratiques et utilisations de la RFID / NFC
- Introduction aux utilisations de la RFID sur les téléphones mobiles avec Pierre NOIZAT, Délégué général de l’Association Française pour le « Sans Contact » Mobile (AFSCM).
- Comment la RFID va révolutionner le marché du vin. Par Adrien Moret
- La RFID est-elle en passe de bouleverser l’édition ? Par Lou Mamalet
- Pas d’antipuce pour les criminels. Par Alex Bouhelier
- La RFID révolutionne le système scolaire. Par Adelaïde Lees
- La technologie RFID au service du handicap. Par Karen David, Marine Geneste, Laura Humeau et Laure Schmitt
- La RFID : un système domotique de référence pour les personnes malvoyantes. Par Frédérique Doré
- La cuisine de demain : intelligente et écologique grâce aux puces RFID. Par Amélie Le Tallec
- Protéger la nature grâce à la RFID. Par Julie Baisle
- Les puces RFID à l’assaut de la grande distribution française. Par Hélène Blanquet
- La RFID dans le textile jean, le cas Rica Lewis. Par Serge-Henri Saint-Michel
- La puce RFID, une « boîte noire » pour les nourrissons ? Par Sophie Rivet
Les dangers et limites de la RFID
- La puce RFID : production de masse pour pollution de masse ? Par Eva Jouvin
- Quand les puces RFID inquiètent… Par Julien Acard
- Quand la RFID prend le dessus sur l’homme
- L’histoire plus ou moins vraie de la RFID. Par Cécile Huang
- La puce de toutes les dérives. Par Charlotte Defrel
- La technologie RFID : gardons-nous le contrôle ? Par Thomas Barrière, Edouard Mahier et Benjamin Veillat
- Puces RFID : un danger pour nos données personnelles ? Par Anne Roussel, Odile Laborieux et Séverine Pobanz
Lire le sommaire détaillé de notre dossier sur la RFID.


Dubreuil
7 novembre 2012 à 22:41
Utiliser une puce RFID comme moyen d’identification et de paiement me fait penser au futur système économique mondial annoncé dans la bible apocalypse chapitre 13 verset 16 il y a plus de 2000 ans :
« Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçoivent une marque sur leur main droite et leur front et que personne ne puisse acheter et vendre sans avoir la marque le nombre de la bête ou le nombre de son nom, c’est ici la sagesse! Que celui qui a de l’intelligence compte le nombre de la bête ; car c’est un nombre d’homme et ce nombre est six-six-six . »
Regardez comment fonctionne un code barre, le 6 6 6 est partout sur tous les produits de consommation, même sur votre carte d’électeur ! Ce sont les 2 petits traits au début et milieu et à la fin qui en langage code-barre donne le 6 , je n’invente rien, encore simple à vérifier sous Google …
après le futur krach économique on va passer au mode d’argent électronique (plus de billets et de liquide) puis à la nano puce implantée sur la main droite ou le front au nom de la sécurité et de la santé…..
on n’arrête pas le progrès, science sans conscience n’est que ruine de l’âme.
Serge-Henri Saint-Michel
8 novembre 2012 à 19:43
Cf. The number of the Beast