Depuis plusieurs années, on assiste à la montée en puissance d’une petite puce : la RFID. Qu’est-ce que la RFID ? L’abréviation d’une brigade anti-criminalité ? Le nom d’un gang new-yorkais ? Détrompez-vous, il s’agit de la Radio Frequency Identification. Pour être clair, il s’agit d’une technologie permettant la récupération de données à distance à travers l’utilisation de tags (ou balises métalliques) intégrées dans les objets et les personnes. Mais si elle soulève des inquiétudes, la RFID peut aussi se révéler une application ludique et culturelle notamment dans le secteur de l’édition. De nombreux exemples peuvent l’illustrer comme le dernier Nabaztag Tag, un lapin capable de détecter les puces RFID, et de lire à haute voix les livres équipés de celles-ci.
En voyant de tels exemples, on se demande si la RFID peut contribuer à rendre la lecture plus ludique et interactive. Peut-on voir en elle une alternative à l’e-book qui ne cesse d’effrayer les éditeurs ?
Quand RFID rime avec interactivité
Nabaztag, le lapin high tech préféré des geeks devrait bientôt aussi se faire apprécier des lecteurs …
En effet, Violet, sa société de commercialisation, a sorti sa dernière version du lapinou: le Nabztag tag, désormais capable de lire les puces RFID.
Plus étonnamment, Violet a contacté Gallimard dans le cadre d’un partenariat visant à rendre le livre plus interactif. Cette idée a immédiatement séduit l’éditeur de jeunesse qui avait déjà l’habitude de proposer des livres avec des contenus audio.
Dès qu’il détecte la puce posée sur la couverture d’un livre, le petit lapin doté d’un lecteur ad hoc télécharge un fichier sonore mp3 qu’il lit ensuite à voix haute. Il propose aussi d’autres fonctionnalités comme la sélection de la voix du narrateur ou encore l’arrêt de la lecture si l’on appuie sur sa tête.
Le célèbre livre pour enfants de Gallimard « la Belle Lisse Poire du prince de Motordu » a été le premier à se lancer dans l’aventure de la RFID mais d’autres œuvres ont suivi et il semble que Noël soit propice à de nouvelles alliances entre la fameuse puce et les livres.
C’est une belle opportunité pour le secteur de l’édition que de rendre accessible et attractive la lecture au plus grand nombre sans se substituer à l’essence même du livre contrairement au e-book qui le dématérialise.
Si cette avancée semble astucieuse, il subsiste néanmoins des réserves. Notamment le manque de fonctionnalité du Nabaztag, moins pratique à transporter qu’un livre, mais aussi la remise en question de la dimension pédagogique de cette nouvelle forme de lecture qui serait moins stimulante intellectuellement que la lecture traditionnelle.
Et si l’interactivité tuait la lecture ?
Un lapin robot capable de lire à haute voix des livres à nos petits chérubins, l’idée à de quoi séduire. Pourtant on est en droit de s’interroger sur l’influence néfaste que cela pourrait avoir sur l’avenir pédagogique de la lecture. En effet si un petit lapin peut désormais lire à la place des enfants eux-mêmes, n’est-ce pas une manière de tuer l’acte de lecture et par là-même toute la dimension intellectuelle de celui-ci ?
La lecture se rend certes plus accessible mais on peut craindre que l’initiative mène à terme les enfants à délaisser la lecture au profit d’un gadget plus ludique.
Or, la lecture est la base de la pédagogie et d’une éducation bien réussie. Ses bénéfices sur le cerveau humain et sur la capacité de mémorisation ne sont plus à prouver. De plus, la lecture est liée à tout un univers imaginaire que le lecteur se construit par les mots et qu’une puce ne peut pas remplacer.
Le mieux serait d’instaurer un système de sécurisation et de protection des données contenues dans les puces RFID afin que les lecteurs n’aient pas accès à la totalité des informations.
Un arbitrage des données
La solution à ce problème serait d’effectuer un arbitrage des données détectées par les lecteurs de tags. Cela consisterait à sélectionner les informations que l’on souhaite communiquer ou non aux détecteurs de puces.
Dans le cas du Nabaztag, le lapin n’interviendrait que lors de passages spécifiques (dialogues) ou pour apporter du complément d’informations mais sans interférer dans l’ensemble de la lecture.
Il faudra veiller à ce que l’utilisateur soit toujours maître des informations qu’il reçoit et qu’il n’en bénéficie pas sans les avoir sollicitées.
Des recherches sont effectuées par la CNIL concernant l’usage et la protection des données personnelles avec la RFID. Les résultats de cette étude devraient également être applicables pour le secteur de l’édition.
Malgré les interrogations liées à la protection des données privées, faut-il vraiment s’effrayer de cette nouveauté technologique ? Peut-on vraiment aborder la RFID comme un moyen de tuer la lecture ? N’est-ce pas seulement des inquiétudes liées à toute nouvelle forme d’avancée comme il y a pu en avoir il y a quelques années avec l’invention de la voiture ou l’arrivée du Web ?
Même si elle fait peur, la RFID pourrait s’avérer un moyen très pratique d’améliorer et de rendre plus riches les contenus éditoriaux.
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Auteur : Lou Mamalet
NDLR
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