Trop, c’est trop ! De visites chez le docteur, d’assistanats, de médicaments remboursés par la sécurité sociale, et donc de déficit budgétaire national qui ne s’arrange pas. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils changer la donne ? Réduction des médicaments remboursés, vente de produits génériques, augmentation du prix de la visite médicale et… automédication. Un système somme toute assez banal, utilisé par la plupart des Français et dans lequel le gouvernement, les pharmaciens et les laboratoires trouvent un intérêt majeur.
Comme son nom l’indique, l’automédication permet aux patients de se soigner par eux même, en achetant des médicaments AMM, sigle signifiant : Autorisation de Mise en vente sur le Marché. Cette catégorie de médicaments est également connue sous le nom d’OTC (Over the Counter), plus précisément médicaments vendus derrière le comptoir. Un terme professionnel qui cache pourtant des médicaments connus de tous : Doliprane, Humex rhume et autres Efferalgan…
Se responsabiliser permet de réaliser des économies. Moins de dépenses « inutiles » donc plus d’argent pour les maladies graves, telle est la devise des pouvoirs publics. Afin de les aider, les assureurs complémentaires (MAAF, Crédit Mutuel etc.) multiplient les actions de promotions de comportements responsables en matière de santé. Il existe aussi des groupements de pharmaciens qui aident leurs homologues à participer à la libre distribution officinale. Pour cela, ils pratiquent des politiques de référencement, centralisent les achats, lancent des MDD… Pour les pharmaciens, l’automédication rime avec chiffre d’affaire, car ils dégagent une marge considérable.
Une bataille pour les industriels du secteur
L’automédication représente également un nouveau défi pour les industriels du secteur. Renouvellement de l’offre qui passe par de l’innovation produit, développement de l’information qui se traduit par une bonne communication sur le point de vente mais qui passe aussi par les médias. Les laboratoires doivent adopter une stratégie offensive sur ce secteur car la concurrence est rude et les freins à lever nombreux et difficiles. Ils doivent affronter la concurrence des médicaments semi-éthiques (remboursés par la Sécurité Sociale) et l’attachement à ces médicaments des consommateurs qui ne veulent pas payer plus, surtout que le prix des produits est parfois élevé. De plus, les laboratoires doivent dorloter les pharmaciens qui sont des prescripteurs incontournables pour l’automédication.
Loi du libre accès : une aubaine pour les marques
Aussi stratégique que les produits linéaires placés dans les grandes surfaces alimentaires, un décret a été publié au journal officiel du 1er juillet 2008, permettant un libre accès aux médicaments sans prescription aux consommateurs. Les laboratoires doivent cependant demander l’autorisation à l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) pour une inscription sur la « liste des médicaments officinales ». Une fois l’autorisation accordée, ils peuvent envahir les linéaires.
Alors, où se positionner ? Devant ou derrière le comptoir ? Quel va être le choix des pharmacies ? Les critères à prendre en compte : tendances du marché, prix des produits à forte variable pour booster le chiffre d’affaire, arrangements commerciaux entre laboratoires et pharmaciens ? Beaucoup de questions peuvent être posées mais peut-être que, tout simplement, les pharmaciens gagneraient à travailler avec des grandes surfaces alimentaires afin d’optimiser leurs points de vente.
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