Si cela sonne comme une incantation, l’idée n’est pas de pousser les marketers à devenir chauffeurs Uber le soir, à mener une double-vie, ou à constamment zapper entre diverses activités. Mais plutôt de les engager à une respiration créative en dehors de leur travail, de leur écosystème.
Le slasher exerce, ou plutôt cumule de multiples activités, métiers, d’où l’usage dans sa présentation de la barre oblique « / » l’équivalent du « et-ou » en français, pour séparer ses différentes missions. Le terme de slasher prend d’ailleurs racine dans l’ouvrage de la sociologue Marci Alboher, One Person/Multiple Careers. Il est aussi récemment mis en perspective dans l’économie collaborative par Monique Dagnaud (Le modèle californien).
Le digital est un accélérateur de ce phénomène par ce qu’il le rend aisé à mettre en œuvre, et aussi parce que le digital offre de nombreuses opportunités de contributions. La qualité des réseaux opérateurs, l’évolution de la technologie mobile et de ses devices, la richesse des applications professionnelles de communication et de collaboration… Et enfin nos nouveaux modes de consommation « mobiquitaires » : dans les transports, les tiers lieux, les salles d’attentes, facilitent ce type d’activités ; en bref une nouvelle gestion de notre capital temps chère à Jean Viard (Éloge de la mobilité).


Jean-Denis Garo, Directeur Marketing Europe du Sud Mitel
La pluriactivité n’est pas forcément un choix contraint, elle serait d’ailleurs bénéfique aux responsables marketing. Dans ce cas précis, la motivation ne doit pas être la recherche de revenu complémentaire, mais bien l’enrichissement personnel, voire l’acquisition de nouvelles compétences.
Sabrer la pensée unique
C’est surtout un moyen de se libérer d’une pensée unique, et aussi de se singulariser avec un profil original.
Alors pourquoi ne pas profiter d’activités extra-professionnelles, pour s’exercer à de nouvelles pratiques, tester, développer sa créativité, ses savoirs faire etc.
Concrètement pour un marketer, cela peut se traduire par écrire pour un blog, écrire des chroniques, des tribunes pour le presse, tester au travers d’un compte passion un nouveau média social (Instagram, Snapchat etc.), quitte à utiliser un pseudo. S’entraîner à la vidéo, la prise de vue photo, s’engager dans un club, une association pour confronter ses pratiques (le CMIT par exemple).
Pour la génération X, il est impératif de se former, de développer ses compétences professionnelles, ses soft skills, de maîtriser les nouveaux codes sociaux (les anciens aussi) car chaque nouvelle génération bouscule la précédente, toujours un peu plus vite.
Mais loin de chercher à développer des identités multiples, ou fractionnées, le marketer moderne doit se préparer à un travail qui, demande de plus en plus de spécialités, d’expertises, un mode de travail plus collaboratif aussi, ou peut-être même à la demande (marketing as a service), à une vie de plus en plus fractionnée.
Auteur : Jean-Denis Garo, Directeur Marketing Europe du Sud Mitel,Vice-président du CMIT (Club des directeurs Marketing de l’IT)
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Florine Niant
8 mars 2019 à 15:08
Ancienne directrice marketing, je suis devenue slasheuse par choix et c’est extrêmement épanouissant. Aujourd’hui, je suis formatrice en marketing / consultante / coach pro / bloggueuse, et j’apprends beaucoup plus qu’avant, notamment pour tout ce qui concerne le marketing digital !