Ils avaient toutes les clés en main pour décrocher le travail de leur rêve après leurs études. Après cinq, voire six années sur les bancs des écoles françaises les plus prestigieuses, tout portait à croire qu’ils entameraient une grande carrière. Qu’ils soient issus des formations HEC, ESCP, Les Mines ou encore ESC, leur insertion professionnelle était garantie, sans passer par la case chômage et en touchant en moyenne entre 35 000 et 40 000 euros par an. Pourtant, deux ans après les prémisses de la crise, les jeunes diplômés ne voient plus leur avenir du même œil.
Le millésime de l’année 2010 est arrivé sur un marché de l’emploi aussi morose que les deux années précédentes. En effet, décrocher un travail conforme au diplôme obtenu semble aujourd’hui devenu quasi impossible. Les jeunes diplômés ont beau se prévaloir d’un curriculum vitae impressionnant, avoir effectué des stages dans les plus grandes entreprises françaises ou internationales ou encore avoir étudié et/ou travaillé quelques mois à l’étranger, ils restent quand même sur la touche. Selon la dernière enquête menée par l’Association Pour l’Emploi des Cadres (APEC) en septembre 2009, seuls 64% des étudiants nantis d’un bac+4 ou plus occupent un poste actuellement, soit quatre points de moins qu’un an auparavant. Ainsi, Perrine, 26 ans, titulaire d’un bac+5 en Communication Interculturelle et Traduction de l’Institut Supérieur d’Interprétation et de Traduction de Paris, a mis dix-huit mois pour trouver un emploi dans le secteur de l’édition, en tant que community manager.
Parcours du combattant
Avec le sourire, elle raconte son parcours du combattant. « J’ai obtenu mon diplôme en décembre 2008 et, comme beaucoup d’étudiants, j’ai essuyé les plâtres de la crise économique. A l’époque, j’avais seulement 24 ans, une expérience d’un an et demi dans un grand groupe international et trois langues à mon actif. J’ai envoyé plus de 300 curriculum vitae en l’espace de quelques mois et n’ai eu que des retours négatifs. Mon profil intéressait les entreprises, mais je manquais d’expérience. Comment avoir de l’expérience alors que je finissais mes études ? » Comme la plupart des étudiants de sa promotion, Perrine s’est donc résolue à s’inscrire à Pôle Emploi. Une inscription vaine. Elle ajoute : « par ailleurs, je n’avais pas l’âge minimum requis pour bénéficier du Revenu de Solidarité Active. J’ai dû me battre et j’ai enchaîné les petits boulots « dégradants », surtout après cinq années d’études, pour pouvoir vivre et j’ai dû laisser de côté ma recherche d’emploi, faute de temps et par manque de motivation ».
Des solutions alternatives à un vrai poste ?
Que deviennent les jeunes diplômés sans travail ? Lorsque certains n’hésitent plus à revoir leurs prétentions salariales à la baisse et acceptent des postes à responsabilités moins importantes que celles que les écoles leurs avaient garanties, d’autres court-circuitent le parcours traditionnel des études et s’inscrivent à nouveau dans une école de manière à pouvoir bénéficier d’une convention de stage. Peu leur importe de payer ou de souscrire un nouveau prêt étudiant, ils veulent travailler, poursuivre leur carrière de stagiaire exploité, sous-payé et qui, de surcroit, ne leur permet pas de cotiser. Seule l’expérience professionnelle à acquérir compte alors à leurs yeux.
Reste le cas des jeunes diplômés qui peuvent se permettre de demeurer chez leurs parents et de bénéficier d’une aide financière de leur part en attendant de trouver un travail ou de toucher le Revenu de Solidarité Active. Comme Marc, diplômé en ingénierie aérospatiale. « J’ai terminé mon stage de fin d’études fin août 2010. Bien que j’aie commencé à envoyer des candidatures avant la fin de mon contrat de stage, je n’ai pas, à ce jour, encore eu des réponses positives. J’ai passé un ou deux entretiens mais rien de bien concluant. Je préfère attendre que la situation s’améliore, même si cela prend du temps, plutôt que de me vendre aux enchères et d’accepter un petit job de survie. J’ai de la chance, mes parents m’ont accueilli chez eux, après cinq ans d’absence et ne me mettent pas la pression pour trouver un job alimentaire ». Des diplômés comme Marc, il y en a, mais peu et ceux-là se rendent compte de la chance qu’ils ont de pouvoir attendre le poste correspondant à leurs désirs. Marc en profite pour s’adonner à son sport favori, le basketball et pour donner des cours particuliers à des enfants en difficulté. « Un bon moyen pour garder le moral et être positif. Cela me permet de ne pas baisser les bras ».
En attendant la reprise, le chômage continue à faire des victimes parmi les jeunes diplômés…
Auteur : Carine Bogusz
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Sommaire de notre dossier sur la fonction Marketing, l’emploi et les RH liées à notre métier
Introduction iconoclaste : Les métiers du marketing, nourris aux paradoxes, Jean-Marie Blanc, Directeur Institut APEC du Conseil
Le recrutement côté employeur et cabinet conseil
- Recrutement en marketing : opérationnels recherchés ! Sandrine Rais, Consultante, cabinet Menway
- De la créativité nécessaire pour recruter en société de conseil, David Pinto, co-fondateur du Groupe Objectware
- Salaire : les Français, timides négociateurs ? Stéphanie Redon
Jeunes diplômés, comment “entrer” dans le marketing
- Bac + 5, le minimum ? Erwan Huault
- Marketeur, Bac + 5 et sans emploi ? Carine Bogusz
Réseaux sociaux, recrutement et ressources humaines
- Les réseaux sociaux : véritables tremplins pour l’emploi ? Cindy Bonnefous
- Les réseaux sociaux… ou comment trouver un job sur le net ! Sandra Dubuisson
- RH 2.0 : “Meetic” du recrutement ! Yasmina Bourbih
- Les réseaux sociaux : l’arme ultime des jeunes diplômés ?
Pierre Binet - Réseaux sociaux, nouveaux services publics de l’emploi ? Charlène Gelder
- Quand les entreprises du CAC 40 recrutent sur Twitter, Sara Hami
- Entreprises et réseaux sociaux, les liaisons dangereuses, Thomas Genet
- Comment utiliser Twitter pour proposer des offres d’emploi marketing ? Serge-Henri Saint-Michel
La formation professionnelle en marketing
- Aborder autrement la formation en marketing, une nécessité, Gilles Mercier, PDG d’Ecofac
- Enjeux et tendances de la formation continue en marketing, Carole Dumortier, Responsable de l’offre CSP Formation
- Serious game et formation, Gilles Mercier, PDG d’Ecofac
Exercice des métiers du marketing et parcours professionnels
- Du webmastering, à l’hyperspécialisation des fonctions webmarketing, Yves Weber, directeur associé de Brioude Internet
Community manager, la fonction pilier, Florian Pittion-Rossillon, Directeur associé Brandcasterz - Community Manager, une mobilité freinée par le manque d’offres d’emploi : à lire aussi sur Marketing-Professionnel.fr
- Un jour, je serai freelance !
- Emploi en PME ou grands groupes : David contre Goliath ? Damien Molès
- Le recul de l’âge de la retraite, nouveau défi des RH, Gladys Funk
Témoignages sur le marché et les métiers du marketing
- Témoignage marché de l’emploi et marketing : Monster
- Monoprix : “on recrute qui pour vous aujourd’hui ?” Tiana Rajaonarivelo
- Manutan livre deux services marketing (offre et clients)
- Témoignage métier : du marketing de l’offre à l’achat responsable, Thomas Colombié, Chef de marché Achat Responsable chez Manutan
Stress, dépendance au travail… et bien être des salariés
- Le bien-être des salariés : un enjeu pour les RH, Cinzia Ricciardi
- Management par la terreur : mythe ou réalité ? Aurélie Gaspard
- Comment gérer l’augmentation des comportements de dépendance au travail ? Annabelle Nogues
- Réduire le stress en entreprise par la formation, Dominique De Lecluse, Directrice pédagogique chez Pilotis, Coach et Formatrice
- Critique bibliographique de Cadres Noirs, de Pierre Lemaitre, chez Calmann-Lévy, par Sophie Lefèvre
Sommaire détaillé de notre dossier sur la fonction Marketing, l’emploi et les RH liées à notre métier
… avec retour sur la page sommaire du dossier de janvier 2010 :
- Le recrutement côté employeur et cabinet conseil
- Jeunes diplômés, comment “entrer” dans le marketing
- Réseaux sociaux, recrutement et ressources humaines
- La formation professionnelle en marketing
- Exercice des métiers du marketing et parcours professionnels
- Témoignages sur le marché et les métiers du marketing
- Stress, dépendance au travail… et bien être des salariés
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Xxxx
20 novembre 2020 à 14:31
Ba ce Marc il est bien gaté. Pas tout le monde à cette chance là.
Il veut pas faire de « petits boulots degradants » mais c’est bien ca qui fait grandir et c’est ce que les employeurs aiment. Les personnes qui se débrouillent.
J’espere pour lui qu’il ne finira pas tanguy a 30 ans♀️
Serge-Henri Saint-Michel
20 novembre 2020 à 18:18
Précisons que cet article a été écrit il y a 10 ans 😉