A l’ère du digital, le cahier des charges traditionnel n’est plus adapté à l’exploitation rapide d’une bonne idée. Dans les grandes entreprises, entre l’idée et le lancement d’un projet, il peut s’écouler entre un à trois mois d’avant-projet et de cadrage. A l’échelle digitale, c’est une éternité !
Or, les directions informatiques contraignent, en général, les entités métiers à cet exercice fastidieux : pas de cahier des charges, pas de projet ! Elles continuent, en effet, à appliquer les anciennes méthodes de gestion de projet inadaptées à la rapidité et souplesse exigées par les projets digitaux.
De plus, une fois le cahier des charges rédigé, on en connaît les limites : les exigences implicites ne sont pas intégrées et suscitent des frustrations en mode projet, l’expérience utilisateur (User eXperience) est rarement abordée et surtout, l’attention portée aux détails conduit à perdre de vue le problème à résoudre.
Le digital a besoin d’un mode d’émergence rapide et efficace des projets ! La démarche “Design Sprint” répond à ce besoin car elle allie l’innovation et sa mise en œuvre rapide (une idée, c’est une maquette), la collaboration (une équipe pluridisciplinaire) et le respect d’un délai très court (une semaine).
Le Design Sprint
Le “Design Sprint” est inspiré du Design Thinking* et de l’approche agile. Il s’agit de concentrer sur une semaine les différentes phases du Design Thinking : inspiration, conceptualisation et réalisation.
Le meilleur moyen pour valider une idée, c’est de la matérialiser. Il s’agit donc de partir d’une idée et de produire une maquette ou un Proof Of Concept (POC) sous la forme d’un story-board (scénario) des écrans principaux de la solution et ce, en cinq jours seulement.
Pour y parvenir, un objectif précis à atteindre est fixé chaque jour :
- Jour 1 : Comprendre – Poser le problème à résoudre
- Jour 2 : Diverger -Trouver le maximum de solutions pour répondre au problème
- Jour 3 : Décider - Sélectionner une solution
- Jour 4 : Prototyper - Réaliser le POC de la solution
- Jour 5 : Tester - Valider la solution en la soumettant à des utilisateurs
Cette démarche a été créée par des équipes de designers dans les laboratoires de Google. Elle a été éprouvée dans des contextes variés (Chrome, Google Search). C’est notamment Jake Knapp qui est à l’origine de sa déclinaison officielle au sein de l’équipe de Google Ventures.
Le Design Sprint : réservé aux « geeks » ?
La démarche Design Sprint est rapide et efficace. La recette magique, c’est la contrainte de temps et l’attention de tous les instants, portée à l’utilisateur final ! En étant contrainte, l’équipe libère toute sa créativité.
Cependant, la démarche Design Sprint est bien adaptée pour tester une idée mais pas pour conceptualiser et tester le programme de refonte d’une centrale nucléaire ! Il faut donc l’utiliser à bon escient avec un objectif réaliste et atteignable sur une durée d’une semaine.
Pour finir, il ne faut pas penser que cette démarche est réservée uniquement aux start-ups ou aux « geeks ». Monter une équipe pluridisciplinaire sur une durée de cinq jours est tout à fait possible même au sein d’une grande entreprise et peut s’avérer rentable au regard du coût et moyens associés à la rédaction d’un cahier des charges plus classique.
Le Design Sprint peut paraître un peu fou mais dans le digital, il faut savoir être fou !
Auteur : Brice Kieffer, Consultant Expert chez SQLI Consulting
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* Le Design Thinking est une démarche née dans les années 1980 à Stanford (R. Faste), et popularisée par l’agence IDEO (T. Brown). Voir le livre de référence de Tim Brown : « L’Esprit design: Comment le design thinking change l’entreprise et la stratégie »
Sources :
- http://www.gv.com/sprint/
- https://developers.google.com/design-- sprint/
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Salma Khemiri
9 mars 2016 à 11:47
Le concept est très intéressant!
Lakhlifi
13 mars 2016 à 11:55
C’est intéressant. Cependant, Je trouve dommage que nous soyons toujours en retard par rapport aux anglo-saxon. Faire du brainstorming et du mind-mapping est très efficace. le Rex est plus que positif. Une semaine me paraît « Just » à condition d’être efficace et d’impliquer les bonnes personnes. Ce qui n’est toujours pas évident. A expérimenter.
pierre
20 mars 2016 à 7:52
Lakhlifi
Nous ne sommes pas en retard, je faisais du lean startup dans l’industrie dans les années 90 avant que l’économie digitale n’apparaisse 🙂 .A l’époque on appelait cela des ilots autonomes de production ( oui on faisait pas dans le virtuel ;)).
En fait tous ce que les MBA à la mode vous propose est issue de ce que l’on appelait à l’époque la gestion de la qualité, les normes ISO9001, l’analyse de la valeur, le lean de toyota des années 50 et le quality function deployement. Mal pratiqué cela donne un cahier des charges fermé, bien pratiqué on a une dynamique tourné vers l’utilisateur avec une relation client fournisseur tous le long de la supply chain.
Sur la durée elle non plus n’est pas fermée parce qu’elle s’intègre dans un cycle récurrent (il me semble Brice). On peut même réaliser plusieurs protos en deux jours. Le principe est d’échouer rapidement pour apprendre vite.
Sur le plusieurs protos, il me semble important pour éviter l’erreur du « je sais exactement ce que le client veut ou je fais exactement ce que le client demande », car en fait ce qu’il veut on s’en fout un peu, on intéressera plus au pourquoi il va utiliser, on dépasse le simple besoin pour aller chercher l’intention de l’usager
Mais de grâce, cessons de penser que nous sommes derrière, le vrai problème français réside dans son système éducatif qui transmet avant tout un espèce de cartésianisme stérile.
Serge-Henri Saint-Michel
20 mars 2016 à 15:13
@Pierre : je crois que le cartésianisme stérile de l’enseignement supérieur est derrière nous depuis longtemps 😉
liut
2 novembre 2016 à 10:26
Pour ceux qui veulent aller plus loin avec de la ressource et des cas d’études en Français, une communauté de Sprints Masters se structure > https://medium.com/a-road-to-design
Bonne lecture et au plaisir d’échanger !